Le poète syrien Adunis Asbar – on le connaît mieux sous son nom de plume « Adonis » – vient de recevoir en Allemagne le Prix de la paix Erich Maria Remarque en Allemagne. Dans un entretien accordé à Die Welt, il a affirmé que la restructuration, la modernisation de l’islam sont des leurres. La chose est impossible, estime le poète – considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands de la langue arabe – qui s’est attiré aussitôt le feu roulant des critiques des partisans du multiculturalisme.
Il est vrai que celui-ci repose sur une idée relativiste : les religions, renonçant à leur prétention à la vérité, pourraient s’entendre sur le dénominateur commun des droits de l’homme ; la foi, au bout du compte, se voit reléguée strictement dans la sphère privée, au nom d’une fausse conception de la distinction du temporel et du spirituel. Pour l’islam, qui ne l’a jamais faite et qui est un totalitarisme politico-religieux, une telle évolution est prônée comme une manière de s’accorder aux temps modernes. Mais est-elle seulement possible ?
La restructuration et la modernisation de l’islam le videraient de sa substance
Pas sans la dénaturer du même coup, répond Adunis Asbar. Lui-même élevé dans la foi musulmane, très grand connaisseur du la langue du Coran, il a déclaré à Die Welt : « Il n’est pas possible de réformer une religion. Réformées, elles sont coupées de leur signification originelle. Par conséquent, des musulmans modernes, un islam moderne, c’est déjà impossible. S’il n’y a pas de séparation entre la religion et l’Etat, il ne peut y avoir de démocratie, spécialement s’il n’y a pas d’égalité pour les femmes. Et alors on reste dans un système théocratique. Il en sera ainsi jusqu’à la fin », a-t-il déclaré.
Il n’est donc pas possible d’« intégrer » des personnes originaires de pays à dominante islamique au sein des sociétés européennes, estime le lauréat du Prix Erich Maria Remarque.
Le poète arabe Adunis Asbar juge impossible l’intégration de l’islam en Europe
Adunis Asbar ne voit pas d’avenir pour le monde islamique. « Les Arabes n’ont plus de force créatrice. L’islam n’apporte aucune contribution à la vie intellectuelle, il ne soulève aucun sujet de débat. Il ne constitue plus une pensée. Il ne produit ni réflexion, ni art, ni science, ni aucune vision qui puisse changer le monde. Cette répétition est le signe de sa propre fin. Les Arabes continueront d’exister, mais ils n’amélioreront pas le monde. »
Lui-même opposant de longue date au régime de Bachar al-Assad, il fait partie de ceux qui ont demandé au « président élu » de la Syrie, comme il le désigne lui-même, de démissionner. « Le régime d’Assad a transformé le pays en prison. Mais ses opposants, les soi-disant révolutionnaires, commettent des massacres de masse, coupent les têtes, vendent des femmes en cage comme des biens de consommation et piétinent la dignité humaine », accuse-t-il.
Pour Adunis Asbar, les « révolutionnaires » ne sont pas indépendants, mais contrôlés par des intérêts américains, saoudiens et européens.
Reçoit-il aujourd’hui des menaces de mort de la part d’islamistes radicaux ? « Bien sûr », répond le poète. « Mais cela m’est égal. Pour défendre certaines convictions, il faut être prêt à risquer sa vie. »