Les responsables des hôpitaux du Yorkshire du Nord, autour de la ville d’York en Angleterre, ont officiellement fait savoir que certains patients non méritants vont être privés d’opérations courantes dont ils pourraient avoir besoin, au motif de leur obésité ou de leur tabagisme. Fortement obèses (avec un indice de masse corporelle de 30 ou plus) ou gros fumeurs, il leur faudra prendre leur mal en patience s’ils ont besoin d’interventions chirurgicales de routine comme le remplacement du col du fémur ou la prise en charge d’une pathologie du genou. On pourra leur imposer une attente d’un an. Vous avez dit « rationnement des soins » ? C’est exactement cela. Le NHS, l’assurance santé d’Etat britannique, ne sait plus où se tourner pour trouver de l’argent. Alors il évite d’en dépenser.
La NHS veut priver d’opérations courantes les fumeurs et les gros
La mesure est réputée être la plus radicale en son genre depuis que ces types de rationnement ont commencé à voir le jour. Elle fait fi de la solidarité qui est au cœur des systèmes d’assurances censés subvenir aux besoins de la minorité touchée par des risques divers au moyen des cotisations versées par le grand nombre. Mais voilà, cela fait des années que le NHS étatisé, avec son système de soins gratuits à la mode socialiste, peine à joindre les deux bouts.
Aujourd’hui, c’est un gouffre qu’il s’agit de combler, en évitant, dans l’urgence, qu’il ne se creuse davantage.
Le Collège royal des chirurgiens, association professionnelle reconnue, a qualifié la décision de « la plus sévère que le NHS moderne ait jamais vue » : elle laisse prévoir que d’autres groupements régionaux de l’assurance santé britannique, les « trusts », emboîteront bientôt le pas. Le rationnement des soins deviendrait alors la norme.
Un an d’attente pour les obèses ou tabagiques du North Yorkshire
Dans le cas des obèses du North Yorkshire, l’accès à toute chirurgie non vitale leur sera interdit pendant douze mois, à moins qu’ils n’arrivent à perdre 10 % de leur poids avant cette date. Pour les fumeurs, l’attente devrait être fixée à 6 mois à moins qu’ils n’arrivent à prouver qu’ils ont cessé de fumer depuis au moins 8 semaines, auquel cas ils pourront remonter dans la file d’attente. Pour tous, le fait d’avoir un cancer ou le risque de basculer dans une situation mettant leur vie en danger, ou encore la démonstration qu’ils se trouvent dans des circonstances exceptionnelles devraient aussi permettre d’échapper au retardement délibéré des soins.
Alors que l’augmentation des coûts et des soins se traduit par des dépassements de budgets systématiques – en Angleterre il a atteint les 2,45 milliards de livres en 2015-2016, trois fois plus que lors de l’exercice précédent – les responsables du secteur s’interrogent sur la viabilité de l’accès gratuit et universel aux soins. Le directeur de NHS Providers, spécialisés dans les soins urgents, en est à dire qu’il faudrait passer au rationnement universel : Chris Hopson réclame une « conversation nationale réaliste » pour déterminer combien le pays est prêt à dépenser pour les soins de santé et pour imposer des pratiques uniformes de refus de soins dans l’ensemble du système.
L’assurance santé britannique se tourne toujours plus vers le rationnement des soins
Côté médecins et chirurgiens, on dénonce un système qui décide de laisser délibérément souffrir des personnes qui ont besoin d’assistance médicale au moyen de « réductions de service brutales ».
Mais le rationnement est un corollaire de l’augmentation des coûts à mesure que la médecine devient plus sophistiquée, de la gabegie liée à la socialisation et de la baisse de moyens liée à la fois à l’augmentation de la masse des bénéficiaires par l’allongement de la durée de vie et l’immigration massive, et du rétrécissement des populations actives dans les pays en déclin démographique.
Prochaine étape ? L’euthanasie, forcément…