Le musée du château du Versailles entend rendre hommage au fondateur de la ville, du palais et du parc, Louis XIV (1643-1715). Le Roi Soleil est en effet décédé il y a tout juste 300 ans, en septembre 1715. L’exposition se concentre sur les cérémonies funéraires qui eurent lieu à cette occasion. Elles ont offert en effet un modèle de pompe funèbre royale baroque.
Le sujet, Le Roi est mort, pourrait sembler spécialisé, sinon morbide. Or, il s’avère absolument passionnant. La première salle est impressionnante, avec la reconstitution du lit funéraire de parade. Contrairement à une idée reçue curieuse, fondée vraisemblablement sur une confusion avec la modestie des cérémonies pour l’enterrement de son successeur Louis XV en 1774, les funérailles de Louis XIV ont bénéficié de toute la solennité requise pour un roi de France, et un Roi Très Chrétien, d’où le caractère fondamentalement catholique qui imprègne toutes les cérémonies, de celles spécifiquement religieuses comme toutes celles à caractère politique, avec les multiples symboles de la continuité de l’Etat.
Le Roi est mort rappelle une époque imprégnée de sacré
L’itinéraire et toutes les étapes des funérailles de Louis XIV sont soigneusement présentés, avec les nombreux acteurs, les costumes et les gestes requis. L’exposition se montre fort didactique, avec des textes explicatifs, s’appuyant sur des originaux d’époque, des mannequins, des tableaux. Des comparaisons intéressantes sont faites avec les cérémonies des prédécesseurs de Louis XIV, dont Henry IV (1610) et Louis XIII (1643), ou le dernier exemple d’un roi mort sur le trône, Louis XVIII en 1824. Il est de même instructif d’observer les rituels assez voisins pour les rois de Grande-Bretagne. La dernière pompe nationale de ce type a concerné le président Sadi Carnot (1894), assez oublié aujourd’hui, assassiné par un anarchiste, et mort muni des sacrements de l’Eglise. Ce cérémonial a encore inspiré de façon lointaine les funérailles du président Kennedy à Washington (1963) et du général De Gaulle (1970).
Le Roi est mort rappelle une époque imprégnée de sacré, convaincue de l’immortalité de l’âme, de la résurrection des défunts. On en est loin aujourd’hui, d’où, même sur le plan esthétique, des cérémonies de plus en plus pauvres, sinon laides.
Hector Jovien
Le Roi est mort, exposition au Château de Versailles.
Ouverte tous les jours, sauf lundi, de 10h à 17h.
Tarifs : 13 euros, gratuit pour les moins de 26 ans résidants de l’UE.
Jusqu’au 21 février 2016.