Le président égyptien Al-Sisi appelle l’islam à une « révolution religieuse » contre sa violence

Le président égyptien Al-Sisi appelle l’islam à une « révolution religieuse » contre sa violence
 
Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi – lui-même un homme « pieux » – a prononcé le 1er janvier dernier un discours capital devant les dignitaires et chercheurs de la prestigieuse université al-Azhar du Caire, qui donne le la en termes d’orthodoxie islamique dans une bonne part du monde musulman. Il a appelé à une « révolution religieuse ». Ce faisant, il a implicitement confirmé la violence intrinsèque à l’islam ou en tout cas à la pensée islamique aujourd’hui dominante. Son discours-choc a été prononcé avant l’attentat contre Charlie-Hebdo à Paris : celui-ci a en quelque sorte illustré le propos.
 
Al-Sisi rejette-t-il l’islam parce que la violence lui serait consubstantielle ? Non point. Il distingue entre la religion et la « pensée erronée » qui, selon lui, la trahit. Mais la manière dont il le dit affirme clairement qu’elle a aujourd’hui cours dans l’islam.
 

Le président égyptien Al-Sisi contre la « pensée la plus sacrée » de l’islam

 
« Nous devons considérer longuement et froidement la situation dans laquelle nous nous trouvons. Il est inconcevable qu’en raison de la pensée que nous tenons pour la plus sacrée, notre Oumma dans son ensemble soit source de préoccupations, de danger, de tueries et de destruction dans le monde entier. Impossible ! », a-t-il déclaré.
 
« Il est inconcevable que cette pensée – je ne parle pas de “religion” mais de pensée – ce corpus des idées et des textes que nous avons sacralisés au cours des siècles, à tel point que les contester est devenu très difficile, puisse nous opposer le monde entier. Peut-on imaginer que 1,6 milliard de personnes puissent vouloir tuer le reste des habitants du monde – 7 milliards – pour pouvoir vivre ? C’est impensable ! » « Cette Oumma est en train d’être déchirée, détruite, on la perd – et elle se perd par nos propres mains », a lancé Al-Sisi : c’est pour le moins une claire accusation et un appel à prendre la responsabilité de ce qui se passe dans le monde. Aussi a-t-il invité ceux qui animent la pensée islamique, muftis et imams, à prendre leur responsabilité « devant Allah ».
 

« Révolution religieuse » et Lumières

 
Ces paroles indiquent que l’islamisme – la pensée qu’il dénonce – n’est peut-être pas à identifier avec l’islam-religion, mais les termes sont suffisamment généraux pour que l’on puisse comprendre qu’Al-Sisi s’en prend à une situation de fait qui sévit depuis des siècles. Autre indication : il a demandé aux dignitaires religieux de « sortir d’eux-mêmes », de prendre du recul afin d’y réfléchir d’une manière plus « éclairée ». On pourrait traduire le mot par « illuminée ». Car la référence est là, discrète mais bien réelle, aux Lumières. La « révolution religieuse » que réclame le président égyptien correspond à une vision révolutionnaire – autant dire maçonnique – et non à une révolution qui serait un retour au religieux face à la dérive idéologique vers la violence.
 
USA Today commente : « Al-Sisi fait exactement ce que réclament les Occidentaux à cor et à cris depuis le 11-septembre au moins, sinon avant cette date. » C’est la position de ceux qui veulent une « alliance des religions », une sorte de consensus autour d’une transcendance à l’exclusion du dogme, qui est l’ennemi de toujours de la maçonnerie.
 
Du côté de l’islam, l’entreprise est difficile : le Coran et les textes qui l’accompagnent ont été définitivement interprétés, la porte de l’ijtihad ou le raisonnement juridique est close, le fiqh – la jurisprudence islamique – a atteint sa perfection.
 

La violence pour venger le Prophète

 
C’est en ce sens qu’il faut interpréter les propos d’un prédicateur islamique célèbre aux Etats-Unis à la suite de l’attentat contre Charlie-Hebdo : « Contrairement à une conception répandue mais erronée, l’islam ne signifie pas la paix mais la soumission aux commandements du seul Allah. C’est pourquoi les musulmans ne croient pas au concept de liberté d’expression, parce que leurs paroles et leurs actes sont déterminés par la révélation divine et ne sont pas fondés sur ce que les gens désirent… Dans un monde de plus en plus instable et dangereux, les conséquences potentielles de l’insulte au Prophète Mahomet sont connues des musulmans comme des non-musulmans. » Et de rappeler que la charia est claire : « Qui insulte le Prophète, qu’on le tue. » « Parce que l’honneur du Prophète est une chose que tous les musulmans veulent défendre, nombreux sont-ils qui feront justice eux-mêmes, ainsi que nous le voyons souvent », a-t-il expliqué.
 
Nous voilà prévenus. Malgré cela, Barack Obama a annoncé quelle est sa « priorité » à la suite du massacre de Paris. On vous le donne en mille… « Combattre l’islamophobie. »