« 73 % des réfugiés de Calais ont fait l’expérience de violences policières ou d’attaques de l’extrême droite » – vraiment ?

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L’information est donnée pour incontestable par RT.com (Russia Today, chaîne publique russe émettant notamment en anglais et en français) : les migrants font l’objet de violences, de discriminations et de mauvais traitements de la part des forces de l’ordre en France. Un long reportage sur la Jungle de Calais vient d’être diffusé en illustration des résultats d’un sondage réalisé par un groupe britannique d’aide aux migrants qui milite pour le plus large accueil possible, « Help refugees ». On y apprend que « 73 % des réfugiés ont fait l’expérience de violences policières » ; près de la moitié assurent avoir subi des violences de la part des « citoyens » ordinaires, « le plus souvent de la part de groupes d’extrême droite ».
 
Vraiment ? De telles déclarations sentent la propagande à plein nez : une sorte de réponse du berger à la bergère après les multiples plaintes pour violences et agressions sexuelles attestant la perte du sentiment de sécurité des populations autochtones en Allemagne et en Belgique, à Linz ou à Cologne, en Finlande comme en Suède ou en Hongrie…
 

Les réfugiés de Calais sondés pour dire du mal de la France

 
Arrivés illégalement en France, refusant toute offre d’accueil dans des centres pour demandeurs d’asile ailleurs dans le pays, exigeant un passage rapide au Royaume-Uni, l’El Dorado du moment, les migrants de Calais seraient donc de malheureux persécutés victimes d’un Etat policier où les bandes extrémistes ont libre cours… Puisque la télévision russe l’affirme !
 
La « majorité » des migrants estime avoir été « mal » ou « très mal » traitée par la police ; la plupart ont des « problèmes de santé » liés aux conditions de vie insalubres sur le camp. 41,1 % des 800 personnes interrogées ont goûté aux gaz lacrymogènes, 28,3 % font état de violences physiques (sur elles-mêmes ou non, l’enquête ne le dit pas), 16,7 % évoquent des violences verbales et 1 % des violences sexuelles. 2 à 3 % se disent prêts à se suicider s’ils ne peuvent rejoindre le Royaume-Uni.
 
Que la situation soit explosive à Calais où la population autochtone subit elle-même le contrecoup de l’existence de ces camps de fortune établis par des gens qui estiment pouvoir poser les conditions de leur droit d’asile, on n’en doute pas.
 

Violences policières, attaques de l’extrême droite : « pire que les talibans »

 
Mais le langage employé, les affirmations répercutées par Russia Today sont ceux de l’antiracisme le plus classique, celui qui depuis des décennies désigne toute volonté de préférence nationale comme une forme de discrimination répréhensible et extrémiste. Accusant tour à tour le gouvernement britannique et le gouvernement français, les militants de Help Refugees dénoncent le manque de « respect » pour la « dignité » des migrants.
 
Cerise sur le gâteau, les reporters de Russia Today ont trouvé un migrant qui se plaint de ce que « c’est pire que les taliban » qu’il cherchait à fuir. Un migrant étudiant en médecine qui a créé une caravane-dispensaire « peace and love » raconte comment la police attaque le matin à neuf heures.
 

73 % de victimes persécutés par les autochtones ?

 
Un autre affirme que le gouvernement français est « raciste » pendant que le journaliste se lamente : « les droits de l’hommes sont violés à Calais par négligence ».
 
La Russie, elle, n’est pas parmi les destinations choisies par les migrants ; il est vrai qu’elle règle autrement ses problèmes de minorités. Pour ce qui est du traitement de l’information, il rappelle furieusement ce qui avait cours pendant la Guerre froide – à l’école de la Pravda ?
 

Anne Dolhein