L’Eglise en marche du pape François rejette la « rigidité »

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Dans ses vœux à la Curie le 21 décembre dernier, le pape François a consacré plusieurs minutes de son discours au rejet de la « rigidité », de « l’immobilisme de l’idéologie ». Les mots renvoient vers un registre trop connu d’allergie au dogme. Comment les concilier, en effet, avec le caractère immuable de la vérité ? Celle-ci n’est pas « en marche », elle est et ne change point. Il est vrai que l’homme ne la connaît pas dans sa totalité qui le dépasse infiniment, mais s’il progresse dans sa connaissance il ne fait que la découvrir telle qu’elle est, l’approfondir un tant soit peu, sans contradiction ni évolution.

 

Le pape François se focalise sur la marche en avant

Le pape, lui, a encouragé la Curie à se focaliser sur la « marche » :

« Ici également, dans le service à la Curie, il est important d’être toujours en marche, de ne pas cesser de chercher et d’approfondir la vérité en surmontant la tentation de rester immobile et de “tourner en rond” à l’intérieur de nos enclos et dans nos peurs. Les peurs, les rigidités, la répétition des schémas produisent de l’immobilité qui a l’avantage apparent de ne pas créer de problèmes – quieta non movere –, qui nous conduisent à tourner en rond dans nos labyrinthes, pénalisant le service que nous sommes appelés à offrir à l’Eglise et au monde entier. Restons vigilants contre l’immobilisme de l’idéologie qui, souvent sous la forme de bonnes intentions, nous sépare de la réalité et nous empêche de marcher. »

Ces mots sont à lire dans le contexte immédiat de la parution de Fiducia supplicans et sa contradiction non assumée, mais réelle, de l’enseignement immuable de l’Eglise. C’est en invoquant la « marche en avant » que celui-ci est attaqué…

En condamnant la « rigidité » et « l’immobilisme », c’est au fond le dogme qui est dénoncé.

 

Quand on rejette la « rigidité », on rejette fatalement le dogme

Le dogme, la bête noire des francs-maçons… La maçonnerie, avec son solve et coagula (tout déstructurer et rebâtir, en rejetant toute règle incontestable venue d’en-haut) prône la dialectique révolutionnaire, au service d’un devenir incessant qui, fondamentalement, s’oppose à la vérité qui est une et permanente.

Seule une telle approche maçonnique, hégélienne, permet de s’appuyer non sur le dogme mais sur les « signes des temps » qui sont précisément invoqués aujourd’hui, que ce soit à travers la « synodalité » qui écoute le peuple (ou les jeunes, ou les pauvres, ou l’histoire) pour en tirer l’enseignement changeant que nous enverrait « l’Esprit », ou des innovations radicales comme celle de Fiducia supplicans recommandant la bénédiction des « couples irréguliers ».

Enmaçonnons-nous gaiement, donc ? Comprenons plutôt que ce relativisme de la « marche en avant » manifeste à quel point ce type de déclaration est aux antipodes de l’essence de l’infaillibilité pontificale, garde-fou du dogme. Et laissons dire.

 

Jeanne Smits