Le Sénat étudie la loi de transition énergétique, et veut y réintroduire le nucléaire que le gouvernement, dans une optique écologique (ou de rapprochement avec les écologistes ?), cherche à réduire. La dispute risque de se prolonger. Etudiant le « projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte », adopté en première lecture par les députés au mois d’octobre dernier, les sénateurs veulent redonner vigueur à l’atome avant le vote solennel prévu le 3 mars. Mais le gouvernement entend bien s’y opposer et le ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, promet toujours d’engager la France vers « un nouveau modèle énergétique ».
La majorité de gauche de l’Assemblée nationale avait soutenu l’engagement de François Hollande de réduire de 75% à 50%, dans les dix années à venir, la part de l’électricité d’origine nucléaire. Au profit, notamment, de l’éolien… De son côté, la majorité de droite du Sénat fait effectuer au balancier le mouvement inverse. Avec des nuances. Le Sénat n’entend pas s’opposer absolument à la réduction du nucléaire, mais entend bien « préserver l’indépendance énergétique de la France », et « maintenir un prix de l’électricité compétitif ». Avec une échéance qui n’est plus définie. Et surtout, à la veille de l’ouverture du réacteur de Flamanville, dans la Manche, de conserver ouverts les 58 autres réacteurs actuellement en service.
Dispute : le Sénat pour le nucléaire
« Le nucléaire est un atout pour la France et, parce qu’il est une énergie totalement décarbonée, un allié objectif de la transition énergétique », affirme ainsi Ladislas Poniatowski, sénateur UMP de l’Eure et rapporteur de la commission des affaires économiques. D’autant que le Sénat juge « irréaliste » de décider aujourd’hui « le niveau qu’atteindra cette consommation en 2050 ».
D’ores et déjà, le compromis s’annonce difficile, même si les tractations s’annoncent multiples. Le président de la commission du développement durable à l’Assemblée, Jean-Paul Chanteguet, député socialiste de l’Indre, annonce haut et fort qu’il votera « contre un texte ne respectant pas les engagements du président de la République ».
Le gouvernement réaffirme son opposition circonstanciée
De son côté, Manuel Valls a mis les pieds dans le plat, en promettant jeudi, à l’occasion du colloque du Syndicat des énergies renouvelables, de tenir l’objectif présidentiel de ramener à 50% d’ici 2025 la part du nucléaire dans l’électricité française. Tout en affirmant, histoire de ne contrarier personne, que le nucléaire « gardera une part importante », et demeurera « une filière d’avenir ».
Un verbiage qui ne suffira pas à régler une question présentée, de ce fait, comme la quadrature du cercle.