Des chercheurs californiens ont établi que le fait de toucher un robot humanoïde produit une réponse physiologique et émotionnelle chez l’être humain. Sous couvert d’une leçon d’anatomie, ils ont placé des volontaires en présence d’un robot, celui d’Aldebaran Robotics, nommé Nao. Le robot leur donnait des instructions : « Parfois, je vous demanderai de toucher mon corps et parfois de le montrer du doigt… »
Les personnes devaient se servir de leur main principale tandis que l’autre avait des capteurs enregistrant la conductibilité de leur peau, capable d’indiquer leur réponse physiologique, voire émotionnelle, selon les parties du corps où le robot demandait qu’on le touche (13 parties possibles). Cette étude, tout récemment publiée par Jamy Li, Wendy Ju et Byron Reeves, sera présentée à la 66e conférence annuelle de l’Association Internationale de Communication à Fukuoka, au Japon le 13 juin prochain.
La réponse physiologique et émotionnelle variait en fonction des parties touchées du corps du robot
L’étude indique qu’alors que toucher des parties du corps comme les mains ou les pieds du robot ne provoquait pas de réaction particulière, toucher en revanche des parties plus intimes comme les fesses ou ce que les chercheurs appellent pudiquement « les lieux moins accessibles » suscitait une réaction chez l’être humain pouvant révéler une gêne ou en tout cas une mobilisation psychique plus grande. Lorsque les émotions et l’attention sont stimulées, le système nerveux sympathique se déclenche, remplissant les canaux sudoripares et augmentant la conductibilité de la peau.
Ces stimuli ont parfaitement fonctionné durant le test : quand les dix participants touchaient le robot, leur réponse physiologique augmentait. Et pour 90 % d’entre eux, une augmentation du phénomène était constatée lorsqu’il s’agissait des « parties plus sensibles ». Par ailleurs, 80 % des participants ont mis plus de temps à toucher ces parties en question. « Il y avait une tendance à traiter le robot comme s’il était soumis à des règles sociales, dit Li, (…) peut-être que les gens considèrent que les robots ayant une apparence humaine sont davantage des personnes. »
Les humains transfèreraient leurs codes sociaux sur les robots
Selon lui, les gens auraient donc tendance à transférer leurs codes humains sur les robots. « Les robots à vocation sociale peuvent susciter des réponses tactiles dans la physiologie humaine. Ce résultat prouve le pouvoir des robots et devrait être pris en compte par les concepteurs de la mécanique et des interactions homme robot, en ce qui concerne les effets positifs ou négatifs de ces interactions », concluent les chercheurs.
Il n’est pas certain que de telles considérations aient été prises en compte par Ricky Ma, un designer de Hong Kong qui a produit un robot ressemblant comme deux gouttes d’eau à l’actrice Scarlett Johansson, qui sourit et fait un clin d’œil quand on lui dit qu’elle est « beautiful ». Pendant combien de temps encore les êtres humains continueront-ils de prendre les robots, dépourvus d’âmes, pour ce qu’ils sont, à savoir des assemblages de métal et de matière plastique, aussi sophistiqués soient-ils ?