David Lisnard, l’entreprenant maire de Cannes, a le vent en poupe du côté des libéraux. Et il a dans son collimateur le système de retraites par répartition qui coûte très cher pour passer à la capitalisation. Première constatation : « Les retraites représentent dans la dépense publique 25 %, c’est-à-dire six points de plus que toutes les collectivités – régions, départements, intercommunalités et communes. » Deuxième affirmation : « La moitié de l’augmentation de la dette depuis 2017, c’est le coût des retraites. » C’est vrai mais il faut préciser deux choses. La première concerne l’autre moitié de cette « augmentation de la dette » : là, il y a des dépenses passées à critiquer vivement (par exemple la politique du COVID) et des dépenses actuelles et futures à éviter (subventions aux associations, coût de l’immigration, inflation de la fonction publique).
Lisnard : le système par répartition ne peut plus durer
La deuxième regarde les retraites : comme il n’est pas question de tailler dans ce qui est dû, il faut, immédiatement, changer le système pour l’avenir. Lisnard s’en rend compte : « Ce système ne peut plus fonctionner, (c’est un) système de circonstances de grande dynamique démographique (à une époque où) on faisait 4-5 enfants par actif. » Il faut donc « vite mettre en place un système de capitalisation, (…) seule façon de sauver nos jeunes, de cesser de les planter par un système social qui sur-prélève ». Et Lisnard critique vivement des générations de politiciens qui n’ont pas osé « dire la vérité » aux Français, et leur prescrivant des cataplasmes sur des jambes de bois : « Ça fait des années qu’on fait des mesures sado-réformistes qui font mal mais qui ne sauvent rien, qui n’aident rien ! » Autrement dit, le modèle français gère mal. Héla, ce n’est pas l’opinion d’un élu en colère, c’est une réalité mesurée par une organisation internationale indépendante, le Mercer Institut, qui a comparé 48 systèmes de retraites dans le monde entier.
A la retraite, un Néerlandais garde son pouvoir d’achat
Il a classé premier celui des Pays Bas à partir de trois sous-indices, le système est-il sûr et sans fraude, est-il viable, et verse-t-il des pensions d’un bon montant. La France est classée deuxième pour le montant des retraites, mais son système n’est ni viable ni sûr. Les Pays-Bas obtiennent une note globale de plus de 84/100, en classe A, la France n’est qu’en troisième classe (B) avec 68 points, en amélioration, mais avec une note rédhibitoire pour la viabilité : elle est classée en D, la catégorie la moins viable. Une simple comparaison des données avec celles des Pays-Bas est terrible. En 2022, un Néerlandais touchait à la retraite 93,2 % de son revenu d’activité : 71,9 % pour un Français. Pourtant le taux de cotisation obligatoire est de 17,9 % pour le Néerlandais, 28 % pour le Français).
Un système mixte capitalisation/répartition
Pour la collectivité, le prix de la retraite est plus lourd en France qu’aux Pays-Bas : il atteint en 2022 11,1 % du PIB aux Pays-Bas, et 14,7 % en France. Tous les cocoricos du monde n’y changeront rien, notre modèle social est un cauchemar, il n’a été viable un temps que quand la France était riche de ses enfants. Quant au système néerlandais, c’est un système mixte. Une part de répartition, financée comme en France par les cotisations des actifs. Une part complémentaire fondée sur des cotisations obligatoires à 150 fonds de pension totalisant 1.500 milliards d’euros en 2023. Et une troisième part laissée à la discrétion des actifs qui peuvent souscrire à une retraite individuelle par capitalisation.