Un récent article publié par la revue Nature annonce – quasi triomphalement – que l’étude des sclérosponges des Caraïbes prouve que le réchauffement global a déjà dépassé les 1,5° C par rapport aux niveaux pré-industriels pour atteindre environ 1,7°, et que cette augmentation dépasse de 0,5° C l’estimation du GIEC (Groupe d’experts inter-gouvernemental sur l’évolution du climat). Surtout, assure le papier scientifique signé Malcolm T. McCulloch, Winter, Sherman et Trotter, tout cela est dû à l’activité humaine : l’article s’ouvre sur le mot « anthropogénique ». Mais en affirmant que l’étude démontre que le réchauffement imputable à l’homme a commencé au milieu des années 1860, les auteurs tirent surtout une balle métaphorique dans le pied des climato-alarmistes. Ses graphiques proclament tout simplement qu’il n’en est rien, si l’on veut bien comparer les rythmes d’augmentation de la température et les courbes d’émissions de CO2 d’origine humaine, dont on nous dit qu’elles sont responsables du réchauffement.
On nous le dit tellement que cette affirmation de la responsabilité humaine dicte la politique énergétique mondiale, la mise en cause de nos modes de vie, la culpabilisation permanente qui plane sur nos moindres gestes, du chauffage qu’on monte de quelques degrés, au sachet de plastique dans lequel nous glissons honteusement (si on les écoute) nos courses, à cette coupable escapade en avion et à la belle entrecôte qui grésille sur le barbecue.
Or s’il y avait en effet une corrélation entre l’augmentation des émissions de CO2 et le réchauffement, elle se verrait sur les graphiques ; celle-ci précéderait le réchauffement qui à son tour suivrait à peu près au même rythme.
Le réchauffement post-industriel dépasserait les 1,7° C
Ce que montre au contraire l’étude de McCulloch et de ses amis des températures de 1700 à 2010, grâce aux mesures prises sur des squelettes de carbonate de calcium des sclérosponges à longue durée de vie – des éponges de l’espèce Ceratoporella nicholsoni – c’est que le réchauffement des océans a commencé avant une montée significative du CO2, et qu’il suit une tendance grosso modo linéaire depuis 1840.
Pour comprendre, on peut raisonner à partir des données de l’agence américaine NOAA elle-même, telles qu’exposées dans le graphique ci-dessous : on voit bien que les émissions ont peu varié, peu augmenté jusqu’en 1910. Puis, à partir de 1960 environ, elles ont augmenté fortement. Vers 1860, le degré d’industrialisation était bien inférieur à ce qu’il était aujourd’hui, on ne se déplaçait pas massivement en voiture, en avion ou en navire à « énergie fossile », et pour cause, et la population mondiale ne dépassait guère 1,25 milliard d’âmes… Contre 8 milliards aujourd’hui.
Si on compare ce graphique avec ceux de l’étude de McCulloch et autres, on constate plusieurs faits significatifs.
Voyez celui qui est ci-dessous, montrant par petits points colorés les calculs de températures réalisés à partir des squelettes de sclérosponges, qui nous intéressent ici.
On constate une stabilité entre 1700 et le début des années 1850, interrompue par une chute assez significative entre 1800 et 1840, due – les auteurs l’indiquent – à un phénomène remarquable : quatre éruptions volcaniques de grande importance et rapprochées qui ont refroidi les températures globales pendant cette période. Mais si ce refroidissement n’avait pas eu lieu, et compte tenu des températures antérieures retrouvées sur plusieurs années à partir de 1840, on peut imaginer qu’elles n’auraient pas beaucoup changé.
Les températures augmentent ensuite à un rythme soutenu d’environ 1855 jusqu’en 1900 (voir aussi les courbes a et c ci-dessous), alors même – et c’est le point important – que les émissions de CO2 progressent mollement, de manière peu significative, comme le montre le graphique de la NOAA ci-dessus.
La responsabilité du CO2 de fait contestée par l’étude
Rien n’explique pourquoi les températures montent si vite à ce moment-là, et surtout pas le CO2 dont les émissions croissent fort lentement à cette époque.
Le même graphique (et toujours les courbes a et c ci-dessous) montre une montée plus lente des températures relevées d’après les sclérosponges entre 1900 et 1940, alors que les émissions de CO2 se font déjà nettement plus enthousiastes. C’est quasiment une stagnation, en tout cas une sorte de rémission dont on ignore totalement l’origine. Celle-ci, une fois de plus, n’a rien à voir avec le CO2.
Puis l’augmentation des températures reprend à un fort rythme de 1940 à 2010. Avant, donc, la montée très accentuée des émissions de CO2 que l’on constate de manière particulièrement nette à partir de 1960. Mais une fois de plus, il n’y a pas de corrélation entre ces deux courbes. La montée des températures enregistrées à partir des sclérosponges au XIXe siècle apparaît comme un choc suivi d’une augmentation rapide, qui se fait à peu près au même rythme que l’augmentation à partir de 1960 environ : la pente est à sensiblement équivalente (voir toujours les courbes a et c ci-dessous). Encore est-elle édulcorée sur le graphique qui comporte un séparateur à l’année 1950, alors que le changement s’opère plus tard. Ce genre de manipulations visuelles – si l’on peut dire – n’est pas rare dans le domaine du climat, histoire de justifier ce que l’on veut imposer politiquement.
Cette similitude entre les rythmes de réchauffement se voit également bien sur cette autre série de graphiques inclus dans l’article de Nature, spécialement dans les graphiques a et c :
Ce qu’on peut en conclure ? On ne constate pas de relation entre le réchauffement et les émissions de CO2 – et ce d’autant que les graphiques omettent les températures d’avant 1700, le XVIIe siècle ayant connu des températures si basses qu’on parle de « petit âge glaciaire » : la remontée a commencé avant l’ère industrielle, en dehors de toute augmentation du CO2, et elle est commodément ignorée. On ne connaît pas l’origine du réchauffement à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle – on sait juste que ce n’est pas le CO2.
L’absence de responsabilité du CO2 : traquons-le quand même !
Les variations climatiques sont bien là, c’est un fait de la nature ; mais l’homme est bien présomptueux de vouloir les expliquer par le menu, et surtout de les attribuer à sa propre activité. Si présomptueux qu’il n’a pas d’autre moyen que de trafiquer la présentation des données, quand ce ne sont pas les données elles-mêmes…
Notons pour finir que l’étude de Nature est contestée, comme le rapporte Le Figaro, qui fait état de la remise en cause par certains de l’étude des éponges à squelette avec des méthodes élaborée par les coraux, ou encore de la mesure sur des objets se trouvant trop près de la surface de la mer. Mais on n’en tire pas la conclusion : ces divergences, ces désaccords sur les données, fréquents (on le voit notamment dans les graphiques de Nature qui « citent » les chiffres retenus par le GIEC ; voir en particulier la courbe c ci-dessus), sont passés par pertes et profits. On se fiche de savoir si la science est exacte, dès lors que l’objectif politique est connu !