La Californie aura désormais le pouvoir de réglementer les bénéfices réalisés par les raffineries de pétrole de l’Etat sur les ventes d’essence. Le gouverneur Gavin Newsom vient en effet de signer une loi qui autorise la Commission californienne de l’énergie (CCE) à établir une marge bénéficiaire brute de raffinage de l’essence et à imposer des sanctions en cas de dépassement. Fausse bonne idée : les Californiens vont devoir payer plus cher un carburant de moindre qualité, a averti un responsable de la plus grosse raffinerie opérant dans l’Etat, Chevron – qui s’est au demeurant dépêché de délocaliser son siège social californien au Texas.
Cette véritable prise en mains publique de l’industrie du raffinage a été décidée au regard des « bénéfices records » de Chevron qui gagne actuellement un dollar environ par gallon (près de 3,8 litres) d’essence. Mais en fixant une limite, ce n’est pas seulement « l’économie de marché » qui est malmenée : c’est la capacité et la volonté des entreprises de prendre des risques.
Les raffineries de Californie, vaches à lait du socialisme vert
Ainsi, la Californie prélève déjà une taxe de 60 cents par gallon, indépendamment des frais d’investissement et des risques de gestion des raffineurs, pour un total annuel de 7,8 milliards de dollars, tout en empilant les réglementations environnementales et en favorisant les sources d’énergie dites « renouvelables ». Ces mesures socialistes ont déjà abouti localement à une hausse des prix du pétrole dont la production se trouve en quelque sorte étouffée.
Qui est lésé ? Les consommateurs (par ailleurs contribuables) ordinaires, et plus encore les plus fragiles économiquement contraints de se fournir auprès d’entreprises dont les capacités d’investissement et d’innovation se trouvent atteintes. Aujourd’hui, le risque de pénurie est plus grand et les prix grimpent…
Le départ de Chevron, implanté en Californie depuis plus de 145 ans, est en soi une perte pour la Californie. Outre les pénalités sur les marges des raffineries, l’entreprise aura été confrontée à toute une série de politiques étatiques anti-Chevron, notamment des normes sur les carburants à faible teneur en carbone, des taxes sur le plafonnement et l’échange et des restrictions en matière de forage. Rien de tel au Texas…
Chute de la production et hausse des prix : le socialisme en marche
Il n’est pas étonnant que la production de pétrole en Californie ait fortement chuté au cours de ces dix dernières années, que plusieurs raffineries aient déjà fermé leurs portes et que les prix de l’essence aient grimpé en flèche en comparaison avec ceux pratiqués ailleurs aux USA. Le moindre incident de production a dès lors des effets spectaculaires : en 2022, une pénurie subséquente avait abouti à des prix inédits de 9,60 dollars le gallon – près de 2,30 euros le litre !
Mais l’objectif du socialisme n’a jamais été de bénéficier aux plus modestes. On a plutôt l’impression d’une marche vers la mainmise socialiste – à l’instar de celle qui a appauvri de manière si spectaculaire le Venezuela sous Chavez et Maduro – sur les entreprises.
Ce n’est pas un hasard si la Commission de l’Energie de Californie, la CEC chargée désormais de plafonner les bénéfices des raffineurs, a publié un rapport qui évoquait l’idée « d’acheter et de gérer des raffineries dans l’Etat pour contrôler l’approvisionnement en essence et la fixation des prix ». Par miracle, la Commission a tout de même reconnu qu’une telle entreprise rencontrerait des « problèmes juridiques importants » et que l’Etat a un manque d’expérience flagrant en matière de gestion de processus industriels complexes. Mais le rapport s’attarde tout de même sur l’intérêt que pourrait avoir le transfert de la propriété des raffineries à l’Etat s’agissant de l’élimination progressive et ordonnée des capacités de raffinage, à mesure de la baisse de la demande de carburants pétroliers… dictée par le « verdissement » sous contrainte des environnementalistes.
La Commission de l’énergie de Californie reconnaît sa responsabilité
A défaut, la CEC imagine de réglementer les raffineries comme le sont déjà les compagnies d’électricité en laissant l’Etat fixer leurs prix et taux de rendement, en même temps qu’elles devraient consacrer une part de leurs revenus au soutien aux véhicules électriques (et donc à leurs concurrents) et à l’offre de prix subventionnés aux plus pauvres. Là encore, on est presque surpris de voir le rapport reconnaître sans fard et sans honte que les prix exorbitants de l’essence en Californie sont d’ores et déjà liés aux réglementations dites « vertes », aux obligations imposées et à la politique des subventions. Le socialisme, c’est ça, et il s’en vante.
• D’après Le socialisme de style vénézuélien a fait son entrée dans l’industrie du pétrole californien.