« Privilège blanc »… ou fardeau de l’homme blanc ? Plaidoyer pour la civilisation

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On nous rebat les oreilles avec le concept du « privilège blanc » pour dénoncer toutes les horreurs, réelles ou supposées, de la colonisation du monde par l’Europe, que ce soit à l’époque des grandes conquêtes de l’Espagne et du Portugal ou plus tard, avec l’expansion des pays européens vers l’Amérique du Nord, l’Afrique, l’Asie… Pas plus tard que samedi dernier, le Soho Theatre de Londres donnait Femmes of Colour Comedy Club, et les spectateurs blancs qui osaient s’y aventurer étaient invités à « vérifier leur privilège blanc » avant de pousser la porte du théâtre. C’est-à-dire : de faire leur examen de conscience et de réaliser à quel point ils ont des avantages indus. C’est à la mode. Mais historiquement, l’Europe a plutôt développé l’idée du « fardeau de l’homme blanc » : ce devoir de civiliser, de libérer, de soigner, de nourrir les peuples moins avancés, comme le chante ce poème au goût de suranné, The White Man’s Burden de Kipling – même et surtout au risque de son propre bien-être, de sa tranquillité, de sa considération. Ce devoir d’évangéliser, aussi, qui animait les nations catholiques…

Ce langage est aujourd’hui proscrit. L’antiracisme et la proclamation de l’égalité de toutes les cultures (avec un petit plus pour les « peuples premiers », tout de même) ont été imposés, effaçant de force la mémoire d’héroïques épopées qui ont eu leurs côtés sombres, mais qui ont porté le Christ aux confins de la terre. Et ce n’était pas du luxe, si vous me passez l’expression.

 

Le privilège blanc est plutôt un fardeau

Ce qui a caractérisé un grand nombre de cultures païennes, c’est leur cruauté. Parfois extrême, comme dans celles qui fonctionnaient autour du sacrifice humain. L’effroi des Espagnols voyant les prêtres aztèques ôter le cœur de victimes destinées à apaiser le dieu soleil les a galvanisés dans leur entreprise de Conquista. Le nombre de ces sacrifices était parfois délirant : le nombre de sacrifiés le plus important évoqué dans les chroniques apparaît, selon l’historien Michel Graulich, dans le codex Durán, qui affirme qu’en 1487, pour célébrer la rénovation du Templo Mayor de Mexico-Tenochtitlan par Ahuitzotl, 80.400 captifs auraient été sacrifiés en quatre jours. Même si certains affirment que le chiffre, exagéré, avait dû être quatre fois moindre, cela resterait un massacre abominable.

Le film de Mel Gibson, Apocalypto, donne une idée de la chose (moins l’odeur du sang et de la mort…), raison sans doute pour laquelle il a été décrié, occulté par la critique. Suggérer que l’arrivée d’Hernan Cortes ait pu être une bénédiction et une libération n’est pas dans l’air du temps.

Sacrifices humains, encore, dans la cordillère des Andes, sur les rives de la Phénicie à Baalbek, à Carthage, dans les pays germaniques avant leur christianisation, mais aussi au Japon…

Ce n’est pas l’homme blanc qui a mis fin à cela, mais les hommes du Christ. C’est la civilisation qui a accompagné la christianisation, de l’Europe notamment : elle a tout changé (nonobstant des ratés) en venant peu à peu à bout de l’esclavage, du cannibalisme, de la polygamie et de l’oppression des femmes que celle-ci entraîne, des rituels barbares et de la puissance du sorcier. La christianisation est l’illustration parfaite de ce « fardeau » assumé, avec ces missionnaires qui partaient au péril de leur vie par amour du Christ et aussi des païens, acceptant d’avance le martyre ou la maladie dans les contrées au climat hostile.

 

L’homme soumis au péché originel ou libéré par le Christ ?

Qu’apportaient-ils ? La foi, le baptême. Ce baptême qui efface le péché originel. Or comment comprendre la sauvagerie de tant de cultures, « premières » ou pourvues de raffinement comme celle des Aztèques, sans cette installation du mal dans le cœur de l’homme par la faute d’Adam, et la soumission des humains au « prince de ce monde » qu’elle a opérée ?

Le sacrifice unique et parfait du Christ que nous commémorons ce Vendredi-Saint et revivons lors de chaque messe pouvait seul en venir à bout, l’Homme-Dieu assumant l’entièreté de la peine des péchés, des cruautés, des idolâtries sanglantes des hommes coupés de Dieu.

