Le « Sommet des consciences » et la « Réunion des maires » : à Paris et au Vatican, les laïcistes main dans la main avec les religieux contre le réchauffement

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Ces religieux qu’on n’écoute jamais quand ils dénoncent l’avortement ou le divorce, priés de ne s’intéresser qu’au for interne, et encore, sans signes ostentatoires, le monde est prêt à les mettre en avant quand ils parlent comme lui. Mardi, deux événements réunissant des opposants au « réchauffement climatique » – s’il est permis de les appeler ainsi – ont souligné en se renforçant mutuellement cette étrange connivence entre les laïcistes et les religieux, fussent-ils catholiques. Que ce soit à l’occasion du « Sommet des consciences », réunion préparatoire à la COP21 à Paris, à de la « Réunion des maires » à Rome à l’appel du pape François, tous ont parlé d’une même voix. Enseigné une même morale. Pour ce qui est du ton moralisateur, en effet, l’enseignement de l’Eglise ne lui arrive pas à la cheville.
 
Les maires réunis à Rome ont ainsi dû se passer du cardinal Turkson de la commission pontificale Justice et Paix, présent à Paris aux côtés de François Hollande, Ségolène Royal, Laurent Fabius et aussi Laurence Tubiana, la négociatrice française pour le climat, militante féministe. Cette dernière devait aussi faire un discours sur le climat au Vatican : les liaisons aériennes, c’est fait pour ça, et peu importe leur « bilan carbone ». Anne Hidalgo, pendant ce temps, désertait ses collègues du PS français pour assister à la session de Rome, aux côtés de personnalités comme Manuela Carmena de Madrid, oubliant ses préjugés anticatholiques, et bien d’autres.
 

A Paris comme au Vatican, on se bat contre un réchauffement climatique introuvable

 
De part et d’autre des Alpes le ton était le même : le réchauffement climatique existe, il est d’origine humaine, il faut l’arrêter.
 
A Paris, la satisfaction était grande : les 49 pays représentés (y compris la Chine, premier émetteur mondial de CO2 et par ailleurs grand pollueur, et sans la Russie, le 5e), dont une trentaine par des ministres, se sont engagés à faire de la surenchère. Certes, on ne se mettra peut-être pas d’accord en septembre ou en décembre à Paris pour « rester sous les 1,5° » de réchauffement). Un compromis sur 2° paraît cependant positif puisque tout ce beau monde s’est mis d’accord pour revoir systématiquement et régulièrement les objectifs à la hausse : ce qu’ils appellent un « accord pérenne et un mécanisme régulier de réévaluation ».
 
Rabbins, luthériens, représentants des religions animistes, un « guide spirituel de la confrérie soufie », incontournable depuis qu’un maître à penser des derviches tourneurs a fait son entrée comme référence dans Laudato si’, musulmans, confucéens, catholiques du style « Communauté Sant’Egidio » ou le P. Rigobert Minani-Bihuzo, Directeur du réseau des centres sociaux jésuites en Afrique… j’en oublie. L’intervention de Sa Sainteté Bartholomée 1er est évoquée à part sur reinformation.tv.
 

La spiritualité bienvenue au « Sommet des consciences » et à la « réunion des maires »

 
La séance d’ouverture a d’ailleurs donné le ton, avec des réflexions personnelles sur ce que nous appellerons, avec le pape François, la « conscience écologique », ponctuée par un chant bouddhiste. Où l’on voit que ce ne sont pas tant les religions qui posent problème aux laïcistes réchauffistes, mais leurs différences et différends : si tout ce monde-là veut bien se donner la main au mépris de sa prétention à la vérité, de quoi se plaindraient-ils ?
 
Il va de soi que l’« ex »-communiste bulgare directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, était présente, elle aussi. On peut vouloir soustraire les enfants à l’influence culturelle traditionnelle délétère de leurs parents – leitmotiv de l’UNESCO comme de Vincent Peillon – et voir l’avantage qu’il y a à faire définir la lutte contre le réchauffement comme un « impératif moral » par les « grandes religions ».
 
Pendant ce temps, à Rome, le pape en personne venait parler aux maires triés sur le volet, dans la grande et nouvelle Aula du synode. Bill de Blasio, maire de New York, a apprécié sa critique du capitalisme. Anne Hidalgo a plaidé pour l’accueil des plus pauvres dans les grandes capitales. Paris, par exemple ? On sait combien les classes moyennes y sont matraquées, souvent contraintes de fuir dès que les enfants arrivent, de plus en plus laissées pour compte après des années de socialisme. Mais il est vrai que même le pape François ne pense guère aux classes moyennes, ainsi qu’il l’a « naïvement » avoué dans l’avion qui le ramenait de son voyage sud-américain.
 

La laïcité peut s’entendre avec les religieux pour combattre le réchauffement

 
On faisait en effet le lien entre le « réchauffement climatique » et les « nouvelles formes d’esclavage », comme si l’un était à la racine de l’autre. La cupidité humaine suffit pourtant, et on ne sache pas que l’exploitation de l’homme par l’homme soit réservé aux températures tropicales, ni que les migrants africains soient en train de fuir la chaleur.
 
Cela dit, les maires rassemblés à Rome auront appris que la « conscience à propos de la défense de l’environnement implique un travail qui parte des périphéries et procède vers le centre, vers la conscience de l’humanité ». La conscience serait-elle donc le résultat collectif de la pression des marginaux sur ceux qui détiennent l’autorité ? Voilà un bien inquiétant langage.
 
Tout ce monde d’édiles plus ou moins croyants est parti ayant signé un document où ils s’engagent pour leurs villes à produire des changements sur la lancée de Laudato si’. Il déclare notamment : « Le changement climatique d’origine humaine est une réalité scientifique et son contrôle effectif est un impératif moral pour l’humanité. »
 
Ou encore : « Toutes nos traditions culturelles défendent la dignité inhérente et la responsabilité sociale de chaque individu et le bien commun de toute l’humanité », ce qui reste aussi à prouver.
 

Le pape François affirme que le changement climatique d’origine humaine est une « réalité scientifique »

 
Le document, co-signé par François, attend « une redistribution du financement public des dépenses militaires vers des investissements urgents pour le développement durable ». Y croient-ils ? Peu importe, d’autres y croient pour eux, croyants d’une nouvelle religion dont la Terre est le centre et l’horizon. Une nouvelle religion qui accueille toutes les autres, pourvu qu’elles s’y soumettent.
 
On n’oubliera pas le nerf de la nouvelle guerre : « Les pays à revenu élevé devraient aider à financer les coûts d’atténuation du changement climatique dans les pays à faible revenu comme ces premiers ont promis de faire. » Signé par le pape, Anne Hidalgo et quelques autres… La générosité forcée avec les richesses d’autrui a encore de très beaux jours devant lui, réchauffement ou pas.
 
Ce 22 juillet, la fête continue avec une journée de colloque sur « le développement durable dans nos villes », co-organisée par le Vatican et par l’ONU.
 

Anne Dolhein