Vingt-quatre après l’annonce du départ du co-président du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, François de Rugy, son homologue au Sénat, Jean-Vincent Placé, quitte également le navire en annonçant vendredi son départ d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), et son intention de fédérer un rassemblement d’écologie « réformatrice » loin de la « dérive gauchiste et sectaire » de son ancien parti.
Le reproche somme comme un écho à celui formulé, la veille, par François de Rugy. EELV se déchire spécialement depuis que se repose, pour certains, la question de la participation au gouvernement. Mais nombreux sont ceux qui entendent demeurer sur la ligne qui avait justifié le départ du gouvernement de Cécile Duflot et de Pascal Canfin en mars 2014, et qui envisagent plutôt un rapprochement avec le Front de gauche.
Après François de Rugy, Jean-Vincent Placé
« Je pars, a donc déclaré le sénateur de l’Essonne. Ce n’est pas de gaieté de cœur », mais EELV est « un astre mort, une structure morte qui donne aujourd’hui une vision caricaturale et politicienne de l’écologie ».
« Je suis un responsable politique, je veux faire de la politique, je veux peser sur les choses »… Qu’entend-il exactement par là ? Jean-Vincent Placé précise : « Je souhaite fédérer autour de moi avec François de Rugy et différents amis écologistes notamment de Génération Ecologie et du Front Démocrate, avec Yves Pietrasanta, avec Jean-Luc Bennahmias, un grand mouvement de l’écologie réformatrice et non pas une écologie refermée, sectaire, identitaire et tournée vers l’extrême gauche comme on le voit aujourd’hui. »
Sur le plan des idées, il définit l’écologie réformatrice comme celle « qui assume la mondialisation, qui est pour l’Europe fédérale, qui aime la République, qui aime la laïcité, qui bien sûr s’inscrit dans l’économie de marché et veut bien sur faire changer les choses ».
Le navire écologiste fait eau de toutes parts
La précision ne nous apprend pas grand-chose. Au fond, le seul point pratique de divergence repose sur la nature de l’accord avec le PS. Comme François de Rugy, Jean-Vincent Placé entend que l’écologie soit représentée au gouvernement, parce que, le Parlement ayant de moins en moins de réalité, d’épaisseur si l’on peut ainsi parler, c’est la seule manière envisageable, pour lui, de peser sur l’action politique.
En l’état actuel de l’exercice de la démocratie, ce n’est pas nécessairement faux, même si cela ne signifie plus, du fait notamment de l’Union européenne, ce que cela pouvait représenter par le passé.
Dans le sillage du PS
C’est en tout cas pour cette raison qu’il se dit hostile à une candidature écologiste à l’élection présidentielle de 2017. « Les idées écologistes sont évidemment essentielles, seulement voilà, elles ne peuvent pas être portées dans une candidature croupion qui ferait 1 %, 2 % », estime-t-il en une affirmation qui a au moins pour elle d’être une preuve de réalisme.
C’est également pour cette raison qu’il veut marcher avec les socialistes. Et qu’il précise : « Il faut évidemment s’appuyer sur le bilan du président de la République François Hollande. »
Là, beaucoup plus évidemment encore, on comprend mieux pourquoi, de peur de tomber, un certain nombre de ses camarades sont en train de se rapprocher du Front de Gauche…