Le voile intégral est interdit depuis mardi dernier au Sénégal, pays pourtant à 95 % musulman, à la suite d’une déclaration du président Macky Sall estimant que la burqa « ne correspond pas à notre conception de l’islam », plus modérée. Dans la région, le Tchad, le Cameroun et le Gabon ont déjà interdit cet habit.
 
Les autorités sénégalaises n’ont cependant pas communiqué officiellement sur cette décision d’interdiction du port de la burqa, mais elle a néanmoins été notifiée à l’administration territoriale (à savoir les gouverneurs de régions, les préfets et sous-préfets) et aux services de sécurité de l’ensemble du territoire national, avec effet immédiat.
 
Cette décision fait suite à une déclaration du président Macky Sall, lors de l’ouverture, le 9 novembre dernier, du Forum international sur la paix et la sécurité, auquel participaient plus de 800 personnalités civiles et militaires du monde entier.
 

L’interdit contre la burqa

 
« Le port du voile intégral ne correspond ni à notre culture, ni à nos traditions, ni même à notre conception de l’islam », avait alors affirmé le président de la République sénégalaise, en soulignant que son pays devait avoir « le courage de combattre cette forme excessive de nous imposer une manière d’être ». Avec, en guise de conclusion, cette affirmation très simple : « Nous ne pouvons pas accepter qu’on nous impose des modèles d’habillement venus d’ailleurs. »
 
Lundi dernier, c’était au tour de Abdoulaye Daouda Diallo, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique d’affirmer que, bien que son pays ne soit pas à l’abri du terrorisme religieux, « l’Etat restera(it) intransigeant sur l’interdiction de porter le niqab ». Et ce d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une mesure visant à affaiblir l’islam.
 
Mardi, le quotidien sénégalais L’Observateur affirmait que cette décision faisait suite à la demande des forces de sécurité du pays. Elles ont notamment rappelé au président que la prévention du terrorisme passe par la possibilité d’identification de tous les citoyens. Et le port du voile intégral ne permet évidemment pas cette identification.
 

Le Sénégal combat l’islamisme

 
Le président Macky Sall a été d’autant plus enclin à accepter leur requête que, au mois de juillet déjà, il appelait à « l’action contre l’islamisme ». En ce sens, il a déjà interdit tout prêche radical dans les mosquées.
 

François le Luc