Racisme et antisémitisme sur Internet : Édouard Philippe veut s’attaquer à la « cyberhaine » !

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Emmanuel Macron avait posé de gros jalons lors du dîner du Crif, la semaine dernière, annonçant qu’Internet allait être le théâtre d’une lutte renforcée contre le racisme et l’antisémitisme. Lundi, le Premier ministre Édouard Philippe, a donné les grandes lignes de cette politique qu’il veut à la fois française et européenne. Halte aux « torrents de boue » ! Mais la bonne (?) intention se fourvoie toujours plus dans son caractère restrictif (pas un mot sur le racisme anti-blanc) et dans son idéologisme avéré.
 
Plus qu’en 2015 où un plan du même métal avait été annoncé et promu par Manuel Valls, après les attentats, le Premier ministre veut de vrais résultats – la poursuite effective des fauteurs, des vecteurs de la « cyberhaine »…
 

« Plus facile de retirer la vidéo pirate d’un match de foot que des propos antisémites » sur Internet

 
Flanqué d’une belle brochette de ministres (qui démontre l’importance du sujet), Édouard Philippe, s’est rendu au Musée national de l’histoire de l’immigration, pour prononcer son discours convaincu : c’est un « combat » qu’il faut mener sur la Toile, et un combat « plus efficace » qu’il ne l’est déjà.
 
Pour ce faire, ce deuxième plan qui couvre la période 2018-2020 implique de modifier « sans attendre » la loi française. Et qui plus est, de faire pression à l’échelle européenne pour obtenir un nouveau cadre législatif en la matière. Le modèle allemand a été l’inspirateur du projet : outre-Rhin, les grands réseaux sociaux peuvent faire l’objet d’amendes (jusqu’à 50 millions d’euros) si les contenus haineux ne sont pas retirés en 24 heures.
 
« On ne me fera jamais croire que les réseaux sociaux seraient des espaces hors-sol. Pour moi, tout ce qui est publié et diffusé en France (…) doit donc répondre aux lois de la République ». Il faut mater l’excès de liberté sur le net.
 

Enquêteurs et dénonciateurs contre la « cyberhaine »

 
L’étau va se resserrer sur les hébergeurs. L’État voudrait imposer à ceux qui sont établis à l’étranger (on pense évidemment aux réseaux américains, tels Facebook ou Twitter) de désigner « un représentant local, une personne physique, résidant sur le territoire français ». Car, en termes de responsabilité en cette matière, la loi ne permet pas de poursuivre des personnes morales. Le représentant pourra ainsi être tenu pour responsable, au civil et au pénal : l’effacement des messages et même la fermeture des comptes n’en seront que plus aisés.
 
Pour ce qui est des outils français version Big Brother, la plate-forme de signalement de contenus illicites Pharos sera renforcée. Un réseau d’enquêteurs et de magistrats spécifiquement formés à cette lutte sera lancé dès septembre ; « l’enquête sous pseudonyme » pourra même être permise afin d’identifier plus facilement les auteurs de propos haineux.
 
Mieux, le travail pourra venir de la base : un dispositif de « pré-plainte en ligne » élargi aux discriminations, aux infractions de provocation à la discrimination, diffamation et injures racistes sera bientôt expérimenté (il existait jusque là seulement pour les cambriolages… mais le viol des propriétés morales de la République est tout aussi scandaleux).
 
Quant au volet éducatif – car il y en a toujours un – une « équipe nationale de réaction » va être mise en place pour assister enseignants et acteurs de terrain ; et deux bourses de thèse seront créées pour financer des travaux sur le racisme et l’antisémitisme !
 

Des moyens sanctuarisés pour le racisme et l’antisémitisme, mais pas un mot sur le racisme anti-blanc ou l’anti-catholicisme

 
Édouard Philippe a parlé de « moyens sanctuarisés » : autrement dit, politique prioritaire, intouchable. Et pourtant très orientée.
 
Il suffit de voir à qui a été confiée la mission : l’enseignant franco-algérien Karim Amellal qui a coordonné en 2017 une initiative citoyenne de lutte contre la haine, la manipulation et l’extrémisme, la députée de la majorité, d’origine togolaise, Laetitia Avia et le vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Gil Taïeb. Quant aux associations à qui on a demandé leur avis : SOS Racisme, la Licra, L’Union des étudiants juifs de France (UEJF), J’accuse ! et le MRAP.
 
On pourrait lui demander ce qu’il fait des racismes et des discriminations qui touchent à l’identité séculaire française.
 
Pas un mot sur le racisme anti-blanc qui pourrit de plus en plus les réseaux sociaux et la vie quotidienne « réelle » : les scandales britanniques des gangs sexuels pakistanais qui n’en finissent plus de sortir au grand jour en attestent pourtant de la manière la pire qui soit.
 
Pas un mot non plus sur l’anti-catholicisme. Au 31 janvier dernier, le ministère de l’Intérieur a insisté sur le fait qu’il y avait eu, en 2017, une hausse des actions violentes, alors que globalement, le nombre de faits dits « haineux » a diminué sur toute l’année : -34,5 % pour les actes antimusulmans, -7,2 % pour les faits antisémites (ils avaient baissé de -58,5 % en 2016). Et rappelons que les atteintes aux lieux de culte concernent presque neuf fois sur dix des édifices chrétiens (878 faits en 2017 contre 100 faits contre des mosquées ou des lieux juifs) !
 
La République se bat pour ses idées. Si Orwell, avec ses Deux Minutes de la Haine dans son 1984, semble planter un décor inverse, on a néanmoins affaire au même processus : cristalliser la crainte et la colère sur des contrevenants au système pour imposer une pensée unique.
 

Clémentine Jallais