Mgr Manuel Sánchez Monge : le programme 2030 de l’ONU est un « piège » antichrétien

programme 2030 piège antichrétien
 

Il n’est pas si fréquent de voir un évêque en exercice critiquer le « developpement durable » et ses objectifs codifiés par l’ONU en 2015, les fameux ODD. Mgr Manuel Sanchez Monge, évêque de Santander en Espagne, vient de le faire avec panache dans une tribune publiée par le quotidien régional El diario Montañés sous le titre Agenda 2030 y el nuevo orden mundial (Le programme 2030 et le Nouvel Ordre Mondial). Il y met en garde contre le « piège » des objectifs de l’ONU en soulignant leur caractère antichrétien et leur relativisme, propres à « modifier les convictions » de chacun.

Les objectifs en vérité totalitaires du Programme 2030 pour le développement durable sont un sujet que reinformation.tv a fréquemment abordé et continuera de suivre. Nous en avons souligné le caractère socialiste et mondialiste ici. Mgr Sánchez Monge y voit les mêmes écueils.

 

Mgr Sánchez Monge déjoue le piège mondialiste des ODD

Le projet repose ainsi sur l’apparente vertu des objectifs – qui ne souhaiterait la réduction de la misère, ou l’accès à l’eau pour tous ? – présentés de manière « ambiguë », souligne l’évêque. La réalité ?

« Derrière l’Agenda 2030 se cache une tentative de changement de civilisation, un Nouvel Ordre Mondial qui modifiera les convictions des individus. C’est un système mondialiste – qui n’a rien à voir avec la mondialisation – visant à instaurer un gouvernement mondial non élu et non démocratique », écrit Mgr Sánchez.

La « famille et la religion » y apparaissent comme problématiques, tout comme « la responsabilité des époux ou la générosité au sein du mariage » et le droit des parents, premiers éducateurs de leurs enfants.

 

Mgr Manuel Sánchez Monge : le programme 2030 de l’ONU est un « piège » anti-chrétien

Que ce soit par la promotion de l’avortement, de la contraception ou de l’« égalité des genres », du laïcisme ou de l’étatisme, « c’est l’État qui détermine le mode de vie, engendrant ainsi un relativisme qui fait de la tolérance la valeur morale par excellence ».

Mgr Sánchez Monge ajoute qu’on ne peut en aucun cas, pour des motifs de convenance ou « pour ne pas être exclu du débat public », adhérer au Programme 2030 : « Le nom de chrétien comporte des exigences auxquelles on ne peut se soustraire. »

Sa conclusion, pour autant, est pleine d’espérance. Celle-ci s’incarne dans les familles qui tournent le dos au refus de la vie, au refus des vérités chrétiennes que promeuvent les ODD. Tournant son regard vers les familles nombreuses, celles dont la générosité crève les yeux quand on les voit dans la rue, Mgr Sánchez Monge voit en elles un « immense pouvoir de transformation ».

Tout est à lire dans sa tribune publiée samedi dernier, aussi nous vous en proposons une traduction intégrale ci-dessous. – J.S.

 

Le programme 2030 et le Nouvel Ordre Mondial

Le philosophe Higinio Marín, professeur d’anthropologie philosophique à l’université CEU Cardenal Herrera, a mis en évidence la vraie nature d’un programme promu par les élites mondialistes et qui présente un caractère étatiste et relativiste marqué.

Les objectifs du développement durable (« durable » est aujourd’hui un mot magique qui sert à tout) sont pour la plupart louables et acceptables par tous : protection de la nature, éradication de la pauvreté et de la faim dans le monde, eau disponible pour tous, etc… Tous sont formulés dans un langage suffisamment ambigu pour se prêter aux interprétations les plus diverses. Mais derrière l’Agenda 2030 se cache une tentative de changement de civilisation, un Nouvel Ordre Mondial qui modifiera les convictions des individus. C’est un système mondialiste – qui n’a rien à voir avec la mondialisation – visant à instaurer un gouvernement mondial non élu et non démocratique. Le document contient de brillantes généralités pour faire croire que si tous les pouvoirs sont confiés aux Nations unies et à l’Agenda 2030, tout ira bien. Mais non, l’Agenda 2030 est un piège.

La famille y est considérée comme un environnement propice à la discrimination et à l’inégalité. Dans l’Agenda 2030, la famille et la religion sont présentées selon des aspects conflictuels. La religion et la famille constituent des problèmes et non des solutions. Par exemple, avoir des enfants, la responsabilité des époux ou la générosité dans le mariage ne font pas partie de ce nouveau sens commun. Il ne leur convient pas non plus [aux promoteurs des ODD] que l’éducation appartienne aux parents.

Et puis il y a des questions qui sont clairement inacceptables du point de vue de la doctrine catholique. Prenons l’exemple de la santé sexuelle et reproductive. L’avortement et l’utilisation massive de contraceptifs sont encouragés. Il y a un autre aspect très grave : ce que l’on appelle l’égalité de genre. L’Agenda 2030 reprend la terminologie de l’idéologie du genre et du politiquement correct contemporain, laïciste et étatiste. L’intention est d’établir un Nouvel Ordre Mondial qui exclut de nombreuses institutions, en particulier celles qui ont un fondement chrétien. C’est l’État qui détermine le mode de vie, engendrant ainsi un relativisme qui fait de la tolérance la valeur morale par excellence. Faut-il aussi être tolérant avec le mal ? Ils sont liberticides et engendrent le relativisme. Ils croient que tout peut et que tout doit être choisi ; même le genre est une question de ressenti.

Il existe des institutions chrétiennes qui acceptent l’Agenda 2030. Elles affirment que c’est pour éviter d’être exclues du débat public ou de s’auto-marginaliser. Elles veulent obtenir des aides qui leur seraient refusées si elles ne les prenaient pas en compte. Mais le nom de chrétien comporte des exigences auxquelles on ne peut se soustraire.

Nos sociétés se polarisent aujourd’hui sans retour. Il existe deux versions de l’Occident de plus en plus antagonistes. Nous en arrivons à un point où les différentes visions du monde ont si peu de choses en commun que nous parvenons à peine à parler des langues communes.

En levant un peu les yeux, on peut aussi constater que nous vivons un renouveau. Il y a une résurgence des familles chrétiennes, on le voit en certains lieux de France et d’Espagne. L’image d’un couple marié avec trois enfants ou plus offre une vision joyeuse et aimable de la vie. C’est là que se trouve le renouveau. Le mariage chrétien de jeunes gens qui vivent avec générosité est la forme contemporaine la plus directement visible de la joie de vivre chrétienne. La joie est la marque sociale de la possession d’un bien. Et ces parents qui sortent dans la rue avec plus d’enfants que ne le veut le bon sens moderne ont un immense pouvoir de transformation.

 

Mgr Manuel Sánchez Monge (traduction par Jeanne Smits)