Hidalgo, Schiappa, Rihanna, chèvre, Castaner, tour de France :
qu’est-ce que le sexisme ?

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Le sexisme est d’actualité. Les hôtesses du tour de France en seraient victimes. Les députés républicains poussent des cris de chèvre. Castaner critique la mise de Rihanna. Rayski traite Schiappa de « reine des s… ». Et Anne Hidalgo blâme le « sexisme ordinaire » d’un maire. Sexisme : un crime dont l’accusation est partout, la définition nulle part.
 
La caravane du tour de France concourt à la joie du mois de juillet par des moyens qui lui sont propres. Des hôtesses distribuent des objets publicitaires, aspergent le public d’eau minérale, sourient. A l’étape, sollicitées par la presse, elles se plaignent du sexisme du public. Comment se manifeste-t-il ? Ce n’est pas très clair. L’une a parlé de « jet d’urine ». C’est singulier, de conserver de l’urine dans une bouteille pour la jeter sur une hôtesse qui vous asperge, c’est bête, c’est sale, c’est méchant, peut-être maladif. Mais en quoi serait-ce du sexisme ? On ne nous l’explique pas.
 

L’interview « inappropriée » d’un coureur du tour de France

 
Toujours sur le tour de France, le coureur Jan Bakelants a donné une interview qu’il estimait humoristique, dans laquelle il affirmait emporter dans sa valise une provision de préservatifs parce qu’on « ne sait jamais où les hôtesses vont sortir ». Son « sexisme » a « mis le directeur du tour  en colère », et il a dû faire ses excuses. Il a regretté sans tarder des propos « inappropriés ».
 
Le mot est à retenir. Le vocabulaire des admonestations et des repentirs à propos du sexisme s’apparente à celui dont on use pour le racisme, il ressortit aux convenances. Dans une société que l’on croit licencieuse et grossière, le féminisme et l’antiracisme ont remis l’élégance morale au goût du jour. Les dérapages sont « déplacés », et rien n’est pire que d’être reconnu « vulgaire ». Peut-être la bienséance s’en trouvera-t-elle renforcée, mais, là encore, on ne nous explique pas en quoi les balourdises de ce cycliste relèvent du sexisme : c’est un goujat, voilà tout.
 

Rihanna trop habillée pour Castaner

 
Quittons le tour de France pour un autre cirque, la politique. En commençant par le barbu de trois jours le plus glamour du gouvernement, Castaner. Il a plaisanté sur le fait d’avoir manqué Rihanna quand Macron l’a reçue, ajoutant, avec la légèreté d’une panzerdivision arrêtée devant Dunkerque : « Finalement, j’aurais été un peu déçu, sa tenue était peut-être un poil trop ample ». Orange s’en est offusqué : « Ce commentaire sur le choix vestimentaire de l’artiste (…) a révolté nombre d’internautes pour son sexisme ». L’un de ces internautes s’est même demandé : « Machiste ou pervers ? La ligne est mince ». Et le pauvre Castaner s’est illico fendu d’un tweet pour faire son « mea culpa », car le sexisme, « Cela n’est ni (sa) culture ni (sa) façon d’être ».
 
Ici le délit de sexisme semblera constitué à certaines : Castaner réduit une ambassadrice humanitaire (si !) à sa seule apparence physique, et Rihanna à ses tenues minimum. Sauf que ce n’est pas Castaner qui se rend coupable de la chose, mais Rihanna elle-même : si cette jeune fille ne se vêtait pas en scène de toutes petites tenues et ne s’y livrait pas à des gestes obscènes, quelle serait sa notoriété ? En le relevant, Castaner se rend coupable de nigauderie, c’est son tempérament, non de sexisme.
 

Entre la reine Schiappa et les cris de chèvre de l’Assemblée

 
Autre manifestation de sexisme déplorée par notre presse bien pensante, le sexisme présumé du journaliste Benoît Rayski, qui a traité notre ministre des femmes, Marlène Schiappa, de « reine des s… ». Ce n’est pas du sexisme, c’est une opinion. Exagérée sans doute : pourquoi reine ? Cette opinion est très grossière en prime. Benoît Rayski est mal élevé, soit. Mais où est le sexisme ? De quoi la presse entière et bien des femmes ont-elles traité ce malheureux Dominique Strauss-Kahn durant des mois ? Les a-t-on accusé pour cela de sexisme ?
 
Ne quittons pas la politique française sans faire un détour par l’assemblée nationale. Une députée de La République en marche, Alice Thourot a été saluée par des « cris de chèvre » quand elle a pris la parole. Cela a provoqué un tollé. Le sexisme avait encore frappé, et la chambre des députés en demeura choquée. Même Jean-Luc Mélenchon, qui fait pourtant profession de provoquer, dénonça cette « misogynie ordinaire » et François de Rugy, le président de l’assemblée nationale tweeta sans désemparer : « Tout mon soutien à Alice Thourot : une telle attitude est inadmissible. Nous cherchons à identifier l’auteur et il sera sanctionné ».
 

