Le buzz entretenu autour de l’affaire Bygmalion masque à point nommé le fait politique majeur des trente dernières années : un rejet massif de Bruxelles et des grands partis, le PS en France. Il permet à Papy Hollande de faire de la morale antifasciste pour tenter de sauver les meubles.
Sur le fond, l’affaire Bygmalion est loin d’être claire, mais l’utilisation qu’en fait le système, elle, est claire : pendant qu’on en parle, on ne parle pas des choses sérieuses. La manœuvre particulière de Papy Hollande est elle aussi cousue de fil blanc : devant la menace Front national nous devons tous être impeccables.
Une communication schizophrénique
Cette diversion est en même temps un petit pas supplémentaire dans la mise au pas des politiques et un petit coup de pied au concurrent UMP. On regrettera que Marine Le Pen, en contribuant au buzz, tombe dans le piège de ce rôle de père fouettard. Et l’on sourira que Papy Hollande ose condamner des faiblesses et des fautes, comme s’il avait déjà oublié ses nuits à scooter.
On est en pleine communication schizophrénique. A Bruxelles, Hollande ne parle pas de Bygmalion et se prévaut du « traumatisme » du Front national pour demander l’aide de l’Europe, trouvant une oreille assez attentive chez le « président » Van Rompuye.
A Paris, c’est autre chose. Roselyne Bachelot, a bien jugé, une fois n’est pas coutume, la communication de l’Elysée, tout à fait nulle : le pouvoir veut faire croire aux Français qu’il changera l’Europe, alors qu’elle a soutenu en Martin Schulz un homme qui en Allemagne participe à la grande coalition droite-gauche quand il combat le PPE à Bruxelles. Souffrant de la même duplicité, peut-être Papy Hollande rêve-t-il d’une grande coalition en France. Le drame est que l’UDI, le PS et l’UMP pèsent tous ensemble 44 % : qui voudrait s’embarquer sur le radeau de Papy Hollande ?