Les premiers signes de la présence militaire russe en Syrie ont été révélés par la presse israélienne, et cette présence ne cesse de se renforcer au point d’inquiéter l’Etat hébreu, qui voit la situation comme favorable pour le Hezbollah. Israël craint d’être handicapé dans sa lutte contre la faction islamique chiite installée à proximité de ses frontières.
Israël en lutte contre le Hezbollah chez son allié syrien
La Russie et Israël sont parvenus à un accord pratique de non-agression selon Netanyahu, qui pourrait désormais empêcher Israël d’agir chez son voisin syrien. La décision prise par Moscou de venir renforcer sa présence militaire dans le nord de la Syrie en vue de soutenir le président Bachar el-Assad risque de couper les ailes au Premier ministre israélien, qui pouvait librement depuis des années bombarder les convois d’armements partis d’Iran et acheminés jusqu’au Hezbollah libanais en passant par la Syrie.
Que se passera-t-il désormais si l’un de ces convois passe à proximité des forces militaires russes ? Israël osera-t-il prendre le risque d’atteindre des cibles russes ?
La présence de la Russie en Syrie empêche Israël de disposer de l’espace aérien comme jusqu’à présent
L’accord de fait passé en début de semaine entre Netanyahu et Poutine vise à éviter ce genre d’incident, mais pourrait entraver les manœuvres israéliennes. À l’issue de sa rencontre avec Vladimir Poutine, Netanyahu a affirmé qu’Israël continuerait à agir pour bloquer les transferts d’armes entre la Syrie et le Liban ainsi que la constitution d’un front militaire iranien dans le Golan.
Mais ce sera pourtant plus difficile que jusqu’à présent.
« Cela complique la réalité. Cela limite potentiellement la liberté d’action d’Israël », a commenté Ehud Eiran, professeur de sciences politiques à l’Université de Haifa. C’est un fait, Israël a toujours considéré le Liban et la Syrie comme des pays qu’il pouvait survoler librement et sans contrainte – et la présence russe change la donne.
Israël n’a jamais eu à supporter la proximité d’une superpuissance ennemie depuis la chute de l’Union soviétique. La Russie ne soutient plus une coalition d’Etats arabes en conflit ouvert avec Israël comme c’était le cas pendant la guerre froide, mais la présence russe pourrait considérablement renforcer l’alliance chiite dirigée par l’Iran qui soutient aujourd’hui le président Syrien.
L’absence des Etats-Unis en Syrie a permis une présence militaire russe qui handicape Israël
Pour rassurer Israël, Vladimir Poutine a assuré que les actions russes seraient « responsables ». Pour les analystes, cela ne signifie pas que la Russie laissera Israël occuper l’espace aérien syrien librement.
« En fait, la Russie s’impose en disant, “nos soldats, nos rockets, nos avions sont ici. Ne jouez pas avec nous” », explique Moshe Maoz, spécialiste de la Syrie à l’Université hébraïque. Pour lui, ce dialogue entre les deux pays est une erreur stratégique pour Israël.
« Cela va accélérer l’expansion de l’Iran. Israël ne peut pas faire grand chose à ce sujet, mais Israël se tire une balle dans le pied en acceptant », insiste-t-il. « Israël sape ses relations avec la majorité musulmane sunnite » en acceptant de coopérer avec un allié de Bachar el-Assad, regrette-t-il.
Dans les faits, Israël se trouve handicapé par cette présence russe, et déstabilisé dans sa stratégie vis-à-vis du Hezbollah. Un nouveau problème indirectement causé par les Etats-Unis, dont l’absence en Syrie a permis la présence de la Russie…