Deux ans après le référendum approuvant le Brexit et malgré les innombrables mises en garde annonçant l’effondrement économique qui devait s’ensuivre pour le Royaume-Uni, nos voisins d’outre-Manche connaissent actuellement un véritable « miracle de l’emploi ». Si les seniors de plus de 50 ans affichent un taux d’activité excellent, le chômage des jeunes est lui aussi un niveau extrêmement bas tandis que les offres d’emploi sont à un niveau record. Bref, tous les indicateurs sont au vert alors même que l’incertitude persiste sur la mise en œuvre du départ de l’Union européenne – une variable qui ne semble pas affecter le taux de confiance des employeurs.
Il faut dire que les relations contractuelles entre employeurs et employés sont moins codifiées en Grande-Bretagne, où salaires, temps de travail, durée allongée de la période d’essai au bénéfice des deux parties ainsi que de moindres contraintes en cas de licenciement facilitent les embauches.
Les jeunes comme les séniors bénéficient de taux d’emploi record au Royaume-Uni
A l’heure actuelle, le Royaume-Uni compte plus de 10 millions de personnes de plus de 50 ans au travail, selon l’Office des statistiques nationales (ONS). Le sous-groupe qui a connu la plus forte progression est celui des femmes de plus de 65 ans, qui compte désormais 514.000 personnes au travail, deux fois plus qu’il y a 10 ans.
Mais si les personnes plus âgées sont de plus en plus nombreuses à occuper un poste, ce n’est pas du tout au détriment des plus jeunes. Le travail n’est pas un gâteau qui se partage, en voici la preuve : le taux de chômage des jeunes est tombé à 11,3 %, le pourcentage le plus bas depuis 1992, date depuis laquelle on tient des statistiques pour cette catégorie de la population.
Parmi les 16 à 24 ans, 488.000 personnes recherchent actuellement un emploi, soit 40.000 de moins qu’il y a un an. Depuis l’arrivée des conservateurs au pouvoir en 2010, on enregistre même une baisse de 45 % des demandeurs d’emploi parmi ces jeunes.
Le taux de chômage pour l’ensemble de la population active est tombé à 4 %, le taux le plus bas depuis 43 ans. Deux ans après le référendum, serait-ce la concrétisation de l’esprit de liberté qui s’est emparé de la Grande-Bretagne ? Celle-ci comptait 1,36 millions de chômeurs sur la période de mai à juillet, soit 95.000 de moins qu’à la même époque en 2017, et 1,15 millions de chômeurs de moins qu’à l’arrivée des conservateurs au pouvoir il y a huit ans.
La grande peur du Brexit démentie par les chiffres de l’emploi
Cela met le taux de chômage à moins de la moitié de celui affiché dans la zone euro qui a davantage souffert que le Royaume-Uni de la crise financière de 2008, et dont l’économie stagne depuis lors. N’oublions jamais que l’euro devait protéger ses partenaires des secousses liées aux crises… Encore une promesse non tenue. Avec un taux de 8,2 % pour l’ensemble de la zone euro (et encore davantage pour la France), les pays européens participant à la monnaie unique connaissent le plus fort chômage de l’ensemble du monde développé, selon l’OCDE – et toute la misère humaine et familiale qui l’accompagne.
Si le chômage est en baisse constante au Royaume-Uni depuis 2010, une deuxième bonne nouvelle se constate depuis six mois, puisque les Britanniques profitent désormais de la croissance des salaires en termes réels, tandis que la croissance reste solide, avec 0,6 % enregistrés entre mai et juillet, meilleure performance depuis la fin de 2016. Dans le même temps, le déficit commercial se résorbe peu à peu en même temps que les exportations augmentent vers les zones hors UE.
Jamais autant de personnes de plus de 50 ans n’ont travaillé en Grande-Bretagne
Quant au taux d’emploi, la proportion de personnes de 16 à 64 ans en situation de travail rémunéré est actuellement de 75,5 % au Royaume-Uni.
Seul bémol pour le gouvernement : le taux de femmes de plus de 65 ans au travail pourrait signifier une dégradation des conditions de vie alors que l’espérance de vie augmente et que les pensions de base sont parmi les plus mauvaises du monde développé et servies de plus en plus tard, obligeant des personnes qui souhaiteraient partir à la retraite à rester en activité. Le Royaume-Uni a rehaussé l’âge de départ des femmes de 63 à 65 ans, pour l’aligner sur celui des hommes, même pour celles qui ont élevé des enfants. D’ici à 2020, l’âge commun passera à 66 ans et, selon les prévisions officielles, il pourrait atteindre les 70 ans à l’horizon 2050.