Le rapport Chilcot sur la guerre d’Irak et ses suites ont forcé Tony Blair, premier ministre à l’époque, à faire repentance. Le lien entre cette guerre, la déstabilisation du Proche Orient, et le terrorisme, que la presse occidentale a caché depuis 2002, dévoile la dialectique mondialiste.
C’est un passage obligé de la scénographie mondialiste : Tony Blair a fait repentance. A sa manière. Il est « désolé ». Il présente ses « excuses ». Il « accepte la pleine responsabilité, sans exception et sans excuse, d’avoir mené le Royaume-Uni à la guerre ». Le rapport Chilcot, élaboré en sept ans par un ancien haut fonctionnaire assisté d’une équipe de quatorze personnes, accumule les témoignages accablants. La presse anglaise les exhibe et découvre des vérités terribles : Blair avait été averti des dangers d’une guerre en Irak et de ses conséquences, dont la moindre n’est pas, après la division du pays provoquant un bain de sang, la croissance du terrorisme islamique. Les mêmes journaux à l’époque suivaient dans l’hystérie le couple Bush Blair dans la croisade des démocraties occidentales contre Saddam Hussein et ses prétendues armes de destruction massive.
En accablant Blair, le rapport Chilcot prouve que la démocratie existe
Comme le note le Daily Mail, « avec le rapport Chilcot, pour une fois on ne débouche pas sur la mise hors cause des responsables ». Au moment où la démocratie a du plomb dans l’aile en Europe, déconsidérée par la surdité de Bruxelles et des grandes capitales, en matière d’immigration notamment, cette enquête tombe à pic pour en redorer le blason. Cela fait partie du théâtre mondialiste qui vise à cacher la réalité du pouvoir aux yeux du public. Le travail sérieux d’un vieux gentleman britannique prouve qu’il y a un Etat de droit et que les puissants sont des justiciables comme les autres. Le document qu’il a établi montrant la culpabilité de Tony Blair, celui-ci est tenu de s’excuser publiquement.
Décidé à la guerre depuis un an, comme George W. Bush, Blair a accordé volontairement créance à des renseignements douteux, sans tenir compte des avertissements de gens compétents. Selon le rapport Chilcot, « les risques de guerre civile en Irak, l’action de l’Iran pour pousser ses intérêts, l’instabilité régionale, l’activité d’Al Qaïda en Irak étaient explicitement identifiés avant l’invasion.(…) En dépit d’avertissements clairs, les conséquences de l’invasion ont été sous-estimées. » Dès septembre 2002, Jonathan Powell, le directeur de cabinet de Tony Blair à Downing Street, avait annoncé dans une note « une terrible saignée revancharde après le départ de Saddam. Traditionnelle en Irak après un conflit. » Au même moment, Sir Christopher Meyer, ambassadeur d’Angleterre aux Etats-Unis, écrivait : « A côté de l’occupation de l’Irak, la pacification de l’Afghanistan va sembler un jeu d’enfant ».
La guerre en Irak décidée en toute connaissance de cause
On allongerait sans profit la liste des citations. Tout cela, Tony Blair et George Bush le savaient. De même que Colin Powell, le secrétaire d’Etat américain, lorsqu’il agita devant ses homologues tétanisés rassemblés en séance plénière à l’ONU une fiole de poison, savait que l’Irak ne possédait pas d’armes de destruction massive de quelque nature que ce fût. Le renseignement israélien le savait. La mission de l’ONU menée par Mohamed el Baradei le savait. La mission parlementaire française l’avait établi. Et Tony Blair lui-même en avait fait l’aveu implicite dans les dernières semaines de la campagne de communication préparant la guerre en Irak, en changeant le but de guerre principal : désormais, il s’agissait pour lui de « rétablir la démocratie ». Cela dit, la fiction des armes de destruction massive resta massivement active dans les médias et parmi les politiciens occidentaux. Même parmi les adversaires de la guerre en Irak. Chacun a en mémoire le discours prononcé par le ministre des affaires étrangères français Dominique de Villepin. Il a toute une phraséologie un peu pompeuse pour dissuader l’Amérique de partir en guerre mais jamais il ne dit clairement que les armes de destruction massive sont une blague. Seul le ministre des affaires étrangères russes se placera sur ce terrain. Quant à la presse, celle-là même qui accable aujourd’hui Tony Blair, elle fut alors un modèle de servilité et de bourrage de crâne.
