Alors que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, plaide pour la constitution d’une armée européenne, la manœuvre est facilitée par la tendance des pays membres à réduire leurs armées nationales comme peau de chagrin. Les coupes claires dans le budget de l’armée en France retrouvent comme un écho outre-Manche, où les troupes de Sa Majesté font face à des restrictions budgétaires qui pourraient réduire l’armée du Royaume-Uni à 50.000 hommes d’ici à quatre ans.
50.000 hommes : le chiffre le plus bas depuis 250 ans
Elle atteindrait alors son plus bas niveau depuis 250 ans – mais vers 1750, la population britannique n’excédait pas les 8 millions. Elle dépasse aujourd’hui les 64 millions.
C’est un ancien conseiller du gouvernement qui a mis en évidence cette chute spectaculaire du nombre de troupes. Pour arriver à ce chiffre de 50.000 hommes, il faudrait réduire le nombre actuel de personnels de l’armée de 42.000 : selon le Royal United Services Institute (RUSI), les budgets de la défense pourraient bien se rétrécir encore de 10% au cours de la prochaine législature : on sait en effet que, quel que soit le vainqueur des prochaines élections, les coupes budgétaires sont à l’ordre du jour de tous les grands partis.
Royaume-Uni : le peuple britannique veut le maintien de son armée
Les actuels membres du gouvernement n’ont pas donné de signal quant à leur volonté de répondre à l’exigence de l’OTAN de voir les budgets de la défense des pays membres atteindre au moins 2% du PIB ; lors d’une récente interview le Foreign Secretary – ministre des Affaires étrangères – Philip Hammond a refusé par sept fois d’affirmer qu’il n’y aurait pas de coupes supplémentaires dans le budget de l’armée britannique.
Le Royaume-Uni s’est engagé dans une logique impitoyable de réduction de ses forces armées : elles sont en train de passer de 102.000 à 82.000 hommes dans le cadre défini par le gouvernement actuel : pour RUSI, les prochaines coupes pourraient représenter 40% de l’ensemble.
L’ancien chef de l’armée britannique, Lord Dannatt, a averti que les prédictions laissent présager que le Royaume-Uni pourrait voir son « état de préparation opérationnelle » fortement réduite. Soulignant que dans un contexte de restriction budgétaire, on privilégie toujours le matériel sur les hommes, il a ajouté que le bon calcul électoral exigerait de revenir sur ces choix : « Les gens ont bien raison d’être inquiets à propos de notre sécurité, étant donné le contexte mondial actuel. »