C’est un tout petit fait-divers. Pas un mort, à peine trois blessés légers, ni voiture, ni poubelles, ni matériel urbain, ni école, ni gymnase ni commissariat incendié, bref, cela ne vaudrait pas une ligne dans le quotidien désormais dangereux des Français si ce n’était en fait un séisme social, une véritable déclaration de guerre urbaine ouverte par vingt ou trente voyous à la police. Cela s’est passé dimanche vers 19 heures à la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis. Plusieurs dizaines de jeunes vêtus de noir ont attaqué deux voitures de police municipale avec des barres de fer et des barrières, et, dépassés, les policiers ont dû fuir pour ne pas être molestés.
A Saint-Denis la police n’est pas chez elle
L’important est que la chose ait eu lieu en pleine paix. Des guet-apens contre la police, les pompiers, on en connaît. Des violences extrêmes dans les émeutes urbaines, on connaît aussi. Mais la police était là pour une opération de routine, un simple rodéo urbain comme la France en connaît des dizaines chaque jour. Et certes la Cité des Francs-Moisins, avec ses 1979 logements sociaux, avec ses voisins des Cosmonautes, de Cristino, Garcia et Landy appartenant à La Courneuve et Aubervilliers, est classée quartier prioritaire. Mais ce n’est pas le pire, et c’était un jour de fête, la rupture du jeûne du Ramadan. La dame qui a filmé la scène de sa fenêtre était d’ailleurs catastrophée : « Regardez comment ils vont casser les voitures des policiers. Le jour de l’Aïd (la fête musulmane marquant la rupture du jeûne du mois de ramadan, NDLR), c’est pas bon. » Finalement la police nationale est venue en renfort avec des LBD, appréhendant deux personnes, mais le message envoyé par les « jeunes » à la police était clair : Nous sommes chez nous et c’est nous qui faisons la loi chez nous.
Les juges ont lancé à Nanterre la guerre urbaine contre la police
Les syndicats de la police ont compris tout de suite l’enjeu. « A Saint-Denis, des voyous attaquent des collègues policiers municipaux en pleine rue, en toute impunité. Des scènes de guerre urbaine. Voilà le quotidien de ceux qui portent l’uniforme. Soutien total aux collègues de la police municipale. L’autorité doit être restaurée », a écrit le syndicat Alliance sur X. Linda Kebab, secrétaire nationale du syndicat Unité a été encore plus claire : « A force de laisser faire, de trouver des excuses, de ne jamais sanctionner, de remettre la parole des policiers en doute, voire de les sanctionner eux, voilà le résultat. Demain, encore pire. Parce qu’il n’y aura pas de réponse. Parce que pas un de ces délinquants n’ira un seul jour en prison. Parce que les parents ne seront pas sanctionnés. Parce que les policiers contraints de fuir cette fois seront contraints de le faire à chaque fois faute de réponse institutionnelle ferme. » L’ancien ministre Pierre Lellouche a ajouté : « Ce n’est pas du vivre-ensemble, c’est du vivre à côté et dans la peur. » Et l’eurodéputé Matthieu Valet a conclu sur X : « Après l’affaire Nahel, j’avais prévenu. Sacrifier un policier sur l’autel de la paix sociale dans les cités : vous aurez le déshonneur et la guerre », a-t-il écrit, faisant allusion aux réquisitions du parquet de Nanterre de renvoi pour meurtre du policier auteur du tir ayant tué Nahel Merzouk à Nanterre en juin 2023.