
L’immigration n’est assurément pas la seule question politique qui ait conduit au succès du parti « Reform UK » de Nigel Farage qui, en de multiples circonscriptions locales, a supplanté les conservateurs, incapables de convaincre en raison de leur bilan désastreux. Désastreux, il l’est en effet sur le chapitre d’une immigration de plus en plus incontrôlée, dont le parti travailliste au pouvoir ne saurait être tenu pour seul responsable. Mais il l’est encore en matière énergétique : avant de rétropédaler quelque peu, les « Tories » ont imposé la marche forcée vers le « net zéro », traquant les « émissions carbone » à gros renfort de « renouvelables » et de réglementations aussi paralysantes pour l’économie qu’elles sont délétères pour les portefeuilles. Reform UK a fêté son succès inédit – 677 sièges remportés sur quelque 1.600 à pourvoir – en annonçant la fin du « net zéro » dans les conseils locaux où le jeune parti a remporté la majorité absolue, et une âpre lutte là où Reform, grâce à des majorité relatives, peut réellement peser sur les politiques locales.
Reform a pris le contrôle de huit autorités locales aux conservateurs, notamment dans le Kent et le Staffordshire, et a remporté le conseil municipal de Durham ; il a également pris la ville de Doncaster au Parti travailliste. Dans le Lincolnshire, Dame Andrea Jenkyns a été élue maire et le parti a pris le contrôle du conseil du comté.
Le parti Reform mènera sa guerre partout où il a la majorité
La guerre est donc déclarée contre les « projets de développement neutres en carbone » dans les zones rurales où Reform a donné une voix aux gens ordinaires qui n’en peuvent plus du dieu écologie. Richard Tice, vice-président de Reform, a déclaré que le parti utiliserait son nouveau contrôle sur ces dix conseils pour employer « tous les moyens » à sa disposition afin de bloquer les projets renouvelables.
Le Telegraph de Londres rapporte que Tice a d’ores et déjà annoncé qu’il adressera personnellement des courriers aux promoteurs de « renouvelables », pour leur dire qu’« ils ne doivent se faire aucune illusion ».
« C’est la guerre. Nous allons mener une guerre contre vous et vos idées horribles. Si vous pensez que vous allez réaliser ces projets dans le comté de Lincolnshire, vous allez le regretter. Vous allez gaspiller votre argent. Ce sera très douloureux financièrement, alors vous feriez mieux d’emporter votre argent et vos idées stupides ailleurs », veut-il leur écrire. Et d’annoncer sa volonté d’aller au bout des conflits : « Qu’il s’agisse de blocages dans l’urbanisme, de recours judiciaires, de poursuites en justice ou d’avis de santé et de sécurité, nous utiliserons toutes les mesures légales à notre disposition jusqu’à l’extrême pour contrecarrer ces personnes. »
« Net zéro » et « diversité, équité, inclusion » : même combat
Quant aux employés des collectivités locales travaillant sur le net zéro, le « changement climatique » ou la « DEI » (diversité, équité, inclusion), ils se voient ainsi signifier que l’avertissement de Farage selon lequel ils vont devoir « très rapidement rechercher une autre carrière » était on ne peut plus sérieux.
Concrètement, on peut s’attendre à une mise en œuvre de la politique énergétique de Reform, qui comprend des taxes sur le secteur des énergies renouvelables et de nouvelles lois interdisant la construction de nouveaux pylônes, à l’heure où des investissements pharaoniques sont prévus pour acheminer l’électricité des centrales d’éoliennes du nord vers les zones plus industrialisées du sud. Faire des économies et éviter de dégrader les paysages, voilà l’objectif auquel Reform travaille.
Quant aux sectateurs du « net zéro », le nouveau parti compte bien les contrer par tous les moyens : « Nous attaquerons ces personnes et ces idées sous tous les angles et à chaque occasion qui se présentera. Nous attaquerons, nous entraverons, nous retarderons, nous ferons obstruction, nous mettrons tous les obstacles sur votre chemin. Cela vous coûtera une fortune, et vous ne gagnerez pas. Alors laissez tomber et partez. »
La guerre de Tony Blair contre le « net zéro » vise aussi Reform
C’est une révolte populaire qui est ainsi prise en compte et qui commence déjà à faire (provisoirement) trembler le pouvoir établi. Tony Blair, ancien Premier ministre travailliste, grand manitou de la religion écologique et de l’amitié entre les peuples, a adopté un langage anti-« net zéro » la semaine dernière en expliquant à son successeur Keir Starmer que cette politique est « vouée à l’échec » et qu’on ne doit pas demander aux gens « de faire des sacrifices financiers et de changer leur mode de vie alors qu’ils savent que leur influence sur les émissions globales est minime ». Et d’accuser les promoteurs de la neutralité carbone de rendre celle-ci insupportable au moyen d’une « approche qui ne fonctionne pas ». « Les leaders politiques savent à peu près tous que le débat est devenu irrationnel. Mais l’idée de le dire les terrifie car ils ont peur d’être accusés d’être des négationnistes du combat », a poursuivi Blair dans un communiqué de son think tank, proposant d’axer le combat sur la « capture du carbone » alors qu’il devient évident que la demande d’énergies « fossiles » n’est pas près de diminuer.
Qu’est-ce qui dicte ces prises de position inattendues ? Sans doute, la volonté de lever un peu la pression sur la population, quitte à la remettre plus tard. Peut-être, aussi, les réalités d’économies comme celle de la Chine qui n’entendent pas baisser leur consommation d’« énergies fossiles » – elle augmente au contraire : la chose devient de plus en plus difficile à cacher et aussi à défendre face aux braves gens qui n’en peuvent plus des réglementations qu’on impose dans les pays occidentaux développés.
En détournant la stratégie depuis la baisse des émissions vers leur « capture », on ne renonce pas aux postulats initiaux, de nouveaux investissements juteux se profilent et les « mauvais élèves » du net zéro en sortent grandis… Et ainsi Tony Blair se permet-il aujourd’hui de parler d’un « débat hystérique » et de l’impuissance des COP à répétition.
Cela permet de continuer de vilipender les Etats-Unis de Trump, le parti Reform et autres climatosceptiques, tout en créant une soupape de sécurité à l’usage de l’électeur moyen.