Au petit matin du 7 décembre 1941, le Japon attaqua par surprise la flotte américaine du Pacifique mouillée à Pearl Harbor, occasionnant la perte directe de 18 vaisseaux, 188 avions et tuant plus de 2.000 soldats, bilan d’autant plus lourd que personne à Hawaï ne s’y attendait. Il en allait tout autrement à Washington. En effet, des recherches approfondies ont révélé la volonté délibérée de la Maison Blanche de ne pas informer le haut commandement de la base aéronavale de Pearl Harbor, dans l’espoir qu’une attaque dite « surprise » puisse servir de prétexte aux Etats-Unis pour entrer en guerre. Franklin D. Roosevelt encourt ainsi l’accusation d’avoir sacrifié ses concitoyens à cette fin.
Trouver un moyen d’entrer en guerre malgré l’opposition
Le désir de Roosevelt de voir son pays entrer en guerre était contrarié par l’opinion publique qui, selon un sondage Gallup d’avant-guerre, s’opposait à 88 % à l’implication américaine dans le conflit européen. Cela ne l’a pas empêché de mener très tôt, dès 1940, des tractations très confidentielles avec les Britanniques, assurant Winston Churchill de son parfait engagement à le soutenir. Si l’officier de renseignement Tyler Kent en poste à l’Ambassade des Etats-Unis de Londres avait pu dévoiler la correspondance secrète entre les deux hommes avant d’être mis sous les verrous jusqu’à la fin de la guerre alors qu’il s’apprêtait à sortir les documents compromettants, il est certain que le locataire de la Maison Blanche aurait été frappé d’impeachment par les tenants de l’isolationnisme.
Les Allemands ne répondant pas aux multiples provocations des Etats-Unis dès le début du conflit – gel des avoirs, aide militaire à la Grande-Bretagne, etc. – Roosevelt porta son attention sur le Japon qui avait signé un pacte tripartite avec l’Allemagne et l’Italie. Ce pacte garantissait de fait l’entrée en guerre de l’Amérique dans le conflit Européen en cas d’agression du Pays du Soleil Levant. L’idée était d’amener le Japon à commettre le premier faux pas légitimant l’entrée en guerre. Le memorandum du capitaine McCollum, chef du renseignement naval d’Extrême-Orient, présentant huit actions qui aboutiraient à l’agression des Etats-Unis par le Japon, constitua la base de travail du président.
Pearl Harbor, l’appât idéal
Malgré les traditionnels actes de provocation allant jusqu’à l’ultimatum exigeant le retrait des troupes d’occupation japonaises de la Chine et de l’Indochine, Franklin D. Roosevelt décida que la flotte du Pacifique servirait finalement d’appât. Son commandant en chef, l’amiral Richardson, s’y opposa, mais la présidence avait statué. Il fut relevé de ses fonctions et remplacé par l’amiral Kimmel qui crut pouvoir faire confiance à F. D. Roosevelt. Toutefois, ni lui, ni le Général Short de l’armée de terre stationnée à Hawaï, ne reçurent jamais d’informations des services de renseignement concernant la préparation d’une attaque japonaise sur Pearl Harbor dont Washington n’ignorait pourtant rien.
En effet, la méthode de chiffrement japonais connue sous le nom de « code pourpre » avait été décodée par les Américains dès 1940. F. D. Roosevelt et le haut commandement des armées avaient donc accès à toute la correspondance de la diplomatie japonaise. Les chefs d’armée de Hawaï en furent délibérément tenus à l’écart.
Or, les échanges diplomatiques japonais décodés auraient été d’une grande utilité pour Kimmel et Short, ne serait-ce que pour relever l’activité de surveillance et de quadrillage de la zone par le consulat japonais. Le menace d’une attaque imminente était parfaitement claire et connue eu égard aux messages interceptés entre le 5 novembre et le 2 décembre 1941 par lesquels toutes les représentations diplomatiques japonaises hors les pays de l’Axe avaient reçu l’ordre de détruire toute leur correspondance secrète, laissant augurer un échec des pourparlers nippo-américains en cours. Le président des Etats-Unis n’ignorait pas que le Japon avait déjà procédé à des attaques surprises à la suite de la rupture subite de relations diplomatiques, à trois reprises depuis 1894. Et notamment lors du bombardement de Port Arthur lors du conflit nippo-russe en 1904.
