DOCUMENTAIRE Royal Orchestra •


 
Royal Orchestra est un documentaire, en langue anglaise, qui traite de la tournée mondiale de l’Orchestre Royal des Pays-Bas. Le film s’intéresse aux musiciens et à leur public. Les témoignages des artistes sont presque toujours captivants. La pression est énorme lors des concerts, y compris et peut-être surtout pour ce percussionniste qui ne doit donner qu’un coup de cymbale durant toute une symphonie, et ne doit donc surtout pas le manquer.
 
A dominante néerlandaise, le Royal Orchestra est néanmoins international, avec l’anglais comme langue de travail. Cela nous paraît dommage pour la langue néerlandaise. Cet usage de l’anglais n’exclut parfois pas des accents hollandais, à commencer par celui du chef d’orchestre. Les répétitions, qui constituent le plus gros de l’activité réelle des musiciens, absolument indispensables, sont autant sinon davantage montrées que les concerts. Signalons qu’il est dommage de ne pas indiquer en sous-titre les œuvres interprétées ; le spectateur patient les retrouvera au générique de fin, mais un peu tard. Lorsque l’on en reconnaît 90 % au cours du film, on risque de s’agacer de ses doutes sur les 10 % restant…
 

Royal Orchestra, pour les amateurs de musique classique

 
Etait-il pertinent de montrer autant le public ? Certains portraits d’amateurs émeuvent, comme le chauffeur de taxi de Buenos Aires, seul dans sa famille ou parmi ses collègues à apprécier la musique classique. Seul, au sens propre, et encore plus émouvant, est le vieillard mélomane de Saint-Pétersbourg, qui a souffert des tourments de l’histoire en Russie, dont la mort de son père sous Staline ; sa dernière joie dans l’existence est d’assister aux concerts, avec une passion pour les interprétations de Mahler. Par contre, le politiquement correct dégoulinant risque d’agacer le spectateur notamment à l’occasion de l’excursion en Afrique du Sud, ce qui ne signifie pas que les enfants noirs des bidonvilles ne puissent apprendre le violon.
 
L’idée sous-jacente de Royal Orchestra est que nous sommes tous des êtres humains, donc tous susceptibles d’apprécier la musique classique. Mais à ce niveau d’évidence, où est l’enjeu du film ? Il aurait pu être au moins aussi pertinent de se contenter de montrer le travail des musiciens. Les propos des musiciens sont intéressant lorsqu’ils se concentrent sur leur instrument, leur technique, leur approche des œuvres… Par contre les propos politiquement des plus convenus n’ont aucun intérêt. Certains émettent aussi des théories bizarres : un admirateur de Chostakovitch, très grand compositeur soviétique, veut en faire absolument un résistant au stalinisme, ce qui pour un familier du dictateur, est ridicule.
 
Royal Orchestra, au propos dispersé et inégal, peut donc intéresser au fil de ses pérégrinations les amateurs de musique classique, et vraisemblablement eux seuls.
 

Hector Jovien

 
Royal Orchestra documentaire film