Au Parlement européen, c’est comme à la Samaritaine, on trouve tout. Et notamment une célébration de Diwali, la grande fête des lumières qui symbolise pour les Hindous la victoire du bien sur le mal et qu’a organisée en octobre dans les locaux bruxellois du parlement le forum hindou d’Europe, non sans inviter, dans un souci de dialogue inter-religieux, des délégués de diverses religions, parmi lesquels le représentant de l’Eglise de Scientologie pour l’Europe, Ivan Arjona. Considérée comme une secte par de nombreux pays et condamnée plusieurs fois par divers tribunaux, la Scientologie est promue par les Institutions européennes, en tant que voie vers une spiritualité syncrétique.

Scientologie : détestable réputation, grosse puissance

Tout commence aux Etats-Unis au début des années cinquante où un auteur de science-fiction, Ron Hubard, invente un truc qui mélange les apparences d’une philosophie, d’une religion, d’une psychologie, avec un bon peu de prétention à la science et un non moins visible appétit pécuniaire : il rédige un traité de « Dianétique », qui mélange tout cela et fonde l’Eglise de Scientologie. Il en tirera gloire et profit avant de démissionner de ses fonctions. Poursuivie par une flopée d’enquêtes dans de nombreux pays, dont la France, la Scientologie sera mise sur la liste des sectes et condamnée pour escroquerie, mais n’en fera pas moins de nombreux adeptes, dont quelques célébrités, dont la plus connue est l’acteur américain Tom Cruise. La scientologie a en commun avec la fête hindoue de Diwali et les maçons influents du Parlement une symbolique de la victoire des lumières sur les ténèbres et de la connaissance sur l’ignorance : telle était la raison du raout organisé à Bruxelles.

Le parlement européen est une vraie cour des miracles

On y trouvait notamment des hindous de haut rang venus d’Espagne, le vice-président du forum hindou Juan Carlos Ramchandani, le conseiller spirituel spécial Sami Rameshwaranda Giri, de la Fondation Phi (qui organise la Universidad de la consciencia, centrée sur les « valores universales »). On le voit, la limite du canular n’est jamais loin, on est plus proche de Pierre Dac et Francis Blanche que du Carmel. On est également proche d’une promotion personnelle de quidam par une pratique paramaçonnique, comme le montrent les titres dont se pare le représentant européen de la Scientologie, Ivan Arjona, dans son CV : « directeur général de l’Office européen de l’Eglise de scientologie pour les affaires publiques et les droits de l’homme, membre de l’académie européenne de religion, de l’association pour les droits humains et la tolérance, de la commission citoyenne des droits humains, de l’association de l’Unesco pour le dialogue inter-religieux, du forum européen interreligieux pour la liberté religieuse », etc. Cet aimable jeune homme se réfère pour justifier son action à un article d’un sociologue britannique relevant des similitudes entre Hindouisme et Scientologie.

Des Hindous, des Lumières, Zemmour et des sans-grade

Le tout sonne comme un pot-pourri de grands mots vides et d’arrivisme, à la limite permanente de l’exploitation d’abus de faiblesse, et en même temps de répétition quasi mantrique de mots d’ordre syncrétistes, en faveur de la « tolérance » et des « lumières » dans le goût maçon. Tous ces braves gens sont bien entendu invités par le parlement européen, dont deux membres ont assisté aux festivités. D’un côté Maxette Pirbakas, députée européenne élue de la Guadeloupe sur la liste du Rassemblement national en 2019 et passée depuis à Reconquête. Cette jeune femme se présente comme agricultrice et d’origine indienne. De l’autre Morten Lokkegaard, élu en 2009, non réélu en 2014 mais ayant siégé à partir de 2016 quand même grâce à la démission de sa colistière Ulla Tornaes, réélu en 2019, toujours au centre, bref, une sorte de petit professionnel permanent du Parlement Européen. La révolution spirituelle passe par ce type de sans-grade qui doivent croûter.

Pauline Mille