Le billet Philippot sur la tombe de Mitterrand : le coming out d’un vampire

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La politique funèbre a toujours été importante en France. Pour un rayon de soleil dans l’œil qui le faisait grimacer et qu’immortalisa un photographe, Raymond Poincaré fut surnommé « l’homme qui rit dans les cimetières ». Emmanuel Macron a caracolé depuis vendredi dans toutes les obsèques disponibles, aux Invalides, à la Madeleine, multipliant sourires, signes de main et vibratos compassionnels dans l’intention de capter les voix des fans des deux défunts. Il n’était pas le seul. Tout le système cherchait à se tailler un petit bout de Johnny ou de Jean d’Ormesson, y compris Marine Le Pen qui a été mise au coin par l’implacable veuve Laeticia. Il n’y eut qu’une seule exception, Florian Philippot : lui est allé se recueillir sur la tombe de François Mitterrand.
 

Un vampire sur la mauvaise tombe

 
C’est le coming out d’un vampire : comme les autres, Philippot aspire, par ses poses funéraires, à célébrer les morts pour se nourrir de leur réputation. Avec ses yeux bordés de noir comme une icône carpatique, il a d’ailleurs la tête d’un vampire, un vampire gras et efféminé peut-être, mais un vampire tout de même, or, Montherlant le notait, quand on a le physique de l’emploi, on en a l’âme, souvent.
 
On peut cependant s’étonner que Philippot, qui a fondé un club des patriotes, qui a fait de la sortie de l’euro la pierre de touche d’une politique authentiquement nationale et qui s’est séparé du Front national sous ce prétexte, qui se proclame néo-gaulliste à tout bout de champ, ait choisi de s’incliner devant la tombe de François Mitterrand.
 

Philippot célèbre Mitterrand l’atlantiste européiste

 
François Mitterrand, antigaulliste de toujours, atlantiste revendiqué, européiste forcené, a mis tout son espoir dans la construction de Bruxelles que Philippot poursuit de sa haine. Il a hâté autant qu’il lui était possible la marche vers le fédéralisme, jetant, on s’en souvient, sa prostate dans la balance du referendum de Maastricht en 1992. Puis, tout en prononçant ici et là de fières paroles, il a suivi les Américains dans la guerre du Golfe. Certains pourront l’en approuver, mais pas un Philippot, tel qu’il se déclare et se définit. Le vampire suce ici un sang incompatible avec le sien.
 
Alors on voit bien ce que Philippot, tout à sa recherche de posture de communication, comme Macron, veut que le peuple pense : qu’il entend honorer la fonction présidentielle, qu’elle soit tenue par un homme de gauche ou par un homme de droite, et qu’il marche lui-même dans les pas de François Mitterrand, grand président. Mais il ne suffit pas de parler proprement le français et de l’écrire avec de pompe pour être un grand président.
 

Philippot fait son coming out altermondialiste

 
Mitterrand a ruiné la France, l’a rendue dépendante, l’a mise à la remorque de l’Union européenne et des Etats-Unis, il l’a fait entrer dans une spirale de révolutions sociétales infernales, il l’a ouverte à l’invasion du tiers monde. En dépit de ses gestes, tels furent ses actes. En l’honorant Philippot fait son coming out : c’est juste un homme de gauche malheureux que l’Etat jacobin soit devenu si faible. De là d’ailleurs sont envie revendiquée de « travailler avec » Mélenchon. Mélenchon, le monsieur Loyal de la France plurielle, pluriculturelle, pluri-religieuse, l’homme de la laïcité de combat. A eux deux, ils pratiqueraient volontiers une sorte d’altermondialisme chauvin et revêche. Les grandes gueules d’une souveraineté abstraite, les pitbulls de la république. Les souverainistes d’une France arabo-africaine, avec la retraite à soixante ans, les trente-cinq heures, et une grève tous les jeudis contre le grand capital. Rien de national là-dedans.
 

Pauline Mille