La vie païenne était « brutale au-delà de tout ce que l’homme moderne peut imaginer », écrivait récemment Andrea Widburg pour The American Thinker. « Les gauchistes veulent à tout prix nous ramener au paganisme. Pour beaucoup d’entre eux, cela signifie gambader nus dans une nature vierge de toute trace de combustibles fossiles, (…) vivre libérés des méchantes règles bibliques en matière de la moralité », dit-elle. Avant de souligner que l’objectif de toute la culture soi-disant libérée d’aujourd’hui cherche à « détruire entièrement », et pas seulement à marginaliser les « valeurs bibliques ».

 

Les abominations du paganisme

Elle renvoie vers une longue lettre de David E. Reed, éditorialiste-reporter du Readers’ Digest, datée du 16 mai 1955 : il écrivait à Walter S. Rogers de l’Institute on Current World Affairs. Il suffit d’en citer les premières lignes :

« Benin City s’élève à l’ouest du Niger, près du delta étendu de ce puissant fleuve. A notre époque Benin n’est qu’une ville délabrée de plus du Nigeria, pleine de maisons en terre et de minuscules échoppes. Mais Benin diffère des autres par son histoire. Tout le sud du Nigeria était une terre d’oppression, de terreur et de cruauté diabolique, de razzias d’esclaves, d’esclavage, de juju [nom jadis donné par les Européens aux pratiques religieuses de sorcellerie en Afrique de l’Est], de sacrifices et de cannibalisme. Mais Benin les surpassait toutes, c’était la Cité du Sang…

« Des centaines de personnes étaient régulièrement torturées à mort lors des rituels juju de Benin. Ces orgies sanglantes ont persisté pendant des siècles, et n’ont cessé qu’en 1897 lorsque les Britanniques ont pris la ville. L’un des membres de l’expédition britannique a laissé cette description :

« “… des autels couverts de flots de sang humain séché, à l’odeur infecte… d’énormes fosses, profonds de quarante à cinquante pieds, furent trouvés remplies de corps humains morts ou mourants, quelques-uns de ces misérables captifs ont pu être sauvés vivants… partout des arbres sacrificiels où se trouvaient les cadavres des victimes les plus récentes – partout, sur chaque chemin, on voyait des corps qui venaient d’être sacrifiés…” »

Le rejet de Dieu, le retour au paganisme qui est aujourd’hui prêché à travers la religion du climat et de Gaïa est un retour vers ces horreurs – en blouse blanche cette fois, avec ce qu’il faut bien appeler le sacrifice rituel et obligatoirement magnifié, comme le montre l’exemple de la constitutionnalisation de l’IVG – par les dizaines de millions d’avortements pratiqués légalement à travers le monde chaque année et que seul le christianisme dénonce absolument.

 

Sans le « privilège-fardeau de l’homme », retour au paganisme

Horreurs d’un totalitarisme sanitaire qui efface les libertés ; abomination de l’abolition du mariage et de la dénaturation de la filiation au nom du « genre » ; polygamie et polyandrie réinstallées par le biais de la libération sexuelle ; massacres et génocides du nazime, païen, et du communisme, athée, « intrinsèquement pervers » et tout aussi ennemi de Dieu… Le post-christianisme est un paganisme nouveau, et qui s’assume. Andrea Widburg souligne que des voix s’élèvent aujourd’hui pour justifier le cannibalisme, détesté simplement à cause des idées occidentales sur l’âme ou des « stéréotypes racistes » visant les autochtones. « Sur le plan éthique, le cannibalisme pose moins de problèmes que vous ne pourriez l’imaginer ? Si un corps peut être volontairement légué à la science médicale, pourquoi ne pas le laisser nourrir les affamés ? », demandait le New Scientist en février dernier au sujet de « l’ultime tabou ».

Le privilège de l’homme blanc est en réalité, et dans sa version la plus conforme au bien, le devoir sacré imposé au chrétien d’aller baptiser les nations et d’en faire des disciples. C’est cela, fondamentalement, qui est aujourd’hui récusé, aussi bien par le wokisme en Occident, qui dresse les « racisés opprimés » contre le colonisateur de jadis, que par le discours « anticolonial » prêché notamment par la Russie en Afrique, et par tous les partisans de la « multipolarité » dont l’une des idées force est l’égalité des cultures et des religions, chaque grande région de « civilisation » devant pouvoir sauvegarder celle-ci plutôt que d’être soumises à l’« universalisme » de l’Occident.

Bien sûr, cet universalisme a d’abord été dévoyé. Aujourd’hui, le fardeau de l’homme – blanc, noir ou de n’importe quelle couleur – est d’abord de servir de nouveau la vérité. La vérité qui, seule, rend libre.

 

Jeanne Smits