Le Sunday Times a révélé des fuites concernant des câbles entre diplomates britanniques et ministres favorables à une libéralisation du régime des visas accordés aux Turcs, plan devant rester secret jusqu’au référendum sur le Brexit du 23 juin. Ces documents suggèrent également que les autorités de l’UE gardent caché le projet d’ouverture des portes de l’Europe à 1,5 millions de Turcs avant le référendum britannique.
Libéralisation du régime des visas pour les Turcs
Dans une communication au Foreign and Commonwealth Office, le 5 mai, Janet Douglas, chef adjointe de la mission en Turquie, a écrit : « Si la libéralisation des visas est accordée, nous devrons développer notre propre politique d’exonération des visas en faveur des Turcs » pour faire un « geste symbolique et significatif envers la Turquie. »
Mme Douglas poursuivait que, sans accord de l’UE sur les visas, « Un Erdogan impétueux et agacé, enclin à combattre quand il se sent trahi, pourrait mettre à exécution sa menace d’ouvrir les vannes de l’immigration vers l’Europe. »
Des concessions britanniques et européennes sur les visas accordées par crainte des réactions d’Erdogan
Ces câbles ne se limitent pas aux diplomates représentant le Royaume-Uni en Turquie. Un autre, émanant de Nick Pickard, chef adjoint de la Mission britannique en Allemagne, parlait du désir d’Erdogan d’accession à l’UE et de libéralisation des visas. M. Pickard affirmait qu’Uwe Corsepius, ex-secrétaire général du Conseil de l’UE et conseiller actuel aux Affaires européennes de Mme Merkel disait « être confiant que la Commission, pour sa part, éviterait une escalade majeure des tensions avant la fin juin. » M. Corsepius avait dit « garder cela sous contrôle » signifiant sans doute que les plans seraient appliqués jusqu’après le vote britannique sur le Brexit, pour éviter que la concession sur les visas ne pèse sur les résultats du référendum.
Suite à l’affaire des faux passeports syriens utilisés par les terroristes de Paris, le Sunday Times rapporte aussi qu’un câble daté du 20 mai a révélé que Teresa May, ministre de l’Intérieur, avait été avertie par Europol que l’augmentation de l’immigration pouvait élever le risque terroriste.
Le gouvernement britannique nie tout en bloc à l’approche du référendum
Dans un communiqué, signé par Mme May et Philip Hamon, ministre aux affaires étrangères, Downing Street a nié l’existence de ces plans, affirmant que c’était « totalement faux… ». Le Premier ministre a réaffirmé qu’il ne prévoit pas que la Turquie rejoigne totalement l’UE « avant des décennies », bien qu’il promettait en 2005 de « favoriser l’adhésion d’Ankara à l’Europe… ».
Erdogan a certes mis Bruxelles sous pression pour obtenir une libéralisation du régime des visas, mais la Turquie doit de son côté remplir 72 obligations, dont la reconnaissance de Chypre et la liberté de la presse. L’accord sur la Turquie n’affecterait théoriquement que les nations de l’UE de l’espace Schengen, auquel la Grande-Bretagne n’appartient pas. Mais ces câbles secrets peuvent apparaître comme une traitrise de Cameron et de son gouvernement aux yeux des Britanniques.