La race de Nadine Morano divise les Républicains

Race Morano divise Republicains
 
Que Nadine Morano, dénoncée par Nicolas Sarkozy pour avoir parlé de la France comme d’un pays de « race blanche », perde son investiture pour les élections régionales, n’a plus guère d’importance. Cette sanction, qui est loin de faire l’unanimité au sein des Républicains, est désormais dépassée par les divisions qu’elle génère. Elle pourrait bien faire ressurgir certaines têtes oubliées. Voire remettre Jean-François Copé en selle…
 
Nicolas Sarkozy avait décidé de donner un petit répit à son ancien ministre, dont il n’arrive manifestement pas à se séparer totalement. En souvenir des bons jours, ou peut-être parce qu’il perçoit, derrière les quolibets médiatiques, ce que la sortie de Nadine Morano peut avoir de sensé, ne serait-ce que sur un plan électoral.
 

La race de Nadine Morano divise les Républicains

 
C’est d’ailleurs ce qu’on lui reproche aujourd’hui : viser, en n’attaquant pas assez cette proche de la première heure, à s’attirer des voix. Sans évoquer même cette question de fond, ce reproche a quelque chose de lamentable, de dérisoire, surtout chez des gens qui font profession de démocratie, au sein de laquelle c’est tout de même le peuple qui est censé donner le la de la politique.
 
Face à ce qu’elle dénonce comme « une cabale politique et médiatique », Nadine Morano fait preuve d’un certain panache, en refusant de changer de discours sous la pression d’un hochet qui lui serait – sinon – retiré.
 
Elle a d’ailleurs refusé de se rendre à la réunion de la Commission nationale d’investiture des Républicains, dont elle est pourtant vice-présidente, non par dépit, mais pour être à Strasbourg, au Parlement européen, devant lequel devaient s’exprimer Angela Merkel et François Hollande : « Je serai là où je dois être, c’est-à-dire à assumer mes fonctions et donc au Parlement européen, et non pas à venir dans une commission traiter de problèmes politiciens. »
 
Sur le fond, elle a renvoyé Nicolas Sarkozy dans ses buts : « J’ai dit “La France est un pays de race blanche”, je n’ai pas dit “Les Français sont de race blanche”. Je sais que la communauté nationale est composée de tous ses habitants, quelle que soit leur couleur de peau, leur origine, leur histoire, leur croyance ou leur non croyance d’ailleurs. »
 

Il y a soutien et soutien

 
Mieux encore, elle a réaffirmé mardi sa loyauté envers l’ancien président de la République : « Je fais partie de ceux qui ne lui ont jamais manqué, dans les moments les plus durs où il était cloué au pilori. Après, il fera ce qu’il voudra. »
 
Ce faisant, elle a renvoyé Nicolas Sarkozy à sa propre image, et l’a placé en posture délicate – y compris pour la primaire, à laquelle Nadine Morano envisagerait désormais de participer. Mais surtout parce que, par-delà les militants dont un nombre non négligeable – des « milliers », assure-t-elle – lui ont apporté leur soutien, plusieurs ténors du parti dénoncent désormais l’« acharnement » dont elle est victime.
 
Ainsi l’ancien Premier ministre François Fillon a refusé, dans cette affaire, de participer à ce qu’il a appelé un « procès en sorcellerie ». Son prédécesseur Jean-Pierre Raffarin s’est refusé, lui, à devenir « un coupeur de têtes ». « La question pour les élections est de savoir si, oui ou non, Nadine Morano accepte la charte des Républicains, notre ligne politique », a-t-il précisé.
 

Coucou, revoilà Copé !

 
Mais, en définitive, c’est surtout Jean-François Copé qui est monté au créneau, au cours du bureau politique mardi, moins pour défendre Nadine Morano sans doute, que pour tenter de déstabiliser celui qui lui a pris finalement la présidence du parti. Copé donc demande que l’apaisement se fasse autour de cette malencontreuse affaire, soulignant qu’une sanction pour cause de dérapage constituerait une « désastreuse jurisprudence ». D’autant que, dans le parti, bien des responsables ont pu, eux aussi, se laisser parfois aller. Malgré la transparence de l’allusion, Nicolas Sarkozy sera demeuré calme. Calme et inflexible…
 
La suite ne devrait pas tarder. Mais ce sont surtout les électeurs qui marqueront, dans les urnes, leur appréciation de ce triste débat. Certains opposants, en interne, de Nicolas Sarkozy espèrent bien, semble-t-il, qu’il finisse par trébucher sur cette « race blanche » qui paraît tant l’agacer.
 

Hubert Cordat