L’Arabie saoudite et OPEP traversent une crise qui pourrait leur être fatale, gravement menacées par la révolution du pétrole de schiste que connaissent les États-Unis : alors que le prix du pétrole ne cesse de baisser, la production américaine menace de déferler sur le marché.
Le pétrole de schiste pourrait déstabiliser l’Arabie saoudite
Si les prévisions du marché pétrolier sont correctes, l’Arabie saoudite devrait commencer à avoir de sérieux problèmes dans deux ans, et le royaume pourrait traverser une crise grave pendant la prochaine décennie.
Le prix forfaitaire du pétrole brut américain livré en décembre 2020 est actuellement de 62,05 dollars. Ce prix engendre un changement drastique dans le paysage économique du Moyen-Orient et menace logiquement l’économie des États pétroliers de la région.
L’Arabie saoudite menacée par la concurrence sur le pétrole, qui représente 90 % de ses revenus
L’Arabie saoudite a joué gros en novembre dernier, lorsqu’elle a décidé d’arrêter de soutenir les prix et qu’elle a préféré inonder le marché, haussant sa production à 10,6 millions de barils par jour. L’opération était risquée et Bank of America affirme que l’OPEP est désormais « dissoute ».
Si le but était d’étrangler l’industrie américaine du pétrole de schiste, les Saoudiens ont mal jugé la situation une fois de plus. « L’impact principal a été de réduire le forage de nouveaux puits de pétrole plutôt que de ralentir la production des puits déjà existants » affirme la Banque centrale saoudienne dans son dernier rapport.
Le problème majeur des Saoudiens vient du faible coût des moyens d’exploitation du pétrole de schiste. Les prix devraient encore chuter de 45 % cette année en raison d’avancées technologiques.
Contrairement à ce que répètent les écologistes, l’épuisement du pétrole est loin d’être imminent
L’OPEP est donc menacée en permanence : à chaque remontée de prix, elle se retrouve face à la concurrence des producteurs américains. Cette situation fragilise en particulier l’Arabie saoudite, dont les budgets sont financés à 90 % par le pétrole. La pétromonarchie n’a aucune alternative industrielle.
L’Arabie saoudite n’est plus le fournisseur officiel de la planète : les ressources pétrolières exploitables se multiplient partout dans le monde. Cette situation de surproduction, qui pèse aujourd’hui sur l’Arabie saoudite, anéantit l’argumentaire écologiste sur l’épuisement imminent des ressources pétrolières. Depuis des années, les écologistes brandissent la menace de la fin du pétrole sans en apporter la moindre preuve tangible. L’Arabie saoudite fait aujourd’hui face au problème inverse : loin de se raréfier, le pétrole est aujourd’hui surabondant.
Cette situation pourrait par ailleurs changer le visage du monde sunnite, aujourd’hui soutenu par l’argent saoudien partout dans le monde. En définitive, l’industrie pétrolière américaine semble être plus résistante que l’édifice politique bancal de l’OPEP, au grand dam de l’Arabie saoudite.