Pedro Sanchez veut compenser la dénatalité en Espagne par beaucoup de nouveaux immigrés

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Entrez, entrez, on vous attend ! Le Premier ministre socialiste d’Espagne, Pedro Sanchez, veut faciliter la vie aux nouveaux immigrés, qui seront, il l’a promis, mieux accueillis, accompagnés, soulagés des obstacles administratifs qui entravent leur installation. Et tant pis pour les Espagnols qui voient d’un mauvais œil l’afflux de réfugiés et autres migrants : ce sera à eux de changer. En substance, Pedro Sanchez leur a déclaré qu’ils n’auront pas le choix : la dénatalité est telle en Espagne que la vie économique en est perturbée. La population autochtone fait défaut ; il va bien falloir compenser…

Ainsi, les migrants sont-ils présentés comme indispensable à la prospérité : « L’Espagne doit choisir ; sera-elle un pays ouvert et prospère ou un pays pauvre et enfermé ; c’est aussi simple que cela », a déclaré mardi Sanchez aux Cortes. Question d’humanité, sans doute, mais surtout le seul moyen « réaliste » de maintenir la croissance et de sauvegarder l’Etat-providence dans un pays qui affiche l’un des plus bas taux de fertilité de l’Union européenne…

 

Dénatalité historique en Espagne

En effet, avec 1,19 naissance vivante par femme en 2023, l’Espagne n’est dépassée que par Malte au tableau du refus de la vie, et connaît en outre une accélération importante : le nombre de naissances a chuté de 2 % en un an entre 2022 et 2023, après près de 25 % de dégringolade au cours de la décennie précédente. En clair, elle a eu en 2023 près de moitié moins d’enfants qu’il n’en faut pour assurer le remplacement des générations.

Sanchez a expliqué aux parlementaires que « tout au long de l’histoire, la migration a été l’un des grands accélérateurs du développement des nations tandis que la haine et la xénophobie ont été – et sont toujours – les plus grandes destructrices des nations ». « La clef, c’est de bien gérer », a-t-il ajouté. L’immigration, une chance… L’air est connu, mais ce n’est pas pour rien que de nombreuses populations, ayant eu à en faire l’expérience, ne sont pas convaincues. Sanchez a préféré accuser les sceptiques d’avoir faussé les données et répandu des « stéréotypes ».

Les demandeurs d’asile, a-t-il lancé, lui font penser aux 120.000 Espagnols qui ont quitté les Canaries sur des embarcations de fortune il y a des décennies pour rejoindre le Venezuela en 1949. Et d’ajouter : « Plus de deux millions d’Espagnols ont émigré au cours de l’ère Franco, dont plus de la moitié de manière irrégulière. » « Il nous appartient, surtout aujourd’hui, d’être cette société accueillante, tolérante, solidaire qu’ils auraient aimé trouver au-delà des Pyrénées ou de l’Atlantique » : la manipulation de l’histoire n’est jamais loin.

 

Pedro Sanchez s’appuie sur l’UE pour réclamer l’ouverture aux immigrés

Pour Sanchez, l’Espagne est victime de « stéréotypes » et de « fake news » au sujet des migrations : il assure qu’au cours des dix dernières années, 94 % des nouveaux arrivés étaient entrés de manière légale, dont 40 % de Latino-américains, 30 % d’autres parties d’Europe et 20 % venus d’Afrique : « On parle d’un flux de migration divers qui n’a rien à voir avec l’image diffusée par l’extrême droite. » Les migrants ont selon le Premier ministre socialiste plus de chances d’être au travail que les natifs espagnols, et moins de faire appel aux services sociaux ; les taux de délinquance sont en outre similaires dans les deux groupes si on tient compte de l’âge et des revenus.

Assurant qu’il faut « apprendre à respecter » le fait que « beaucoup de jeunes n’ont pas d’enfants parce qu’ils n’en veulent pas », Sanchez a soutenu que l’Espagne peut mieux faire que le reste de l’Europe pour accueillir les étrangers dont le manque d’« intégration » explique selon lui le succès du discours d’« extrême droite » : le gouvernement mettra en place un « plan d’intégration et de convivialité interculturelle », les fonds sont prêts.

De toute façon, a-t-il fait comprendre, il n’y a pas le choix : « La moitié des entreprises espagnoles ont déjà du mal à combler leurs besoins de main-d’œuvre. A partir de 2025, la population européenne rétrécira. Au cours des prochaines années l’Europe perdra 30 millions de personnes en âge de travailler. » Pedro Sanchez affirme que les naissances ne suffiront pas : « aucun pays développé au monde n’y a réussi » ; il faut donc faire venir des étrangers.

 

Sanchez crée un appel d’air en Espagne

Il a annoncé aux députés que l’Espagne a d’ores et déjà demandé à la Commission européenne d’accélérer l’entrée en vigueur du Pacte européen sur la migration, et il s’appuiera parallèlement sur les directives européennes pour faciliter l’octroi de permis de séjour de longue durée selon une procédure simplifiée, tandis que les clandestins en mesure de prouver qu’ils ont vécu deux ans en Espagne, et non trois comme c’est actuellement le cas, auront aussi plus facilement accès à un permis de séjour.

Tout cela ne serait pas complet si l’on n’y ajoutait une simplification du regroupement familial pour les naturalisés espagnols : Sanchez a promis qu’il pourra être demandé au profit d’ascendants jusqu’à leurs 80 ans.

L’Europe de Schengen étant ce qu’elle est, c’est une porte grande ouverte vers une bonne partie de l’UE qui se met en place.

Santiago Abascal, président de Vox, a accusé le discours pro-immigration du gouvernement Sanchez d’être un « chant de sirène » dont les premières victimes seront les migrants morts en mer pour l’avoir écouté.

 

Anne Dolhein