Et de deux ! Après Andrzej Duda, jeune député catholique, élu en mai dernier président de la République, les Polonais ont voté dimanche, lors des élections législatives, pour le changement en portant au pouvoir la droite – quand ils en parlent, les media occidentaux préfèrent évoquer des « conservateurs catholiques eurosceptiques » – en lieu et place des centristes jusque là au pouvoir.
Les Polonais, malgré l’influence qu’ont essayé de faire peser sur eux tout à tour l’URSS et l’Union européenne, sont encore gens de tradition. Et, pour cette raison, ils ont ramené au pouvoir la droite dite conservatrice, et dite catholique, parce que dans leur esprit, il ne peut y avoir de distinction, qui avait été en quelque sorte décapitée, il y a cinq ans, à l’occasion de la mort accidentelle du président Lech Kaczynski. A la faveur de cette disparition, la droite centriste – qui n’est pas la droite réelle, mais paraissait déjà trop à droite pour les européistes bruxellois – avait récupéré le pouvoir.
Pologne : la droite remporte les élections législatives
La parenthèse est donc terminée. Le parti Droit et Justice (PiS) dirigé par Jaroslaw Kaczynski, le frère de l’ancien président, a obtenu la majorité absolue, avec notamment ses alliés d’à droite de la République, aux élections législatives, avec environ 38 % des voix, soit 238 sièges sur 460. Les chiffres définitifs ne devraient être connus que ce lundi soir, ou même mardi, mais ils ne sauraient constituer qu’une infime variation, et ne remettront en aucun cas en cause cette victoire.
Et ce malgré les avertissements en tous sens contre des gens trop conservateurs – pensez ! ils pourraient remettre en cause certains accords européens – et trop catholiques – ils pourraient revoir la législation, déjà pas assez ouverte, sur l’avortement et renforcer la place du catéchisme à l’école…
Le résultat, c’est que c’est la première fois depuis la chute du communisme qu’un parti obtient la majorité absolue. Et le communisme, lui, n’y avait pas de mérite, puisqu’il s’opposait vigoureusement (pour rester modéré) à tout autre parti.
Un pays qui ose dire adieu à la gauche
Mieux encore, la gauche, dont le candidat à la présidentielle n’avait obtenu que 2,5 % des voix, pourrait n’avoir aucun député !
Il faudra bien sûr y revenir.
Mais, d’ores et déjà, on constate, dans le traitement médiatique qui, chez nous, est fait de ces élections polonaises, ce que leurs résultats ont de dérangeant pour la gauche au pouvoir un peu partout dans nos pays occidentaux. On préfère y évoquer les élections en Argentine, en Côte d’Ivoire, en Haïti, en Tanzanie… en oubliant quasi systématiquement les élections polonaises. Et lorsque l’on en parle c’est pour évoquer le populisme, la peur des migrants, etc.
Parce que le sommet européen qui s’est déroulé ce même dimanche à Bruxelles n’évoque pas, par hasard, la peur de nos élites (sic !) devant la crise migratoire, et leur incapacité à la résoudre ?