Le candidat socialiste aux élections générales espagnoles du 20 décembre prochain, Pedro Sánchez, entend faire ôter toute référence à l’Eglise catholique dans la Constitution espagnole par un vote des Cortes. Le leader du PSOE a indiqué au journal El País qu’il veut prendre modèle sur la laïcité à la française : « Sans aller contre quiconque, ni offenser quiconque, et en assurant des garanties au fait religieux, nous allons avancer, si j’ai l’honneur de présider le gouvernement, vers des institutions laïques et je pense, par exemple, à la République française », a-t-il déclaré.
Pour ce qui est du respect des croyants et du fait religieux, les paroles de Pedro Sánchez sont tout sauf rassurantes. La République française s’est construite sur la Terreur antichrétienne et ses grandes lignes et ses grandes lois trahissent, surtout aujourd’hui, la haine de Dieu. L’Espagne s’y connaît, elle aussi : il suffit de se rappeler l’épisode encore proche, historiquement, de la Guerre civile. Et ses milliers de victimes religieuses…
Le parti socialiste espagnol s’inscrit dans la tradition de 1936
L’Espagne, plus profondément plongée dans la crise encore que de nombreux pays européens, a-t-elle donc besoin de ça ? Rome brûle, le peuple espagnol s’éteint à petit feu, ses jeunes ne trouvent pas de travail, la société se déconstruit et la gauche espagnole joue l’air de la laïcité, comme si c’était la première urgence.
Mais pour les socialistes – comme d’ailleurs pour Podemos à sa gauche – cette posture laïque est en effet une priorité. Il faut tuer Dieu, le faire disparaître de la vie publique. Tant pis si c’est le meilleur moyen pour l’installer davantage, cette crise qui est d’abord celle de l’esprit et des mœurs. A l’heure où le ressentiment envers les gouvernements en place favorise fortement l’« alternance », l’arrivée au pouvoir de telles idéologies est probable. Et il ne faut pas en sous-estimer le sens.
La référence à l’Eglise catholique, telle qu’elle figure aujourd’hui dans la Constitution espagnole, reste des plus discrètes. Son article 16 stipule : « Aucune confession n’aura un caractère étatique. Les pouvoirs publics tiendront compte des croyances religieuses de la société espagnole et maintiendront les relations qui en découlent avec l’Eglise catholique et les autres confessions. »
Le PSOE veut imposer une laïcité républicaine à la française
Le plan Sánchez, ourdi par une équipe de constitutionnalistes déjà au travail, n’entend pas toucher à la « liberté de religion » tant qu’elle ne porte pas atteinte à « l’ordre public », comme le dit la Constitution, mais en revanche il prévoit de dénoncer les accords en cours avec le Saint-Siège. Et c’est lourd de conséquences. Ces accords, qui remontent à 1979, ont une incidence sur l’enseignement, sur l’assistance religieuse et les aumôneries notamment au sein des Forces armées, et des répercussions économiques. On pense aux régimes fiscaux qui privilégient l’Eglise catholique en Espagne – cette Eglise qui assure une bonne part de l’assistance sociale et de l’entretien du patrimoine.
Il s’agit clairement de renier la culture, la tradition et les sentiments majoritaires des Espagnols : toutes choses qui avaient été explicitement invoquées pour justifier la référence à l’Eglise catholique dans la Constitution espagnole malgré la volonté de rupture par rapport à la période franquiste.
Oter toute référence à l’Eglise catholique de la Constitution espagnole
Parmi les propositions faites par le candidat socialiste et son équipe, on note la volonté de « transformer les lieux de culte des centres publics d’internement comme les centres pénitentiaires et les hôpitaux en lieux de prières multiconfessionnels ». L’idée va, bien sûr, dans le sens du syncrétisme religieux. Et en même temps, cela priverait les prisonniers et les malades hospitalisés de l’accès à un lieu de culte et du libre exercice de leur religion.
Notez que les musulmans n’y verraient probablement pas d’inconvénient.