Il fallait y penser : le réchauffement climatique a précipité la guerre civile en Syrie

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Il n’est pas de catastrophe qu’on ne puisse relier au réchauffement climatique, qu’elle soit naturelle ou fabriquée de main d’homme : une nouvelle étude publiée par PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) le 2 mars assure qu’il a servi de déclencheur pour la guerre civile en Syrie. C’est le réchauffement a causé la sécheresse en Syrie, et la sécheresse a créé les conditions qui ont facilité le conflit et de la montée de l’Etat islamique… La goutte d’eau paradoxale qui a fait déborder un vase en ébullition. CQFD.
 
Que les variations démographiques et climatiques puissent créer de l’instabilité et susciter des guerres, c’est entendu. Mais les conclusions des chercheurs de l’University of California, pour intéressantes qu’elles soient, aboutissent principalement à la conclusion que c’est l’homme, en tant que « responsable » du réchauffement climatique, qui est coupable de la situation.
 

Combattre le réchauffement climatique pour contrer l’Etat islamique ?

 
C’est, en somme, une nouvelle pression sur l’opinion : si la guerre civile et l’Etat islamique en Syrie vous font peur, réduisez vos émissions de CO2 et acceptez toutes les mesures globales visant à mettre un frein au réchauffement climatique.
 
L’étude menée par ¬¬Colin Kelley accuse la sécheresse qui a sévi en Syrie de 2007 à 2010 d’avoir précipité la guerre civile en contraignant 1,5 million de paysans et de bergers du nord-est du pays à fuir leurs terres pour aller chercher des moyens de subsistance dans des villes déjà surpeuplées, et soumises à la pression de l’arrivée d’Irakiens fuyant la guerre dans leur pays.
 
C’est la fin du « Croissant fertile », assurent les chercheurs de l’University of California : il est menacé de destruction totale parce que la région, qui englobe la Syrie, une partie de la Turquie, le Liban, Israël et la Jordanie, devrait subir des sécheresses encore plus sévères pendant les décennies à venir, toujours du fait du réchauffement climatique mais aussi de la gestion « non durable » de l’eau, ce qui exposera cette région instable à davantage de conflits. La gestion « durable » de l’eau et des fleuves devrait naturellement être soumise à une autorité internationale.
 

La sécheresse en Syrie a créé une instabilité propice à la guerre civile

 
La Syrie, accusent les chercheurs, n’a pas su gérer le double problème démographique causé par la sécheresse et par l’arrivée massive de réfugiés, qui ont fait augmenter la population urbaine en Syrie de 50% entre 2002 et 2010. En 2010, 20% de la population syrienne étaient des « personnes déplacées ». « Nous ne dirions pas et n’avons même pas tenté de dire que le soulèvement syrien a été causé par le changement climatique », affirme Kelley, mais selon lui « la vulnérabilité du pays avait atteint un tel niveau que tout ce qui manquait était quelque chose qui le fasse basculer ».
 
Un climatologue de Columbia University, Richard Seager, abonde en son sens. « La longueur et la sévérité de cette sécheresse dont la probabilité avait augmenté du fait du changement climatique causé par l’homme ont été des éléments-clef qui ont poussé la communauté agricole vers un seuil où ils n’ont plus eu d’autre choix que de rassembler leurs affaires et de partir. »
 
Les conclusions de l’étude ne se prétendent pas certaines et elles sont d’ailleurs contestées ou relativisées par d’autres chercheurs. Mais c’est leur usage qui est intéressant. L’instabilité du Proche Orient ne date pas d’hier, ni les massacres à la faveur d’un « islam intégral » – ne commémorons-nous pas le centenaire du génocide des Arméniens ? Mais pourquoi se priver d’exploiter des événements qui alimentent la « grande peur » actuelle pour faire avancer les affaires des réchauffistes ?