Progression du nombre de catholiques dans le monde, mais les statistiques en Europe affichent une importante chute

progression nombre catholiques monde
 

Le monde compte aujourd’hui plus de 1,389 milliards de catholiques, une statistique en forte augmentation par rapport aux chiffres de 1998 : il y avait alors un peu plus de 1,018 milliard de catholiques. Et si l’essentiel de cette augmentation est allée de pair avec la hausse de la population mondiale, les catholiques représentent tout de même aujourd’hui une plus forte proportion de celle-ci : 17,7 % contre 17,4 % en 1998 (mais le pourcentage a légèrement baissé depuis un pic de 17,8 % atteint en 2015). Cette bonne nouvelle va cependant de pair avec le constat de plusieurs statistiques plus inquiétantes : la chute du nombre de catholiques en Europe notamment. Au point de faire du Vieux Continent une véritable terre de mission.

Le nombre absolu de prêtres, de religieux non prêtres et surtout de religieuses est en baisse ou stagne alors que celui des catholiques augmente. Le nombre des religieuses connaît même un plongeon, passant de plus de 800.000 en 1998 à un peu plus de 550.000 aujourd’hui. Le nombre des baptêmes a lui aussi fortement baissé, dépassant les 18 millions en 2000 mais tombé à un peu plus de 13 millions en 2022 – l’Eglise elle aussi est touchée par le vieillissement de la population et c’est l’allongement de la durée de vie qui gonfle ses rangs plutôt que l’arrivée de nouveaux catholiques, convertis tardifs ou baptisés à la naissance.

 

Les statistiques des catholiques dans le monde progressent avec l’allongement de la durée de la vie

Une autre question se pose : celle de la foi professée par ces catholiques – est-elle une adhésion aux enseignements de l’Eglise ou leur catholicité est-elle une simple étiquette sociologique ou culturelle qui s’accommode d’hérésies diffuses, voire de l’apostasie immanente ? Et quel est le niveau de pratique religieuse de ces baptisés ?

Publiées par l’agence vaticane Fides le 17 octobre dernier, ces statistiques sont arrêtées au 31 décembre 2022, date de leur dernière mise à jour. Elles révèlent que seule l’Europe compte moins de catholiques qu’auparavant, soit une chute d’environ un demi-million, contrairement aux autres continents qui ont vu leur nombre progresser, avec une augmentation particulièrement notable en Afrique : 7.271.000 de plus qu’en 2021. Au niveau mondial, il y avait, en 2021, 13,7 millions de catholiques de moins par rapport à 2022.

Le nombre de prêtres a diminué de 407.730 âmes par rapport à 1998, et la seule Europe en a perdu 2745 entre 2021 et 2022 – sans même parler de leur moyenne d’âge. Le nombre de diacres permanents progresse ; il atteint désormais 50.159 dans le monde, en augmentation de près d’un millier d’hommes.

La perte du nombre de catholiques en Europe va évidemment de pair avec le déclin démographique particulièrement rapide : l’Eglise a tout de même perdu 474.000 fidèles en 2022 par rapport à l’année précédente. Cela représente toujours quelque 39,5 % de la population européenne, 0,08 % de moins qu’en 2021, mais la baisse, pour être lente, n’en est pas moins constante au point de paraître inexorable.

 

En Europe, chute du nombre de catholiques

Les statistiques vaticanes ne s’intéressent pas au nombre de catholiques baptisés pratiquants, finalement plus intéressant que celui des baptisés en nombre absolu : en Europe, celui-ci ne cesse de baisser, surtout chez les plus jeunes, puisque même dans des pays comme la Pologne, où il demeure plus important, « plus une génération est jeune, moins on y compte de gens qui se disent rattachés à une religion », selon une analyse publiée lors de la visite du pape François à Marseille en septembre dernier par « Le grand continent ».

En Europe, « la tendance de fond est la sécularisation – c’est-à-dire l’augmentation de la population se définissant comme “sans religion” », notait cette enquête, tandis que l’« engagement religieux » (défini comme « l’auto-évaluation de l’importance de la religion dans la vie d’une personne, l’assiduité religieuse, la fréquence des prières et la croyance en Dieu »), plus important en Roumanie, en Grèce, et dans une moindre mesure au Portugal ou en Pologne, suivis de l’Ukraine, de la Slovaquie et de l’Italie, tombe à quelque 12 % chez les catholiques français : c’est la proportion de ceux qui se disent « très religieux ».

Pendant ce temps, on « synodalise ». Sans vraiment faire de constat d’échec puisque cela s’est fait autour d’autres sujets que les sacrements, la transmission de la foi, et la capacité à attirer les jeunes à une vie de foi profonde et à faire fleurir les vocations. Cette Eglise elle-même affiche dans son discours son oubli des priorités : comment espérer réévangeliser l’Europe dans ces conditions ?

 

Jeanne Smits