Nouveau scandale à l’ONU : un audit interne mené par l’OIOS (bureau des enquêtes internes) a mis au jour ce qui s’apparente à un système de corruption. Ce rapport de 21 pages a été fait à la demande du Secrétaire général Ban Ki-moon à la suite d’accusations contre John Ashe, président de l’Assemblée générale en 2013-14, et d’autres employés. Ledit rapport, consultable par les Etats-membres à la demande, accorde une appréciation « partiellement satisfaisante » à l’ONU, soulignant des « déficiences importantes » dans la manière dont elle interagit avec des ONG et des employés d’outre-mer.
Le plus gros scandale de corruption à l’ONU depuis l’opération Pétrole contre nourriture.
Il s’agit du scandale le plus important depuis celui de l’opération Pétrole contre nourriture sous le mandat du prédécesseur de Ban Ki-moon, Koffi Annan. Une nouvelle affaire qui met en évidence la nécessité de plus de transparence dans l’organisation. L’OIOS demande des améliorations dans la gestion des risques et des contrôles à la lumière des fautes mises au jour : un document falsifié, des dépenses de voyage payées par des ONG, des employés acceptant des IPads à 599 dollars offerts par une organisation dirigée par un individu inculpé…
L’audit suit une enquête américaine ayant donné lieu à des accusations à l’encontre de sept personnes dont Ashe, un ancien ambassadeur d’Antigua-et-Barbuda. Ashe aurait perçu 1,3 millions de dollars en pots-de-vin d’hommes d’affaires chinois parmi lesquels Ng Lap Seng, un milliardaire de l’immobilier, détenteur du Sun Kian Ip Group qui cherchait à construire un centre de congrès sponsorisé par l’ONU à Macao… Francis Lorenzo, ex-ambassadeur adjoint suspendu de l’ONU, originaire de République Dominicaine, accusé d’avoir facilité les pots-de-vin en question et d’en avoir perçu lui-même, a plaidé coupable en mars et accepté de coopérer avec les autorités américaines.
En réponse à l’audit révélant le scandale de corruption, de « possibles mesures disciplinaires »
Une certaine Sheri Yan, responsable de la Global Sustainability Foundation, une ONG basée à New York, et Heidi Hong Piao, directrice financière, accusées d’avoir fait la courte échelle à Ashe, ont également plaidé coupable. Leurs avocats n’ont pas souhaité s’exprimer sur le sujet pour l’instant.
Pour Stéphane Dujarric, porte-parole de l‘ONU, le Secrétaire général s’est montré satisfait de l’efficacité des contrôles révélée par l’audit, mais les irrégularités constatées sont préoccupantes : « Des instructions ont depuis été données pour renforcer les procédures dans les services et bureaux concernés, et des mesures ont été prises pour établir les responsabilités et mener les actions requises, pouvant inclure des mesures disciplinaires ». Il a ajouté que l’ONU s’était engagée à coopérer avec les autorités américaines.
L’irrégularité la plus grave mise au jour par l’OIOS concerne une lettre du 24 février 2012 adressée par Ashe à Ban Ki-moon en faveur du centre de Macao, qui fut « remise à jour pour des raisons techniques » le 6 juin 2013. La lettre amendée, indispensable pour favoriser les plans du Chinois, aurait dû faire l’objet d’une « révision » et non être ainsi remise à l’ordre du jour (l’OIOS rappelle que les entreprises commerciales ne doivent pas figurer sur les documents officiels des Nations unies, sauf exception).
Une affaire qui révèle une nouvelle fois la collusion entre l’argent, des ONG et l’ONU, pourtant soucieuse de garder une image de respectabilité aux yeux du monde.