Le droit à la prière dans l’enseignement catholique sous-contrat : le nouveau débat ?

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Depuis qu’il existe, l’enseignement catholique sous-contrat s’est lentement fait grignoter, parfois laissé grignoter par le grand méchant loup de l’Education nationale. Plus prosaïquement, il s’est aussi laissé happer par le sens du vent, celui d’une société moderne laïque aux antipodes de son projet initial. Ces dernières années, la presse et même l’Etat se sont mis de la partie, lui donnant des coups de butoir réguliers, mettant en exergue des « affaires », menant une chasse aux sorcières, agitant des rapports menaçants…

Aussi, quand un nouveau Secrétaire général de l’enseignement catholique, fraîchement élu, déclare qu’il faudrait redonner sa place à la prière, cela crée quelques fritures sur les ondes. Guillaume Prévost a donné sa première conférence de presse, le 23 septembre – et les médias de gauche n’ont pas du tout aimé. Son discours a pourtant seulement relayé le « projet singulier » que portent ces écoles, la caractéristique primale de ces foyers éducatifs : « la tradition de l’Evangile ».

La gauche a préféré s’empêtrer dans une défense de la liberté de conscience fort mal placée qui laisse transparaître le peu de logique dont sont encore capables les vrais ennemis de la tolérance, et surtout la grande haine de ces laïcistes.

 

« Les enseignants pourraient faire du yoga et pas une prière ? »

« Allez-vous dans un resto chinois pour commander des pizzas ? Considérez-vous qu’emmener vos enfants à une messe de mariage d’amis contrevient à leur liberté ? » En deux questions choc, Guillaume Prévost a répondu aux attaques. Le choix d’une école catholique privée est posé par des parents conscients qui adhèrent à un certain projet : et, de par la loi Debré de 1959, les manifestations concrètes du culte restent à la discrétion des élèves et enseignants. Personne n’est obligé de participer à l’une d’entre elles, quoiqu’on en voie, mécaniquement, de par sa présence, la couleur !

La gauche, particulièrement incarnée sur ce sujet par le député de la France Insoumise Paul Vannier, s’est focalisée sur le fait que la prière pouvait se tenir « sur les heures de classe » comme Guillaume Prévost l’avait dit sur la chaîne KTO, le 12 septembre dernier. Elle empiéterait ainsi sur le temps des cours financé par l’Etat ! Faux débat. Et la minute de relaxation proposée par tant d’enseignants en début de cours, elle devrait donc être rattrapée, elle aussi ?

Le vrai sujet est qu’on veut voir disparaître toute expression religieuse, quand bien même elle ne serait pas imposée, et on attaque, par là, la liberté de conscience des enseignants ainsi que celles des élèves concernés :

« Nos enseignants, agents publics de l’Etat mais pas fonctionnaires, ne sont pas soumis au principe de neutralité. Ils peuvent témoigner de leur foi sans prosélytisme, ils peuvent proposer des temps d’intériorité en précisant s’ils s’adressent à tous ou aux seuls chrétiens de manière facultative. (…) Si un “Je vous salue Marie” est insupportable pour vous, c’est votre droit, mais alors il ne faut pas inscrire votre enfant dans un établissement catholique. »

 

L’enseignement libre dans le collimateur

De quoi aurait dû parler Guillaume Prévost pour satisfaire les appétits dominateurs d’en face ? De Bétharram par exemple. Il aurait dû s’autoflageller, s’étendre sur la tendance inhérente au mal que recèlent prétendument ces institutions catholiques. Le nouveau Secrétaire n’a pas évincé le sujet, il a parlé de « jeunes blessés », de « dévoiement de l’autorité », de « responsabilité accrue ». Ce n’était sûrement pas suffisant.

Il aurait dû témoigner de son enthousiasme pour le formidable programme EVARS qui devient obligatoire cette année pour tout l’enseignement public et sous-contrat et impose aux enfants une éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle dont on sait à l’avance (nous en parlions ici) qu’il sera vampirisé par le lobby LGBT. Médiapart a d’ailleurs été outré qu’il puisse penser l’inscrire, comme il l’a déclaré, dans une vision « chrétienne » !

C’est simple, la gauche veut voir plier le mastodonte de deux millions d ‘élèves. C’est l’idée que s’il se nourrit aux mamelles de l’Etat, il peut bien revêtir ses oripeaux. « Subventionné à 75 % d’argent public, ne doit-il pas rendre des comptes tout comme garantir des contrôles par l’Etat ? », se demande le média en ligne cafepedagogique.net.

Elle veut lui voir perdre ce qui lui reste encore d’identité chrétienne. En témoigne la dernière affaire en date du collège du Sacré-Cœur à Versailles, mise en scène par Libération au printemps dernier : le média d’extrême gauche a instrumentalisé le mécontentement particulier de certains professeurs pour faire naître une véritable cabale, affirmant que les messes étaient obligatoires, que le prosélytisme religieux était excessif, disons le mot, « intégriste ».

 

Le hors-contrat, seule voie valable

Guillaume Prévost l’a dit sur KTOtv, il souhaite que son institution soit « plus catholique, plus véritablement catholique », plus fidèle, somme toute, à son ADN originel. Parce qu’il ne suffit pas que ces établissements du privé sous-contrat attirent par leur meilleur niveau scolaire, la discipline qui s’y rencontre, ou encore la plus grande sécurité qui s’y trouve. Même si ce sont, aujourd’hui, les raisons majeures affichées par les parents. Il faut encore qu’il transmette, autant qu’il est possible, tant qu’il est encore temps, à tous les niveaux possibles.

La vérité, malheureusement, est qu’il faudra se battre de plus en plus. Et que l’on pourra de moins en moins. Ce type d’enseignement catholique reste sous la coupe des circulaires de l’Education nationale. La vérité est que la seule liberté réside hors de ce contrat qui blesse les poignets de ceux qui l’ont signé.

Comment s’étonner que les écoles indépendantes connaissent un tel engouement ? Alors même que la baisse de la démographie devrait les toucher comme elle touche de manière mécanique le sous-contrat et le public, le nombre de leurs élèves croît chaque année. Depuis le covid, plus de cent établissements ouvrent chaque année.

Des écoles de riches, hurle la gauche jalouse ! Pas les écoles catholiques en tout cas, des écoles où, le plus souvent, les parents assument de se priver, coûte que coûte, pour payer le prix de la liberté pleine et entière, celle de faire bénéficier leurs enfants d’un sain ancrage dans le réel, d’un savoir irrigué de bout en bout par la Foi, l’un et l’autre se donnant raison.

C’est là, d’ailleurs, que réside le véritable scandale : qu’on doive payer pour demeurer dans la Vérité.

 

Clémentine Jallais