Franklin D. Roosevelt, parfaitement informé d’une attaque imminente sur Pearl Harbor
Les services de renseignement de la Marine avaient par ailleurs intercepté nombre de communications, dont celle de l’amiral Yamamoto, désignant Pearl Harbor comme cible, ce que confirmait par ailleurs une carte détaillée de l’attaque prévue émanant des Services de renseignement militaire de l’Armée impériale et arrivée dans les mains du Sénateur Martin Dies à qui Roosevelt, par l’intermédiaire du Secrétaire d’Etat Cordell Hull, enjoignit de ne pas révéler l’existence au prétexte du « secret défense ».
Des informations concordantes de sources aussi diverses qu’un agent double, Dusko Popov, les services de renseignement coréens ou encore l’armée néerlandaise stationnée à Java ont révélé l’imminence d’une attaque visant précisément le mouillage de la flotte américaine du Pacifique. Roosevelt a considéré qu’il était « essentiel pour la défense nationale » de ne pas les faire connaître au public. En outre, il n’a pris aucune des mesures qui s’imposaient, pas même celle d’en avertir l’amiral Kimmel et le général Short stationnés à Hawaï.
Roosevelt organise le sacrifice de ses concitoyens
Washington a même délibérément maximisé l’effet de l’attaque « surprise » des Japonais en interdisant à la flotte du Pacifique de prendre la mer, comme cela est souvent observé en cas de tensions diplomatiques très fortes. En outre, les navires circulant dans le Pacifique Nord ont reçu l’ordre de dévier leur route afin de ne pas croiser la flotte japonaise en approche. L’indigence des escadrilles de reconnaissance aérienne basées à Hawaï, avec un appareil sur deux ne pouvant prendre l’air, rendit impossible la surveillance à 360° des côtes hawaïennes. Pire encore, les forces en présence à Pearl Harbor reçurent l’ordre de parer toute tentative de sabotage et d’espionnage, ce qui se traduisit, entre autres, par le regroupement des équipements militaires, tels les avions, offrant des cibles encore plus faciles à détruire pour les Japonais.
Dans la foulée du dernier message crypté de Tokyo à son ambassade à Washington annonçant l’imminence de l’attaque, message rapidement déchiffré dans sa quasi totalité par les services de renseignement américains à la veille du 7 décembre, Franklin D. Roosevelt convoqua le chef de l’état-major, le général Marshall et le chef des opérations navales, l’amiral Stark à une réunion au plus haut sommet de l’Etat, ne laissant aucun doute sur la gravité de la situation. La dernière portion du message de Tokyo spécifiait une heure de remise du message aux autorités américaines : 13 h 00. Ce qui correspondait aux premières heures de l’aube le matin du 7 décembre. L’amiral Stark n’avertit pourtant pas son homologue d’Hawaï, l’amiral Kimmel. Des années plus tard, il déclarera devant la presse qu’il était en accord avec sa conscience sur la question de Pearl Harbor, dans la mesure où toutes ses actions avaient été dictées par une « autorité supérieure ». Or, la seule autorité supérieure au-dessus du chef de l’Etat Major était Roosevelt.
La Commission Roberts réunie pour mener l’enquête sur l’attaque japonaise de Pearl Harbor se composait de relations de Franklin D. Roosevelt et du général Marshall. De sorte que Washington a été complètement blanchi et que Kimmel et Short ont été accusés d’avoir manqué à leur devoir. Nombreux sont ceux qui, encore à ce jour, les croient responsables de la tragédie de Pearl Harbor, alors que F. D. Roosevelt a pleinement consenti à cette politique machiavélique pour satisfaire son désir de faire entrer les Etats-Unis en guerre.