Des essais cliniques menés par la Mayo Clinic aux Etats-Unis ont permis de rendre un début de mobilité et des sensations à des patients paralysés grâce à des injections de cellules souches adultes cultivées à partir de leur propre graisse. La nouvelle thérapie expérimentale a été testée sur dix personnes souffrant de lésions à la moëlle épinière à la suite d’accidents de voiture ou de chutes, et a permis à sept d’entre eux de bénéficier d’une amélioration de leur état allant de 25 à 50 % selon les cas.
Cette réussite très encourageante pour les paralysés à la suite d’une lésion à la colonne vertébrale est triplement remarquable : en premier lieu, bien sûr, parce qu’elle apporte un espoir de guérison partielle dans une situation où, jusqu’à présent, on ne pouvait leur offrir que des soins de stabilisation et de soutien. Deuxièmement, elle montre que la recherche de l’« homme augmenté » – à la manière d’Elon Musk qui justifie la mise en réseau de l’homme et de l’ordinateur notamment pour venir en aide aux paraplégiques – n’est pas une solution incontournable : d’autres voies de recherche existent, conformes aux respect de ce qu’est l’homme. Enfin, il s’agit de la réussite d’une recherche sur des cellules souches dites « éthiques » : il n’a pas été nécessaire pour les obtenir de recourir à des cellules embryonnaires obtenues par la destruction d’un être humain au tout début de sa vie, et en outre l’utilisation de cellules souches adultes obtenues à partir du patient lui-même élimine tout risque de rejet immunitaire, risque tel que les recherches sur les cellules souches embryonnaires à des fins thérapeutiques ont toujours paru comme étant davantage liées à un choix idéologique qu’à un possible espoir de réussite.
Les cellules souches adultes, kit de réparation à l’intérieur du corps humain
On pourrait y ajouter l’émerveillement devant la beauté et la complexité de la création, où le Créateur a déposé dans le corps même des vivants des moyens de guérison qu’il échoit à l’homme de rechercher et de déployer…
Le traitement consiste à prélever de la graisse de l’abdomen ou de la cuisse et à en extraire les cellules souches mésenchymateuses, un type particulier de cellules souches capables de se concentrer sur les blessures et de favoriser le processus de réparation et de régénération. Une fois les cellules souches isolées de la graisse, elles sont cultivées en laboratoire pendant quatre semaines jusqu’à ce qu’elles se multiplient à environ 100 millions, puis elles sont injectées dans la colonne vertébrale, où elles migrent vers la zone endommagée.
Lors des premiers essais menés sur dix patients, sept d’entre eux ont fait état d’une augmentation des sensations dans leur corps et d’un renforcement de la force des muscles impliqués dans les mouvements. Deux d’entre eux, qui avaient subi des lésions complètes de la colonne thoracique – c’est-à-dire qu’ils n’avaient aucune sensation ni aucun mouvement en dessous de la lésion – ont retrouvé une certaine sensation et un certain contrôle des mouvements.
Des paralysés retrouvent une mobilité inespérée
Ainsi, le Californien Chris Barr, 57 ans, la première personne à recevoir le traitement après avoir endommagé sa colonne vertébrale lors d’un accident de surf en 2017, il déclaré à ABC News : « Je n’aurais jamais pu rêver d’un tel rétablissement. Je peux me nourrir seul. Je peux marcher, je peux faire des activités quotidiennes indépendantes. Je suis tout simplement enthousiasmé qu’il existe des gens pour prendre des mesures audacieuses pour essayer de faire de la recherche afin de guérir cette maladie. J’ai vécu une expérience folle, et ce n’est pas fini. »
Lors de son accident, il avait heurté l’eau avec une telle violence qu’il s’était brisé la nuque en huit endroits. Ayant appris qu’il était paralysé, il avait demandé à sa femme Debbie de débrancher son respirateur artificiel, mais dans les semaines qui suivirent l’accident, il avait commencé à retrouver un peu de sensibilité et à pouvoir remuer les orteils. Mais après six moins de rééducation, les progrès avaient cessé.
C’est alors que Barr s’est inscrit à la Mayo Clinic pour l’essai expérimental. Concluant. « J’avais une sensation, je sentais absolument quelque chose dans mes jambes », a-t-il déclaré. « Alors, en deux semaines, j’ai fait des tests de marche, des tests de force des mains, des tests de motricité des doigts. Chacun d’entre eux s’est amélioré de 25 à 50 %. Il s’est donc passé quelque chose. La première fois que j’ai commencé à marcher tout seul, c’était vraiment quelque chose ! » Quinze mois après l’injection de cellules souches, il continue de faire des progrès.
Les cellules souches modifient le pronostic des paralysés
Le neurochirurgien Mohamad Bydon, auteur principal de l’étude, a rappelé en présentant les résultats de cette thérapie innovante que « de nombreux manuels historiques affirment que cette affection ne s’améliore pas ». Mais « ces dernières années, la communauté médicale et scientifique a fait des découvertes qui remettent en cause ces hypothèses », note-t-il.
Aujourd’hui, les patients ayant subi des lésions à la colonne vertébrale peuvent être opérées de diverses façons, mais ils sont nombreux à rester sans mouvement en dessous du site de la blessure et ne montrent que peu d’amélioration au fil du temps. Dans l’étude, sur les six patients souffrant de lésions cervicales et les quatre de lésions dorsales, sept ont vu leur état s’améliorer d’un à deux niveaux sur une échelle de cinq allant de la perte totale de fonction au fonctionnement normal. Pour deux patients qui ont progressé d’un niveau, le traitement est intervenu 22 mois après l’événement à l’origine de leurs lésions, c’est-à-dire à la fin de la période où l’on peut espérer quelque amélioration grâce à la rééducation.
Le Dr Bydon a précisé : « Dans le cas d’une lésion de la moelle épinière, même une légère amélioration peut faire une différence significative dans la qualité de vie du patient. (…) La lésion de la moelle épinière est une affection complexe. Les recherches futures pourraient montrer si les cellules souches, en combinaison avec d’autres thérapies, pourraient faire partie d’un nouveau paradigme de traitement afin d’améliorer les résultats pour les patients. Cette étude démontre la sécurité et les avantages potentiels des cellules souches et de la médecine régénérative. »
Comprendre le pouvoir thérapeutique des cellules souches
L’équipe cherche désormais à comprendre pourquoi l’injection de cellules souches a de tels résultats, qui restent mystérieux. Pourquoi, par exemple, les cellules souches affluent-elles vers les zones d’inflammation.
Les patients ont subi des ponctions lombaires pour recueillir des échantillons de liquide céphalo-rachidien avant et après l’injection, ce qui a permis de constater chez sept patients une augmentation du niveau d’une protéine appelée facteur de croissance de l’endothélium vasculaire. Cette protéine favorise la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins et fait partie du mécanisme qui rétablit l’approvisionnement en sang des cellules et des tissus.