Robert Capa (1913-1954) est le plus célèbre photographe-reporter de guerre. La célébrité comprend sa part d’injustice, sinon de manipulation. Sa légende dorée, par définition excessive, a été contestée sur bien des points récemment. Mais de façon générale, son courage ne fait aucun doute. Il est d’ailleurs mort en action, en sautant sur une mine, en suivant l’armée française en Indochine.
Ses clichés les plus connus, dont bizarrement ceux flous du Débarquement du 6 juin 1944, sont pratiquement tous en noir et blanc. Cette technique est considérée comme évidente, liée aux contraintes du temps, avant d’être un choix artistique.
Pourtant, et c’est l’originalité de cette exposition internationale itinérante Robert Capa et la couleur, de le rappeler, Robert Capa a réalisé de nombreux clichés en couleur, et ce dès les années 1930. La technique est en fait déjà au point, seulement trop chère pour se généraliser encore.
Robert Capa et la couleur : une exposition fort intéressante, voire passionnante
Robert Capa n’a pas réalisé que des photographies de guerre ; en contrepoint de scènes de conflits, sont proposés des clichés de vedettes du sport, de la mode, ou des artistes de l’époque, des années 1940-1950, et reflets aussi d’un temps.
L’exposition propose 150 clichés de Robert Capa. Les compositions sont esthétiquement soignées, marque d’un grand photographe.
Montrées en couleur, les scènes de guerre restent, selon nous, les plus intéressantes ; celles, rarissimes, de la Chine en 1938, alors qu’elle fait face à l’invasion japonaise, aux vues de la Tunisie en 1943, lieu des derniers combats en Afrique du Nord et du premier engagement terrestre massif des Etats-Unis face à l’Allemagne. Sur des bases aériennes d’Angleterre, sont bien montrés les différents avions partant bombarder l’Europe en 1943-1945. On regrettera seulement la pauvreté des légendes : ainsi ce « bombardier », gros quadrimoteur, est évidemment un B-17, mais le type n’est pas forcément immédiatement reconnaissable par le grand public. Plus gênantes, des images riantes de l’URSS de Staline après 1945 auraient mérité davantage de mise en perspective. La petite salle dite d’interprétation ne compense pas ces lacunes.
A regarder donc avec attention, voire d’un œil critiques quant aux messages implicites jamais absents, Robert Capa et la couleur s’avère une exposition fort intéressante, voire passionnante pour les amateurs d’Histoire.
Hector Jovien
Lieu : Château de Tours
Dates : jusqu’au 29 mai 2016 – Fermeture le 1er mai
Information : 02 47 70 88 46
Ouverture : du mardi au dimanche – de 14h à 18h –
* Visite commentée pour individuels les samedis à 15h.
Tarifs : 3 € – 1,50 € tarif réduit – Gratuité pour scolaires et demandeurs d’emplois