L’utilisation du rapport Chilcot par la dialectique mondialiste
Pour nous résumer, le rapport Chilcot dit en 2016 des choses que tout le monde savait dès 2002 tout en le niant. A l’époque, seuls quelques dangereux complotistes, généralement relégués à l’extrême droite, osaient les divulguer. Depuis, doucement, aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, sur le continent, des gens ont parlé, partiellement, mais on peut se demander pourquoi a lieu aujourd’hui ce déballage. Une réponse est, on l’a dit plus haut, pour alimenter le théâtre démocratique afin d’apaiser des peuples agités. Une autre est : pour montrer à ces mêmes peuples que leurs dirigeants les ont entraînés dans des guerres injustes contre un pays arabe et musulman, et les inciter à ne pas avoir d’idées belliqueuses contres les bons Arabes et les bons musulmans, à concentrer leur peur et leur agressivité sur le seul terrorisme.
Mais la dialectique mondialiste jette Tony Blair en sacrifice sur un autel un peu plus subtil : il s’agit pour elle de faire croire qu’il y a eu erreur des dirigeants occidentaux, erreurs dont ils font aujourd’hui repentance (c’était déjà le cas de George W. Bush dans son autobiographie, Moments cruciaux, où il raconte son « envie de vomir » quand il aurait découvert avoir été mal renseigné). Or, il n’y a pas eu la moindre erreur. Tony Blair l’avoue lui-même un peu cyniquement quand, en fin de repentance, il lance que le monde est quand même meilleur sans Saddam Hussein et qu’aujourd’hui, il « aurait pris la même décision » de faire la guerre en Irak.
Malgré sa repentance, Blair a rempli ses objectifs
Si George W. Bush et Tony Blair ont fait la guerre à l’Irak malgré l’assurance qu’il ne s’y trouvait pas d’armes de destruction massive et malgré l’opposition de la majorité de la planète, tout en étant prévenus que cette guerre diviserait l’Irak, raviverait l’opposition entre chi’ites et sunnites et enterait le terrorisme islamique sur le désir de revanche d’une part des Irakiens, sans que le Baas puisse maîtriser le phénomène de sa main de fer, c’est que leur objectif réel n’avait rien à voir avec l’objectif affiché. C’est une constante caractéristique et primordiale de tout processus dialectique mondialiste. En matière d’écologie par exemple, la prétendue chasse à l’effet de serre a pour objectif réel la péréquation socialiste des richesses entre Nord et Sud, le culte de Gaïa et l’avènement d’un gouvernement mondialiste.
En l’espèce, et en Irak, le but de la guerre était précisément ces conséquences dommageables que pointe le rapport Chilcot : la division de l’Irak dans le cadre d’un remodelage du Proche-Orient voulu par les Néo-cons, et l’exacerbation des tendances fondamentalistes dans les islams chi’ite et sunnite, dans le cadre du choc des civilisation. Ainsi le camp du bien mondialiste se créait-il un nouvel ennemi, le terrorisme islamique, qui lui permet deux choses. D’abord le combat qui occupe les foules et facilite le contrôle social, notamment par l’Etat d’urgence et le flicage généralisé, sur internet en particulier. Ensuite la division de l’islam en deux, le méchant terrorisme dont on se protège et les gentils modérés dont on organise la venue massive en Europe et avec qui on pratique le vivre ensemble citoyen. Tony Blair a pu alterner avec talent ses poses contrites et ses mimiques dominatrices, il ne sera jamais poursuivi par un tribunal politique, puisque c’est un artiste et serviteur méritant de la dialectique mondialiste.