Quelque trois semaines après l’engagement militaire de la Russie en Syrie, le président russe Vladimir Poutine a reçu mardi à Moscou son homologue syrien Bachar el-Assad, venu le remercier personnellement de son soutien, à l’occasion d’une visite dont la tenue avait été d’autant plus gardée secrète qu’elle était la première effectuée par le chef d’Etat syrien depuis le début du conflit il y a quatre ans.
Lors de cette rencontre que la présidence russe n’a finalement annoncée que le lendemain, Assad « voulait avant tout exprimer son énorme gratitude aux autorités de la Fédération de Russie pour l’aide qu’elles apportent à la Syrie », a-t-on précisé à Moscou. « Sans vos actions et vos décisions, le terrorisme qui s’étend dans la région aurait submergé un territoire encore plus vaste », a déclaré le président syrien à son homologue russe.
Vladimir Poutine reçoit son homologue syrien Bachar el-Assad
Quant aux détails des discussions entre les deux hommes, le Kremlin a souligné qu’ils ne pouvaient « évidemment » pas être révélés. On sait cependant, d’après une transcription – partielle donc – des discussions diffusée par Moscou, que le président russe a dit à son homologue syrien qu’il espérait que les progrès de l’armée gouvernementale sur le terrain, grâce notamment à l’appui aérien russe, seraient suivis de nouvelles initiatives afin de permettre d’arriver à une solution politique à la crise.
La Russie souligne ainsi une fois de plus, et notamment à l’intention des Occidentaux, qu’elle fait tout son possible pour venir à bout du terrorisme islamique. Vladimir Poutine a notamment pointé la menace que représente pour son pays la présence, sur le territoire syrien, de djihadistes originaires de l’ancienne URSS. « Il va sans dire, a-t-il précisé, que nous ne pouvons tolérer que ces gens-là reviennent sur le territoire russe, après avoir acquis l’expérience du champ de bataille et avoir reçu une formation idéologique. »
Mais, au-delà de la guerre et de ses éventuels dommages collatéraux, Vladimir Poutine entend aussi, et c’est on ne peut plus logique quoi qu’on en pense par ailleurs, à étendre et renforcer l’influence russe dans la région.
L’influence de la Russie
Aussi, dès le lendemain de cette rencontre, le président Poutine s’est-il entretenu téléphoniquement avec plusieurs dirigeants des pays de la région – le roi d’Arabie saoudite, le roi de Jordanie, et les présidents égyptien et turc, pour les informer de la teneur de son entrevue avec Assad.
L’exercice a dû nécessiter une bonne dose de diplomatie, notamment avec son interlocuteur saoudien, très opposé au président Assad, et de ce fait, plus proche de la position occidentale que de celle exprimée par le président russe, et qui tient Bachar el-Assad comme partie prenante nécessaire à toute solution politique en Syrie, au moins en l’état actuel.
Le président syrien avait d’ailleurs réitéré, lors de son passage à Moscou, sa volonté personnelle de trouver une solution politique à la crise que vit son pays : « Le terrorisme est un véritable obstacle à une solution politique. (…) Et, bien sûr, le peuple syrien dans son ensemble, et pas seulement le gouvernement, veut décider par lui-même quel sera l’avenir du pays. »
Un propos qui souligne, aussi nettement que possible, qu’il entend bien être l’un des acteurs principaux de cette paix.
Réactions occidentales
On comprend que les Américains, qui ont fait du départ d’Assad, le point de départ du retour de la paix dans la région, aient tiqué. La Maison Blanche a ainsi fait part de ses doutes, en apprenant la réception du président syrien à Moscou, sur la volonté affichée par la Russie de rechercher une transition politique en Syrie. Ce qui signifie très clairement que Washington n’envisage pas de souscrire à la vision russe, du moins sur ce point-là.
A Paris, François Hollande, qui n’a jamais fait rien d’autre, sur le sujet, qu’un numéro de psittacisme américain, a dit vouloir « croire que le président Poutine a convaincu Bachar al Assad d’engager au plus tôt la transition politique et de quitter la place le plus rapidement possible ».
« J’imagine que ça pourrait être d’ailleurs le sens de cette rencontre », a conclu François Hollande.
Ce qui prouve, s’il en était encore besoin, que le président de la République française n’a aucun sens politique, et qu’il est bien le VRP d’une démocratie qui ne signifie rien dans cette région. Car, en recevant sur un pied d’égalité, et malgré certaines nuances apportées sur l’avenir, le président syrien, Vladimir Poutine souhaite clairement manifester qu’il voit bien en Bachar el-Assad son homologue, c’est-à-dire un chef d’Etat !