La Pendule de l’Apocalyse avancée à minuit moins trois

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L’horloge de la fin du monde qu’on appelle encore horloge de l’Apocalypse, « Doomsday Clock », a vu sa grande aiguille avancer de deux minutes, ont annoncé jeudi les scientifiques internationaux. Il est donc, à son cadran, minuit moins trois minutes. La dernière fois qu’elle fut à la même heure remonte à 1984, lors de la nouvelle course aux armements due à la politique de Ronald Reagan. Elle atteint une seule fois le seuil fatidique de 23h58 : en 1953, lorsque l’URSS et les États-Unis testaient leurs engins thermonucléaires.
 

Minuit moins trois à la pendule

 
L’horloge a été créée en 1947, peu de temps après le début de la guerre froide, par une association de scientifiques atomistes pour symboliser l’imminence d’un cataclysme nucléaire. Une horloge conceptuelle, donc, régulièrement mise à jour, dont l’aiguille oscille au gré des conjonctures du temps – ou des conjectures des hommes ?– du côté gauche du seuil fatidique, minuit, qui représente tout simplement la fin du monde.
 
Que craint aujourd’hui cette association qui compte dix-huit anciens Nobels… ? Son Bulletin juge « très élevée la probabilité de catastrophe » si l’on n’agit pas vite contre le changement climatique et la course aux armes nucléaires. « Aujourd’hui, le réchauffement climatique incontrôlé et une course aux armes nucléaires résultant de la modernisation des énormes arsenaux existant représentent des menaces extraordinaires et indéniables à la survie de l’humanité », a estimé Kennette Benedict en annonçant cette décision lors d’une présentation à Washington. « Les dirigeants mondiaux n’ont pas agi avec la promptitude et l’ampleur requise pour protéger les citoyens ».
 
Le rythme de réduction des arsenaux nucléaires s’est trop fortement ralenti selon eux : Sharon Squassoni souligne que de 2009 à 2013, l’administration du président Barack Obama n’a éliminé que 309 têtes nucléaires. D’autre part, aucune solution durable n’a encore été trouvée au problème du stockage des déchets nucléaires des centrales – ils n’ont pas été jusqu’à parler d’éliminer ces mêmes centrales…
 

Une Apocalypse décidée par l’homme

 
Mais c’est le climat sur lequel ils insistent. L’absence d’action ces dernières années face à la forte opposition politique a empiré la situation, déplore un des membres du bureau. « Les gaz à effet de serre dans le monde se sont accru de 50% depuis 1990 et ces émissions ont augmenté plus rapidement depuis 2000 que durant les trois décennies précédentes combinées ». Le climat terrestre en sera bouleversé d’ici la fin du siècle… et « affectera des millions de personnes et menacera un grand nombre d’écosystèmes dont dépend la civilisation humaine ».
 
Le discours est entendu. Le spectre de la guerre nucléaire – à qui on donne encore un peu de voix – a fait place à celui des scénarios-catastrophes naturels, causés à l’origine par les hommes. Du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) au Forum économique mondial de Davos (et ses 1.700 jets privés !) qui a lieu en ce moment-même, l’histoire est la même : jouer sur la peur des populations de toutes les nations. C’est une arme de persuasion magistrale pour renforcer la gouvernance totale.