Emmanuel Macron a enfin commenté l’accord commercial léonin signé en Ecosse par Donald Trump et la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen, qui accorde tout aux Etats-Unis sans contrepartie. Le Premier ministre François Bayrou y voyait un acte de « soumission », le président de la République remonte jusqu’aux raisons de cette soumission : « L’Europe ne se vit pas encore suffisamment comme une puissance. Pour être libres, il faut être craints. Nous n’avons pas été assez craints. » Bien vu. Emmanuel Macron ferait un excellent chroniqueur façon Zemmour, mais on attend autre chose d’un chef d’Etat : qu’il préserve l’Etat dont il a la charge, et qu’il soit un chef défenseur des intérêts de la Nation qu’il représente. Macron se veut et se « vit », pour reprendre son vocabulaire, en européiste et mondialiste enthousiaste. C’est un mauvais choix, mais il garde une vertu théorique : utiliser la taille d’un continent pour faire pièce, dans le système qui doit assurer la gouvernance mondiale, aux autres sous-ensembles. Autrement dit, former une puissance « régionale » pour tenir tête aux autres puissances dans un vaste équilibre. Or, tout montre, au bout de soixante ans d’expérience, que l’attelage européen à vocation fédérale a perdu en puissance relative face aux autres puissances : tout, démographie, économie, Défense, culture, etc. L’Union fait la force, répétaient les ancêtres européistes de Macron, en citant la devise que nos amis Belges ont en commun avec la Bolivie, la Bulgarie, l’a Géorgie, la Malaisie, l’Angola et l’Andorre. Oui. Et la désunion fait la faiblesse. Les Etats-Unis l’ont toujours su, qui n’ont pas hésité à mener une guerre fratricide et ruiner le sud pour imposer l’unité de commandement à Washington. C’est aussi pourquoi, à l’inverse, ils ont soutenu depuis le début l’Union européenne et son élargissement : s’il y avait une toute petite chance qu’elle fût viable à six, ce n’est plus le cas à 27 ou à 30. En s’assurant que toutes ces nations vivraient ensemble, mal, les Etats-Unis ont organisé et planifié la débilité de l’ensemble et sa servilité conséquente. L’Union européenne se « vit » comme une impuissance par ce qu’elle en est une et qu’elle a été conçue pour cela par ses concurrents et ennemis.