Retour des migrants d’Allemagne vers la Grèce à partir de mars

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L’exception grecque qui perdurait depuis 2011, va prendre fin. L’Allemagne vient de déclarer qu’elle renverrait en Grèce, dès la mi-mars, les réfugiés-migrants arrivés en Europe par le pays d’Homère. Une Allemagne trop heureuse de se calquer sur les directives de la Commission européenne, pour soutenir le durcissement de sa politique migratoire…
 
En 2016, elle a déjà accueilli moins du tiers des 890.000 personnes reçues l’année précédente, soit
 
280.000 migrants – l’équivalence de Bordeaux. Et 2017, année d’élection, doit voir perdurer cette bonne résolution politique.
 

Les migrants de retour en Grèce

 
Berlin, depuis le début de la « crise migratoire », a régulièrement pris ses libertés avec le règlement de Dublin, ouvrant et fermant ses portes aux réfugiés, les gardant ou les reconduisant dans leur premier pays d’accueil européen, selon sa politique du moment… Mais la Grèce en fut toujours exempte. Pour la première fois, depuis 2011, l’Allemagne reconduira ses migrants en Grèce s’ils sont arrivés par là.
 
C’est ce qu’a décidé le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, qui a demandé à l’Office pour les migrants et réfugiés du pays (BAMF) d’appliquer au 15 mars le règlement européen dit de Dublin.
 
Règlement selon lequel, les réfugiés potentiels doivent déposer une demande d’asile dans le premier État membre du bloc dans lequel ils entrent. S’ils se sont rendus dans d’autres pays de l’UE, ils doivent être renvoyés à leur premier point d’escale.
 

« Un fonctionnement normal » du système de Dublin

 
Jusque là, la Grèce était exempte de ce protocole, appliqué ou non par les pays d’accueil pour la raison majeure que les conditions d’accueil y étaient mauvaises.
 
Mais la Commission européenne a ré-autorisé, le 8 décembre dernier, les pays de l’Union européenne à renvoyer vers la Grèce tous les candidats à l’asile ayant pénétré sur le sol européen via ce pays à compter de la mi-mars (exception faite des mineurs isolés) : pour l’exécutif européen, il s’agit simplement de rétablir « un fonctionnement normal » du système de Dublin, qui détermine les règles de répartition des candidats à l’asile dans l’UE.
 
« La Commission estime que la Grèce a fait des progrès significatifs dans la mise en place des structures institutionnelles et juridiques essentielles pour un fonctionnement en bonne et due forme du système d’asile ».
 
Ces derniers jours, elle ne s’est pourtant pas privée de critiquer violemment les conditions de vie des migrants dans les îles grecques, qui vivent sous des tentes, sans eau ni chauffage, à des températures en dessous de zéro…
 

L’horizon des élections fédérales allemandes

 
Une décision qui n’est pas évidemment pas vue d’un très bon œil par la Grèce, fatalement… Le ministre des migrations, Yannis Mouzalas, a déclaré que le cadre juridique actuel était « incapable de répondre aux flux migratoires historiques et laisse aux États membres le fardeau de l’arrivée des migrants ». Surtout la Grèce, premier pays sur la mer Égée.
 
Si le nombre de migrants à rentrer en Grèce a chuté de 79 % par rapport à l’année 2015, passant à 182.500 migrants, les îles sont néanmoins submergées et les moyens inexistants.
 
Mais peu importe à l’Allemagne qui doit renouveler, cette année, à l’été, les 630 sièges du Bundestag. Et l’immigration n’est pas un petit sujet… Depuis octobre, elle avait déjà recommencé à renvoyer des réfugiés syriens dans leur premier pays européen d’arrivée, dans le cadre des accords de Dublin. Mais la Grèce en était encore exclue. Elle ne l’est plus et Berlin compte bien appliquer le processus.
 

280.000 migrants en Allemagne en 2016

 
En 2016, le nombre de demandeurs d’asile arrivant en Allemagne a très nettement diminué pour atteindre 280.000 personnes, selon les statistiques officielles (contre 890.000 en 2015). Les autorités allemandes ont en outre expulsé du pays environ 80.000 réfugiés – dont 55.000 volontaires qui ont encaissé les 3.000 euros de prime mais dont rien ne dit qu’ils ne reviendront pas.
 
Le pays veut développer une politique de rapatriement rapide, via des centres situés à proximité des aéroports et durcir sa législation migratoire.
 
Aux portes des élections de 2017, la chancelière Angela Merkel a promis un « effort national » pour assurer que ceux qui n’ont pas le droit d’être en Allemagne repartiront…
 

Clémentine Jallais