Procès Marie Laguerre : gifler une féministe est-il une agression sexuelle ?

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Un jeune venu de Tunisie a giflé en pleine rue une étudiante et militante féministe, Marie Laguerre, après une altercation que la jeune fille considère comme une agression sexuelle. Cette qualification n’a pas été retenue pour le procès, qui ne jugera que la violence.
 
Les faits ont eu lieu de vingt-quatre juillet, le jeune homme, reconnu sur photo, était interpellé à la fin aout, et comparaissait le 30, mais, constatant qu’il avait fait un séjour dans un hôpital psychiatrique récemment, le tribunal décidait de renvoyer le procès au 4 octobre. Plus surprenant, le procureur demandait, et obtenait, que le jeune homme soit placé en détention préventive. Plus d’un mois de prison préventive pour une gifle, cela n’est pas rien.
 

Marie Laguerre a diffusé son agression sur Facebook

 
Le motif invoqué par le procureur et retenu par le président est le « retentissement médiatique » de l’affaire. En effet, tout de suite après les faits, Marie Laguerre, militante féministe active et débrouillarde, s’est procurée les images de vidéo surveillance du café devant lequel s’est passée la scène, et les a diffusées sur Facebook où elle a été vue deux millions cinq cent mille fois. Elle a aussi monté une plateforme « Noustoutesharcèlement » pour « recueillir les témoignages des victimes » de harcèlement sexuel dans la rue. En juillet en en août, elle a aussi couru les radios et les télés pour parler de son combat féminisme et de son « traumatisme » (un médecin lui a donné un certificat d’interruption temporaire de travail, bien que ce fussent les vacances universitaires).
 

Marie Laguerre décrit l’aspect sexuel de l’agression

 
Maintenant, que s’est-il passé. D’après Marie Laguerre, son agresseur lui aurait adressé des « bruits, commentaires, sifflements, coups de langue sales, de manière humiliante et provocante ». J’ai lu de très nombreux articles sur la question, aucun journaliste n’a cherché à faire préciser. On ne saura donc pas ce que Marie Laguerre considère comme un harcèlement sexuel. La suite, elle la raconte ainsi : « J’ai donc lâché un « ta gueule » en traçant ma route. Car je ne tolère pas ce genre de comportement. Je ne peux pas me taire et nous ne devons plus nous taire ». Alors, toujours selon elle, le jeune homme lui aurait « jeté un cendrier dessus » avant de la suivre et la frapper au visage en pleine rue.
 

Au procès l’agresseur accuse Marie Laguerre d’agression verbale

 
Devant le tribunal le 30 aout, le jeune homme a donné une version différente. Notons que la presse, bien qu’elle connaisse son identité, ne l’a pas donnée. Il est venu de Tunisie avec sa mère quand il avait huit ans, il en a vingt-cinq. Il n’a pas de domicile fixe. Il a été condamné huit fois par la justice dont trois pour violences, notamment sur sa mère, le reste pour vol et proxénétisme. Il a passé plusieurs années en prison. Il a reconnu les violences sans difficulté, mais a un souvenir différent des faits : « Elle est passée une première fois avant moi, j’ai juste dit le rouge te va super bien, elle m’a répondu super mal et j’ai dit pourquoi tu me parles mal comme ça ». Et d’ajouter : « Je voulais m’excuser par rapport à la baffe, je sais parler et m’exprimer, je pense que juste avec des mots j’aurais pu lui donner une meilleur leçon de vie qu’avec une baffe. »
 

La vidéo ne montre que la séquence avec la gifle

 
La vidéo, elle ne montre pas le début de l’altercation. On ne saura donc jamais s’il y eut des bruits humiliants et provocants, lesquels, ni comment Marie Laguerre répondit super mal, et il n’y a pas de preuve qu’un cendrier ait été lancé, ce qui a valu pourtant à l’agresseur d’être poursuivi pour violences avec arme. On voit une femme en robe rouge marcher d’un pas rapide, un homme en jean et t-shirt la rattraper, elle se retourner, aller à lui, les deux échanger quelques mots, lui la gifler une fois et repartir sans hâte, aucun témoin n’intervenant malgré quelques velléités.
 

La féministe déplore que le harcèlement sexuel ne soit pas retenu

 
Voilà, c’est tout. Et pourtant la chose a été regardée deux millions cinq cent mille fois. L’avocate de la défense déplore d’ailleurs la « surmédiatisation » de l’affaire « parce que des vidéos sont passées en boucle ». Cependant cette surmédicalisation est l’affaire elle-même. Elle ne se comprend que dans la suite de balance ton porc, metoo, de la vaste campagne féministe pour criminaliser ou médicaliser les rapports hommes/femmes. Marie Laguerre confiait à Libération ce matin, avant la reprise du procès : « Avant même l’audience, je ressens déjà ce sentiment de ne pas avoir obtenu justice ». Pourquoi ? Parce que « la notion de harcèlement sexuel a malheureusement disparu des charges ». Elle aurait voulu que ce procès soit « pédagogique » et serve à faire comprendre à l’agresseur que la violence, « c’est aussi les propos qu’il a tenus avant ». En d’autres termes, cette militante féministe ardente voit ce qui s’est passé comme une agression sexiste et sexuelle.
 

La gifle est-elle sexiste, communautaire ou antiraciste ?

 
Elle ne se rend pas compte qu’on peut voir les faits, ou les bribes de faits, tout autrement. Un militant nationaliste, sécuritaire et islamophobe, dénoncera la brutalité d’un immigré non assimilé, qui reproduit chez nous les schémas culturels de son pays d’origine ; tout cela ne serait pas arrivé si les frontières n’étaient pas grandes ouvertes. Un policier de proximité noterait que c’est un individu connu des services pour son caractère violent, il a sifflé une fille qui lui plaisait, elle lui a répondu ta gueule, il s’est étouffé de fureur sous l’insulte et il lui a collé une tarte. Un militant antiraciste serait persuadé que le malheureux agresseur, qui a mal vécu sa jeunesse et sa scolarité, qui a fait des séjours en prison, et récemment encore un stage en hôpital psychiatrique parce qu’il s’était drogué, a été blessé dans son identité par le mépris qu’a exprimé Marie Laguerre, mépris qu’il a attribué évidemment à sa qualité d’immigré non européen, et qu’il a voulu laver dans la violence.
 

Pour une féministe, siffler est pire que gifler

 
Voilà où on en arrive avec la mentalité de revendication loufoque et de guerre civile permanente qui gagne les sociétés postmodernes. Tout est idiot dans ce fait divers. De mon temps, si par extraordinaire une jeune fille bien élevée se faisait siffler dans la rue, elle passait son chemin, et le siffleur en était pour son sifflet. Répondre ta gueule à quelqu’un de mal élevé, c’est s’exposer à une embrouille, ça n’a rien à voir avec une agression sexuelle. C’est le choc entre les revendications des intellectuelles féministes et les comportements populaires. Se faire siffler n’est quand même pas très méchant. Et prenons garde que le stalinisme féministe n’ait de dangereux effets pervers. Empêcher les mâles de s’exprimer peut les rendre dangereux. Le violent jeune venu de Tunisie (cachez son nom, que je ne saurais voir) a giflé une donzelle qui l’avait un peu cherché : ce goujat méritait une bonne correction, plutôt qu’un mois de préventive, mais personne ne la lui a donnée. Car les féministes avec leurs sottises ont si bien castré les Français que seuls les mâles d’importation se comportent encore en mâles.
 

Pauline Mille