Sexisme du bêlement et chèvres en marche

 
Inadmissible. Inacceptable. Sanctions. Les commissaires de la police du sexisme sont sans pitié. Il leur faut mater les mal pensants. Les dissuader à tout jamais de récidiver. Les faire passer sous les fourches caudines. Or, en quoi un bêlement est-il sexiste ? Si ç’avait été un caquètement, encore, on comprendrait, assimiler l’oratrice à une poule peut sembler machiste. Mais chèvre ! L’allusion est évidente à la vague Macron, dans laquelle « même une chèvre » ornée de l’étiquette en marche pouvait être élue. C’est d’ailleurs arrivé. Nous avons vu passer sur la toile une palanquée de grandes nouillasses dont le niveau intellectuel atteint celui d’un oued à sec, il n’y a nul sexisme à le constater. Les chèvres Macron ont envahi l’assemblée nationale, et penser à sanctionner un pauvre député qui bêle montre où en est rendu le totalitarisme niais qui nous gouverne.
 

Anne Hidalgo, duègne, suffragette et dictateur

 
On peut cependant tomber plus bas : on arrive à Anne Hidalgo. Le maire de Paris ne se sent plus penser depuis qu’elle est autorisée à dilapider l’argent public pour les jeux olympiques. C’est la récompense de ses innombrables échecs et bévues. A son autoritarisme et à sa malcomprenance habituels, elle ajoute le besoin d’avoir une cour d’admirateurs. Tous doivent l’entourer et la louer. En juin, elle a ainsi invité au lancement du Grand Paris Express à Clamart ses collègues maires de la région parisienne, quel que soit leur bord politique. Indisposé par la flagornerie de certains, l’un deux, Philippe Pemezec, maire du Plessis-Robinson, aurait lancé à la cantonade une plaisanterie à caractère sexuel, dont la donzelle fait semblant de s’offusquer avec des indignations de duègne et une rhétorique de suffragette nord-américaine.
 

Contre le sexisme, la délation devient méritoire et républicaine

 
Elle n’a même pas entendu la chose, mais on la lui a rapportée, et « incapable de croire qu’un élu de la République puisse tomber si bas », elle a sollicité d’autres témoins afin d’être « absolument certaine de la teneur (des) propos » peccamineux, « d’autant moins acceptables (qu’ils) étaient proférés au cours d’une cérémonie publique ». Tout le sérieux d’une grenouille dictateur qui s’enfle et se travaille éclate dans cette étrange missive, dont l’objet est de dénoncer le plaisantin en rendant « publique cette chronique du sexisme ordinaire ». Bien sûr, notre grande âme accablée de tant de « vulgarité » ne s’est résolue à la délation qu’en « pensant à toutes les femmes qui sont contraintes au silence face à l’inacceptable ». Tant d’emphase pour une plaisanterie grivoise surprend chez une dame qui laisse sa ville à la merci des migrants, et qui n’a rien fait pour empêcher des populations allochtones d’interdire la rue aux femmes dans le quartier de la Chapelle, ce qui est, pour le coup, un comportement réellement et indiscutablement sexiste.
 

Sexisme hostile, sexisme bienveillant et féminisme révolutionnaire

 
Mais il semble que le mot sexisme ne soit employé aujourd’hui que dans une campagne permanente d’intimidation du bon gros mâle français, et dans un dessein ouvertement révolutionnaire. Je me suis reportée par curiosité à l’article sexisme de l’encyclopédie participative Wikipedia, qui a l’épaisseur d’une petite brochure. Aucun des faits mentionnés dans cet article sous l’étiquette sexisme que lui ont donnée les médias dominants n’entrent dans la définition de Wikipedia, qui est la suivante : « Le sexisme est une idéologie se fondant sur l’adhésion à des croyances discriminatoires basées sur le critère du sexe ».
 
En revanche, j’y ai lu des considérations amusantes sur le sexisme bienveillant, plus « néfaste que le sexisme hostile » et qui « résiste aux dispositions législatives ». Les auteurs remarquent que « Le sexisme bienveillant est fréquent à l’égard de la femme enceinte » : hélas, ce n’est pas toujours le cas ! Ils déplorent aussi que l’on doive sauver les femmes et les enfants d’abord dans les catastrophes. Ce regret n’a rien de neuf. Les marins du Titanic et les messieurs du Bazar de la Charité luttaient déjà contre ce genre de « stéréotypes de genre ». Décidément, la canaille féministe est d’une sottise qui lasse même la colère : il faut cependant la dénoncer, car la révolution qu’elle mène ruine la société européenne.
 

Pauline Mille