Appel au monde à s’unir contre le terrorisme : le méchant Poutine dans la dialectique mondialiste

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Le président russe Vladimir Poutine assistant à une parade militaire sur la place Rouge, mardi 9 mai 2017, pour célébrer le Jour de la Victoire marquant la défaite de l’Allemagne nazie en 1945.

 
Poutine, l’idole des nationalistes, le diable russe, le grand méchant du théâtre manichéen néo-conservateur, cherche l’appui des Etats-Unis en Syrie, et pour ce faire lance un appel au monde pour s’unir contre le terrorisme. Il contribue ainsi à la dialectique mondialiste.
 
Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, rencontre Donald Trump pour connaître ses intentions en Syrie après le limogeage du patron du FBI et le surprenant bombardement de la base aérienne de Shayrat. Il espère en tirer un accord au moins tacite des Etats-Unis sur la politique russe en Syrie, et plus généralement un dégel dans le regain de guerre froide qu’a provoqué, ou cristallisé, l’affaire ukrainienne voilà trois ans.
 

L’appel au monde de Vladimir Poutine : il faut s’unir

 
C’est dans ce contexte qu’il faut entendre l’appel qu’a lancé Vladimir Poutine au monde à l’occasion de l’anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale, lui demandant de « s’unir contre le terrorisme ». Il a d’abord magnifié le combat des Russes contre l’armée allemande, imputant la croissance de « l’idéologie criminelle de la supériorité raciale » et les premières victoires du Reich à « la désunion des grands pays ». Puis, après avoir rappelé que « les forces armées de la Russie sont capables de repousser toute éventuelle agression » et que « La situation actuelle (l’) oblige à accroître (sa) capacité de défense pour mener un combat efficace contre le terrorisme, l’extrémisme, le néonazisme et d’autres menaces », il a ajouté : « Il est nécessaire de consolider la communauté internationale tout entière ».
 

Le méchant Poutine menace, le gentil combat le terrorisme

 
Sans doute faut-il voir dans ce tressage de menaces voilées et d’appels du pied un appel à ce que le monde laisse la Russie mener en toute tranquillité sa politique, que ce soit en Syrie ou en Crimée, et Poutine peut-il être classé d’une certaine manière dans la catégorie nationaliste russe. Mais c’est dans cette mesure précise qu’il est utile à la dialectique mondialiste.
 
Les propagateurs du projet mondialiste ont en effet mesuré, aux réactions populaires (dites populistes) qu’il suscite, la difficulté de le faire advenir et ont décidé pour la vaincre de segmenter en quelque sorte le marché. A côté du gentil Obama et du gentil Macron, chargés de ramasser les déjà convertis, les jeunes, les minorités, les bobos, les progressistes américains, les centristes radicalisés, on lance de nouvelles marques. La semi rébarbative Theresa May par exemple est chargée de séduire les British indépendantistes façon pseudo-Thatcher et de les emmener via le Brexit vers un mondialisme impérial. Trump, c’est encore flou. Quant à Poutine, méchant entre les méchants, il est chargé de faire la voiture balai pour les nationalistes, leur mettre dans le crâne que le mal c’est le terrorisme et que pour « buter les terroristes jusque dans les chiottes », il faut que tous les gars du monde se donnent la main.
 

Poutine reprend les mythes occidentaux et la dialectique mondialiste

 
Son vocabulaire et sa mythographie sont significatifs. Se référant à la « grande guerre patriotique » menée par l’URSS, puissance mondialiste s’il en fut, il place parmi les ennemis d’aujourd’hui, au même titre que le terrorisme, le « néo-nazisme » et « l’idéologie de la supériorité raciale », ce qui est exactement le même pathos qu’utilisent les médias occidentaux dans leur lutte contre le prétendu « fascisme » dont ils dénoncent la « montée » en Europe. On relève également qu’il se garde de parler de l’islamisme et de l’islam qui sont, en Europe occidentale et en Russie, des dangers plus pressants que le « néo-nazisme ». De même ne parle-t-il ni d’immigration, ni d’invasion, qui sont, elles aussi, des menaces plus actuelles que le nazisme. Ce faisant, à la fois par le choix des ennemis et par l’objectif (unir le monde), le méchant nationaliste Poutine se situe ouvertement dans une dialectique mondialiste.
 

Pauline Mille