Retour à Montauk se veut un hommage à l’œuvre de l’écrivain suisse-allemand Max Frisch (1911-1991). Il ne s’agit nullement d’une adaptation fidèle, ni même d’une adaptation véritable de la nouvelle largement autobiographique Montauk de l’écrivain (1975) ; le réalisateur l’a explicitement précisé publiquement, et c’est effectivement le cas. Les personnages, comme l’intrigue, sont très significativement différents. Ces personnages s’expriment aussi en anglais et non en allemand, ce qui, bizarrerie pour deux personnages d’origine germanophone dans ce film-hommage, n’est guère crédible.
Un vieux couple, séparé il ne sait trop pourquoi dans les années 1990, sinon une forme indéfinissable de lassitude et de négligence réciproque, se retrouve de nos jours à Montauk. Montauk est une station balnéaire de l’Etat de New-York, terminus de la ligne ferroviaire de Long-Island. L’endroit, qui existe vraiment, est célèbre pour ses longues plages de sable. Vingt ans plus tard, habitant à New-York, où elle exerce le lucratif mais très chronophage métier d’avocat d’affaire, elle est par ailleurs devenue avant l’heure une vieille dame à chats. Lui, écrivain connu, voyage encore et toujours beaucoup de part le monde, et visite de temps à autre son épouse actuelle, plus jeune, dévouée, mais lassée parce qu’il la néglige. Il la néglige même lorsqu’ils se retrouvent dans la même ville, New-York. Se sentant un peu coupable vis-à-vis de son épouse officielle du moment, l’écrivain décide néanmoins de lâchement l’abandonner, sous un prétexte peu crédible, afin d’essayer de renouer avec son grand amour disparu, l’avocate.
Retour à Montauk, long, lent, bavard et creux
L’écrivain sera bien obligé de se rendre compte que les choses ne sont pas si simples. Evidemment, son ex-amour a eu une vie bien remplie, y compris sur le plan sentimental, et douloureuse en l’occurrence, en son absence. Il n’aura même pas été son grand amour à elle. Du reste, elle lui garde rancune de sa négligence passée, la désinvolture avec les dames étant décidément son trait de caractère dominant. Quelle confiance peut-il donc inspirer aux femmes qui le connaissent vraiment ? Peut-on être sexagénaire et encore si naïf ? C’est assez peu crédible à notre avis.
L’ensemble du film ne tient pas, s’avérant long, lent, bavard et creux. L’instabilité des couples ne rend certainement pas les gens heureux, assurément, mais cette morale implicite, enfin semble-t-il, ne réussit pas à structurer un propos diffus, qui s’égare souvent. Dans la vie véritable, les écrivains sont certes souvent des gens d’une décevante médiocrité. Mais ceci ne rend précisément pas Retour à Montauk intéressant.
Hector JOVIEN