Royaume-Uni : la justice donne raison à Teri Cumlin, jeune femme licenciée après avoir refusé d’avorter

Royaume-Uni : la justice donne raison à Teri Cumlin, jeune femme licenciée après avoir refusé d’avorter
 
Le patron de la jeune Teri Cumlin, 22 ans, vient d’être condamné à lui verser la somme de 12.000 £ après avoir été reconnu coupable de licenciement abusif, à Glasgow en Ecosse, au Royaume-Uni. L’année dernière, la jeune femme avait été renvoyée par son patron de l’entreprise de collecte de fonds pour œuvres charitables dans laquelle elle travaillait, pour avoir refusé d’avorter le bébé qu’elle attendait !
 
Le jour où Teri Cumlin a annoncé à son patron Mark Robertson qu’elle attendait son second enfant, en juillet dernier, celui-ci lui a répondu que sa vie était « foutue ». « Il a commencé à me hurler dessus, me disant combien j’étais stupide et qu’il ne pourrait pas me garder. C’était atroce » raconte la jeune femme.
 
Son patron l’a licenciée.
 

Pour le patron de la jeune femme enceinte, cette grossesse signifiait une « vie foutue »

 
La jeune mère de Thomas, qui a désormais quatre mois, se souvient : « J’ai été abandonnée sans rien. Je n’avais pas d’argent, j’avais peur de perdre ma maison. C’était une période atroce. »
 
Elle accuse son patron : « J’avais une petite fille et j’étais enceinte, il le savait mais il a quand même fait ce qu’il a fait », c’est-à-dire la licencier.
 
Avant le licenciement, Teri Cumlin se souvient de l’extraordinaire pression que son patron a tenté d’exercer sur elle : « Il m’a dit : “Veux-tu être la fille de Maryhill qui a des bébés de différents pères ?” Il me disait aussi : “Si tu veux faire carrière, je te conseille d’avorter ton bébé.” ».
 
La jeune femme a refusé net, expliquant à Mark Robertson qu’il était hors de question qu’elle aille se faire avorter – d’autant qu’elle savait la détresse que cause la perte d’un enfant : elle avait subi une fausse couche quelque temps auparavant.
 
« J’étais en train de pleurer dans la rue mais il m’a dit que je me forçais moi-même à pleurer. Il m’a dit que tout était de ma faute. Je suis heureuse du jugement aujourd’hui, mais cette histoire a été tellement stressante… », raconte encore Teri Cumlin.
 

Teri Cumlin, mise sous pression par son patron, a été licenciée après avoir refusé d’avorter

 
Elle énumère aujourd’hui les humiliations qu’elle a subies de son patron au travail, devant tous ses collègues : il lui a refusé de rester à l’ombre lorsqu’elle se sentait mal un jour de grosse chaleur ; il lui reprochait d’aller trop souvent aux toilettes ou de boire en trop grande quantité…
 
Il est arrivé plusieurs fois que Mark Robertson renvoie son employée à la maison sans la payer, lui précisant qu’elle n’était pas « faite pour le travail ». Il lui a également changé ses horaires afin de pouvoir l’humilier devant ses collègues en prétendait qu’elle était en retard.
 
Teri Cumlin avait informé la direction du comportement de son patron et de la perte de sa place de chef d’équipe en raison de sa grossesse, mais personne n’avait réagi. En décembre dernier, elle était licenciée pour « mauvaise conduite ».
 

La justice du Royaume-Uni a condamne le patron pour licenciement abusif

 
Le juge du travail a jugé que la jeune maman a subi un licenciement abusif et discriminatoire.
 
En février dernier, elle accouchait du petit Thomas, un mois en avance, par césarienne.
 
Ce dernier a dû passer un mois en soins intensifs et Teri Cumlin a eu du mal à vivre cette période : « Thomas va vraiment très bien aujourd’hui, mais il m’a fallu du temps pour m’attacher à lui. J’ai tellement inquiète pour l’argent, ma maison au lieu de me concentrer sur cet enfant (…) Quand mon bébé était en soins intensifs, je ne pouvais m’empêcher de penser à ce que mon patron m’avait fait. J’étais vraiment en colère. »
 
L’avocat Agnes Maxwell-Ferguson, du groupe EMC Solicitors qui défendait Teri Cumlin, a jugé qu’il était « stupéfiant » qu’une organisation charitable fasse preuve d’une « attitude victorienne aussi dépassée » : « Nous espérons que ce cas va montrer aux employeurs qu’un tel comportement envers les femmes enceintes ne peut être toléré. »
 

Béatrice Romée