Une enquête menée par le quotidien brabançon Eindhovens Dagblad, dans le sud des Pays-Bas, démontre que l’accueil d’urgence de « réfugiés » dans les communes néerlandaises leur coûtera des dizaines de milliers d’euros qui ne leur seront pas remboursés. Les journalistes se sont intéressés aux petites communes entourant la capitale régionale, Eindhoven, qui sont chargées d’héberger les nouveaux arrivants et qui voient leurs dépenses exploser. Le même scénario se joue dans de multiples communes des Pays-Bas et il n’est pas téméraire d’extrapoler les résultats de l’enquête au reste du pays…
La commune de Nuenen – célèbre dans le Brabant septentrional pour avoir abrité Van Gogh de 1883 à 1885 – voit aujourd’hui arriver une population très différente. Au moment où l’Eindhovens Dagblad publiait son enquête, pas moins de 200 demandeurs d’asile étaient temporairement accueillis dans une salle de sport.
Le coût de l’accueil d’urgence des réfugiés se chiffre en dizaines de milliers d’euros pour quelques jours dans les communes néerlandaises
Normalement, la commune perçoit de l’Etat une contribution de 40 euros par personne et par jour pour un séjour de 72 heures en principe, renouvelables une fois. L’association des communes des Pays-Bas estime le coût réel de l’accueil d’urgence à 100 euros par personne et par jour en moyenne. Ce sont des dépenses supplémentaires que pour l’instant, les maires font figurer à la rubrique « frais imprévus » de leur budget.
C’est ce qu’a fait la commune de Best la semaine dernière après avoir accueilli pendant trois jours 197 « réfugiés »… et constaté le coût réel de l’opération.
L’association des communes a saisi le ministère de l’Intérieur des Pays-Bas pour obtenir des éclaircissements sur les frais qui seront pris en charge au niveau national. Si les municipalités n’obtiennent rien, c’est en dizaines de milliers d’euros que se chiffrera l’addition pour chacune d’entre elles.
Aux Pays-Bas, les communes rechignent à assurer l’accueil d’urgence des demandeurs d’asile
Mais quelle que soit l’issue de ce conflit qui entraîne déjà une certaine réticence à accueillir les demandeurs d’asile, transférés, pour certains, d’accueil de crise en accueil de crise avant de retrouver un lieu durable, ce sont les contribuables néerlandais qui paieront. Quant aux lieux durables, il s’agit notamment de villages de vacances et autres structures qui vont eux aussi se trouver face à la question du financement.
La commune de Nuenen a accueilli des Syriens et des Erythréens ; deux tiers d’entre eux avaient déjà séjourné dans d’autres hébergements de crise aux Pays-Bas avant de rejoindre le village brabançon, les autres sont venus directement des centres de première demande d’asile. Le groupe est « agréable », assurent les autorités locales : « C’est un groupe très mélangé. Des célibataires, mais aussi bon nombre de familles. »
Si les autorités régionales sont confiants de voir le Brabant septentrional répondre aux demandes d’accueil, il n’est pas sûr que les autorités locales veuillent suivre. Et les populations locales ? Elles sont en première ligne face à ce qu’elles n’ont même pas le droit de qualifier d’agression.